Exécutions extrajudiciaires et disparitions lors des affrontements entre bérets rouges et verts… Le Général Sanogo a refusé d’obtempérer à trois convocations du juge Yaya Karembé d’où le mandat d’amener émis à son encontre
L’auteur principal du coup d’Etat du 22 mars 2012, le Général Amadou Haya Sanogo, doit comparaitre cette semaine devant le juge d’instruction du tribunal de première instance de la Commune III pour être entendu sur les exécutions extrajudiciaires et disparitions perpétrées du 30 avril au 1er mai 2012, lors des affrontements entre bérets rouges et bérets verts. Le chef de l’ex-junte militaire sera aussi entendu sur la mutinerie du 30 septembre dernier au cours et à la suite de laquelle des soldats réputés proches de lui sont suspectés d’avoir commis des actes de représailles sur ceux qui se sont révoltés contre » l’homme fort » du 22 mars 2012. Certains de ces soldats mutins ont été torturés. D’autres sont portés disparus. D’autres encore ont été retrouvés morts. Après trois convocations à lui adressées par la justice et auxquelles il n’a pas donné suite, le juge d’instruction a émis à son encontre jeudi 31 octobre un mandat d’amener qui autorise la force publique à le conduire de force devant la justice.
Une source proche du dossier que nous avons joint a indiqué que le juge d’instruction a évité, tout d’abord, de recourir à la force en agissant avec amabilité à l’égard du Général Sanogo. Il l’ a appelé pour lui demander gentiment de se mettre à la disposition de la justice dans le cadre des enquêtes sur les exécutions et les disparitions de soldats lors des affrontements du 30 avril au 1er mai 2012 entre bérets verts et bérets rouges de la dernière mutinerie du 30 septembre 2013. Une demande à laquelle l’intéressé n’a pas donné suite favorable. Le juge d’instruction Yaya Karembé lui a ensuite délivré une première convocation, puis une deuxième et une troisième. Le Général Sanogo n’a donné suite à aucune de ces convocations. Toute chose qui amena le juge à opter pour une méthode forte, celle du mandat d’amener qui fait obligation à toutes les forces de sécurité de se mettre en état d’alerte pour l’exécution de la décision judiciaire.
Selon l’article 114 du code de procédure pénale, le juge d’instruction peut, selon les cas, décerner le mandat d’amener, de dépôt, ou d’arrêt. Le mandat d’amener est l’ordre donné par le juge à la force publique de conduire immédiatement l’inculpé devant lui.
Le juge d’instruction peut aussi décerner un mandat d’amener contre un témoin récalcitrant, qui a refusé de répondre aux convocations. C’est le cas du Général Amadou Haya Sanogo qui n’est pas encore inculpé. Mais, comme nous l’avons écrit dans notre précédente parution, à en croire des sources proches du dossier, ses chances d’échapper à une inculpation sont minces.
Une source proche du dossier a soutenu que ce mandat d’amener est irrévocable et doit être exécuté. Et d’ajouter qu’il est libellé comme suit : « Le juge d’instruction du tribunal de première instance de la Commune III, vu l’article 114 du code pénal, demande et ordonne à tous agents de la force publique d’amener et conduire à se conformer à la loi le nommé Général Amadou Haya Sanogo…« .
Abdoulaye DIARRA
Le Général Sanogo se présentera mercredi devant le juge Yaya Karembé mais le récusera pour « partialité «
Une source proche du Général Amadou Haya Sanogo nous informe que l’intéressé déférera à la convocation du juge Yaya Karembé, dans l’après-midi du mercredi 6 novembre, mais qu’il le récusera pour » partialité « .
Cette attitude est dictée par deux faits.
Le premier est que le juge Karembé ferait un parti pris flagrant en plaçant systématiquement sous mandat de dépôt tous les compagnons du Général Sanogo, ce qui ne serait pas le cas pour l’autre camp, indique notre source.
Le second fait tiendrait à ce que le juge Karembé est un » beau-père » (le frère cadet du père de l’épouse) du capitaine Amadou Konaré, le principal adversaire du Général Sanogo dans l’affaire de la mutinerie du 30 septembre 2013.
En fait c’est comme si le sort s’acharnait contre le chef de l’ex-junte putschiste du 22 mars 2012. Alors que lui et Konaré tenaient la situation bien en main et étaient liés par une solide complicité, ils avaient usé de leur influence pour confier le dossier du contentieux » bérets verts-bérets rouges » au juge Karembé, muté spécialement de Bougouni pour la circonstance.
Maintenant que les deux vieux amis et complices sont devenus des ennemis, Sanogo estime que Karembé s’aligne derrière son beau-fils.