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Rencontre MNLA, MAA, HCUA à Ouagadougou: un trio, plusieurs interrogations
Publié le mercredi 6 novembre 2013  |  Le Pays


© aOuaga.com par Séni Dabo
Assassinat de deux journalistes de RFI à kidal : les mouvements armés de l`Azawad se prononce
Lundi 4 novembre 2013. Le Mouvement national de libération de l`Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l`Azawad (MAA) et le Haut conseil de l`unité de l`Azawad (HCUA) ont animé une conférence de presse pour réagir à l`assassinat de deux journalistes de RFI et évoquer leur projet d`union.


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Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) unis pour la même cause. Dans la capitale burkinabè où ils ont scellé leur alliance, leur intention a été on ne peut plus claire : arracher une autonomie des régions de l’Azawad. Un point de revendication qui, s’il n’est pas nouveau, intrigue cette fois par les circonstances dans lesquelles, on a… remis le couvert. De fait, on peut s’interroger sur l’opportunité d’une telle fusion, laquelle intervient seulement quelques jours après la tenue des assises de la décentralisation à Bamako.Faut-il percevoir cette réunion comme une réponse, une réaction aux assises de Bamako ?Qu’est-ce qui n’a pas été suffisamment dit lors de ces assises, au point que ces mouvements touaregs aient jugé nécessaire de remettre sur une table ouagalaise, la question de l’autonomie de l’Azawad ? Et si des points importants n’ont pas été soulignés, où étaient alors ces mouvements touaregs ?A propos de la question cruciale du Nord-Mali, on ne peut pas dire que Bamako n’ait pas récemment fait montre d’une assez bonne ouverture d’esprit ni qu’il n’ait pas manifesté des gages de bonne volonté en direction de cette partie du Mali. Tant et si bien d’ailleurs que des voix s’étaient élevées pour dénoncer la part trop belle faite par Bamako au Nord-Mali. Les mêmes voix avaient d’ailleurs fait remarquer que le besoin de développement ne devait pas se réduire simplement au septentrion malien ; que le Mali dans toutes ses composantes, n’en était pas moins demandeur. En somme, il fallait arrêter de faire une fixation sur le Nord-Mali.
Cela dit, pourquoi ces trois mouvements ont-ils choisi la fin des assises de Bamako, pour remettre sur le tapis cette question cruciale de l’autonomie de l’Azawad ? Pourquoi, à peine les lampions de ces assises éteints, ces trois mouvements ont-ils jugé nécessaire de fusionner pour être plus forts ? Et à quelles fins ? Un trio, plusieurs interrogations.
Faut-il percevoir cette réunion comme une réponse, une réaction aux assises de Bamako ? En tout état de cause, tout cela donne une impression de désordre. La sortie des trois mouvements est loin d’être anodine. Elle pourrait en effet fournir quelques indications à ceux qui pensent qu’au-delà de l’autonomie, ces mouvements touaregs jouent plus que jamais un jeu trouble, dont l’objectif final pourrait être, à terme, la reprise en main totale, du Nord-Mali par ces mouvements touaregs. Au demeurant, quelques unes des déclarations faites lors de leur point de presse, laissent pour le moins songeur. A l’instar de celle du genre : « Notre problème est que les fils du Mali ne comprennent pas notre problème. (…) Nous avons un projet de société ». Il est également question de « noble » combat mené par les « Azawadiens » depuis Mathusalem, des mots pour le moins chargés de non-dits qui appellent bien des interrogations. Cela donne à croire que ces mouvements n’ont pas fait le deuil de leur projet de l’Azawad. Et que,
in fine, il y a lieu de douter de leur sincérité.

L’autonomie qui est pour l’instant dans la ligne de mire de ces mouvements, peut être une étape vers l’indépendance

Cela d’autant que l’on peut observer que dans les acronymes des trois mouvements, il n’a pas été soustrait la fameuse lettre « A » qui renvoie à Azawad. Ce qui peut laisser évidemment supposer que ces mouvements touaregs restent toujours dans leur logique de concrétisation de ce projet tant rêvé : la République de l’Azawad.
Et l’intention des mouvements en question, d’engager des pourparlers avec la communauté internationale ainsi que la CEDEAO, laisse difficilement penser le contraire. Qu’est-ce que ces mouvements touaregs espèrent avoir de la communauté internationale, qui n’a pas été réglé déjà par les accords de Ouagadougou ? En se détournant de Bamako, ces mouvements touaregs espèrent peut-être avoir de la communauté internationale, ce qu’il leur serait impensable d’avoir de Bamako : l’indépendance du Nord-Mali. En tout cas, il y a nécessité pour eux, de clarifier une bonne foi pour toute, leurs intentions.
Mais s’ils tiennent toujours à leur projet d’Azawad, comme certains le laissent supposer, il faut dire que le contexte international les y encourage. L’indépendance du Soudan du Sud, celle du Kosovo, les velléités d’indépendance de l’Ecosse peuvent apparaitre à leurs yeux comme des motifs de persévérance. Reste la question de savoir si, même si l’autonomie leur était accordée, ces mouvements touaregs seraient en mesure d’administrer valablement un territoire. En cela, le récent double assassinat à Kidal des deux journalistes français de RfI, dont ils portent la responsabilité morale, ne saurait parler en leur faveur ni plaider pour une autonomie immédiate de l’Azawad. Quoi qu’on dise, il faut s’attendre à ce que ces mouvements continuent à multiplier les sorties et à s’attirer encore les projecteurs de l’actualité. Ils bénéficient de tellement de sympathies, y compris de la France, qu’il n’est pas exclu qu’ils jouent encore plus « les enfants chouchoutés ». De fait, l’autonomie qui est pour l’instant dans la ligne de mire de ces mouvements, peut être une étape vers l’indépendance. On ne peut empêcher quelqu’un de rêver et de développer des stratégies pour arriver à ses fins. Mais on peut au moins le rappeler à l’ordre et le contraindre à redescendre sur terre. En l’occurrence, cette tâche revient sans conteste à Bamako.

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