Le leader des putschistes du 22 mars 2012, Amadou Sanogo, a été convoqué jeudi dernier par le tribunal de la Commune III pour être interrogé sur les assassinats et les disparitions forcées à la suite de la mutinerie du 30 septembre. Reste à attendre la réaction des autorités dont le chef, Ibrahim Boubacar Keïta, doit en très grande partie son élection au capitaine Sanogo.
« La gendarmerie a reçu jeudi de la justice malienne une convocation adressée au général Amadou Sanogo. Selon la procédure, la convocation sera adressée au ministère malien de la Défense qui, à son tour, informera le général Sanogo de la convocation », a indiqué à l’AFP une source à la gendarmerie du camp 1. Il devra se présenter devant le juge d’instruction du tribunal de la commune III Bamako à une date qui doit être décidée par les autorités, notamment le ministre de la Défense déjà saisi. Mais, le dernier mot revient au président de la République qui doit en très grande partie son élection au capitaine Sanogo. « IBK va difficilement livrer Sanogo à la justice. Ce dernier ainsi que ses partisans se sont impliqués physiquement et financièrement dans la campagne présidentielle et ont été d’un apport décisif pour la victoire d’IBK », soutient Birama Fall, directeur de publication du journal le Prétoire. Mais, pour le célèbre journaliste d’investigation malien, Adama Dramé, « Sanogo va difficilement échapper à la justice. IBK n’a pas le choix tant les preuves contre lui sont accablantes ».Donc, les regards sont désormais tournés vers IBK.
En attendant, du côté de la justice, on précise que la convocation du capitaine Sanogo concerne « notamment les morts de la dernière mutinerie contre lui. Des faits assez graves sont reprochés aux proches du général et il est nécessaire qu’on l’écoute ». Son secrétaire particulier, le sous-lieutenant Madou Ouley, ainsi que 15 autres proches sont visés par des mandats
Une source proche du dossier que nous avons joint a indiqué que le juge d’instruction a évité, tout d’abord, de recourir à la force en agissant avec amabilité à l’égard du Général Sanogo. Il l’ a appelé pour lui demander gentiment de se mettre à la disposition de la justice dans le cadre des enquêtes sur les exécutions et les disparitions de soldats lors des affrontements du 30 avril au 1er mai 2012 entre bérets verts et bérets rouges de la dernière mutinerie du 30 septembre 2013. Une demande à laquelle l’intéressé n’a pas donné suite favorable. Le juge d’instruction Yaya Karembé lui a ensuite délivré une première convocation, puis une deuxième et une troisième. Le Général Sanogo n’a donné suite à aucune de ces convocations. Toute chose qui amena le juge à opter pour une méthode forte, celle du mandat d’amener qui fait obligation à toutes les forces de sécurité de se mettre en état d’alerte pour l’exécution de la décision judiciaire.
Selon l’article 114 du code de procédure pénale, le juge d’instruction peut, selon les cas, décerner le mandat d’amener, de dépôt, ou d’arrêt. Le mandat d’amener est l’ordre donné par le juge à la force publique de conduire immédiatement l’inculpé devant lui.
Le 30 septembre dernier, d’anciens compagnons de Sanogo avaient mené une mutinerie à Kati pour réclamer eux aussi des promotions, obligeant l’armée régulière à intervenir pour prendre le contrôle des lieux. Des proches du général Sanogo sont soupçonnés d’avoir réprimé des soldats qui s’étaient alors opposés à lui. Et plusieurs corps de militaires ont été découvert dans la caserne de Kati et ses alentours alors que d’autres ont été portés disparus.
Par A. D.
Justice :
Le capitaine Sanogo dément le mandat de la justice
On a appris jeudi dernier que la justice malienne a délivré 17 mandats d’amener contre des militaires dans le cadre de l’enquête sur les combats entre bérets verts pro-Sanogo et bérets rouges pro-ATT survenus le 30 avril 2012 à Bamako. Le leader des putschistes du 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo est concerné cette procédure lancée par le juge d’instruction Yaya Karembe. Pourtant, dans son entourage, on rejette en bloc l’information que son chargé de communication, le Lieutenant Mohamed Coulibaly qualifie d’ailleurs de « farce ».
Selon de sources concordantes, à la demande du juge d’instruction Yaya Karembé, 17 mandats d’amener ont été émis par la justice malienne à l’encontre de militaires impliqués dans les combats du 30 avril 2012 entre bérets verts favorables à l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo, bombardé général, et les bérets rouges du camp parachutiste de Djicoroni, favorables à l’ancien président Amadou Toumani Touré.
Contacté par nos soins, le chargé de communication du général Sanogo, le Lieutenant Mohamed Coulibaly, dément catégoriquement l’information.
Le Lieutenant Coulibaly a soutenu que « rien n’a été notifié au général Sanogo et qu’on peut aller demander au juge en question à qui il a remis la notification du général ». Pour le chargé de communication du chef de l’ex-junte, « l’information relève d’une farce, un non évènement et que les intentions des auteurs sont connues : balancer ces genres d’informations pour nuire à l’image d’un homme ».
Pourtant du côté du ministère de la Justice, on confirme bel et bien que le mandat a été émis et que la demande a été adressée à la hiérarchie et que c’est à elle de définir les conditions dans lesquelles l’intéressé doit répondre à sa convocation. Notre source ajoute que c’est la hiérarchie qui doit notifier le mandat au général Sanogo et que s’il refuse de répondre, il y aura la contrainte du corps.
Abdoulaye Diakité