PARIS - Baroudeuse dans l’âme, enquêtrice opiniâtre, Ghislaine Dupont, tuée samedi avec un de ses confrères de RFI dans le nord du Mali, était une journaliste chevronnée et une spécialiste de l’Afrique depuis plus de 25 ans.
Ghislaine Dupont, 51 ans, tuée en compagnie du technicien de reportage de RFI Claude Verlon, était une "journaliste passionnée par son métier et par le continent africain qu’elle couvrait depuis son entrée à RFI en 1986", écrit dans un communiqué la direction de Radio France International.
Pour son collègue de RFI, Nicolas Champeaux, "Ghislaine c’était une journaliste chevronnée, un chien renifleur qui ne se contentait jamais de l’info."
"Elle voulait toujours creuser, creuser plus et elle partageait cette passion avec nous et nous encourageait toujours à aller plus loin" a témoigné le journaliste sur les ondes de la radio internationale.
Pour Nathalie Amar, journaliste à RFI, "Ghislaine Dupont était l’une des figures du service Afrique de RFI". A la fois reporter, enquêtrice et fine analyste politique, elle était devenue en septembre dernier conseillère éditoriale de la rédaction.
A RFI, elle avait rapidement fait le choix de couvrir l’actualité du continent africain. De Djibouti au conflit Ethiopie-Erythrée, c’est ensuite à la République démocratique du Congo (RDC) qu’elle avait consacré plus de 10 ans de carrière.
"Sa pugnacité et son discours sans complaisance lui avaient valu d’être expulsée de Kinshasa avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2006" rappelle Mme Amar sur les ondes de RFI. "Que ce soit à propos de la Côte d’Ivoire ou du Mali, Ghislaine Dupont a toujours insisté pour donner la parole à toutes les parties".
Dans l’ex-Zaïre, devenu le Congo des Kabila, elle n’avait eu de cesse d’interroger le pouvoir, de dénoncer corruption et tentatives de fraude électorale.
Les auditeurs congolais l’adoraient, l’appelaient parfois "Maman Ghislaine", le pouvoir s’en méfiait, Mobutu lui avait conseillé de ne jamais revenir, le régime de Joseph Kabila l’a expulsée, a raconté une de ses consoeurs.
"Avec les compliments de la police congolaise", lui avait dit, tout sourire, le responsable des Renseignements lui remettant son billet d’avion, en présence du consul de France et d’une journaliste de l’AFP, lui signifiant qu’elle, spécialiste de cette région depuis des années, ne couvrirait pas les scrutins de 2006, premières élections libres organisées en plus de 40 ans dans l’ex-Zaïre.
Surnommée affectueusement Gigi au sein de la rédaction de RFI, Ghislaine Dupont "était un exemple pour beaucoup de ses confrères et suscitait l’admiration au sein de la rédaction. C’était la personne vers qui beaucoup se tournait pour des conseils ou réfléchir ensemble à la couverture de l’actualité", selon Nathalie Amar.
Elle était partie au Nord-Mali fin juillet dernier à l’occasion du premier tour de la présidentielle malienne et avait choisi Kidal, une destination difficile. C’est déjà en compagnie de Claude Verlon, technicien et ami, qu’elle avait effectué cette première mission malienne.
Elle avait aussi couvert le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan.
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