Dans une parution récente, le confrère « Jeune Afrique » annonce sur son site Internet que les 3 mouvements rebelles dans le nord du Mali (Mnla, Hcua, Maa) ont décidé de « la création d’une plateforme commune » en vue des futures négociations avec le gouvernement de Bamako. Un non-événement dont le seul but est de se conférer une autre virginité après tant de crimes.
Pour qui connait bien les réalités de ces irrédentistes, il n’y a dans cette alliance absolument rien de nouveau. Car, ces mouvements ont de tous temps collaboré d’une manière ou l’autre. S’il y a une différence, c’est seulement le fait que les deux premiers (Mnla et Hcua) prétendent (indument et illégitimement) agir au nom des Touaregs, pendant que l’autre (le Maa) se dit « arabe ». Mais dès lors qu’ils ont choisi chacun, individuellement ou collectivement, de s’exprimer par la voie des armes, ils deviennent tous des oiseaux de même plumage. Comme le dit l’adage « qui s’assemblent se ressemblent forcément ».
Après le massacre de centaine de prisonniers de l’armée malienne à Aguelhok en 2012, l’assassinat ignoble des journalistes de RFI à Kidal, le 2 novembre dernier et l’émotion suscitée dans le monde par cet autre crime, voilà que ceux qui n’ont eu aucune gêne de s’en prendre à la civilisation humaine aux côtés d’Aqmi, veulent se donner une nouvelle virginité à travers une énième autodissolution recomposition.
Heureusement qu’une bonne partie de l’opinion internationale n’accepte plus de se laisser indéfiniment duper par ces éternels arnaqueurs invétérés. On ne peut se jouer éternellement de tout le monde tout le temps.
L’Etat malien aussi doit s’assumer et assumer entièrement sa responsabilité par rapport à la situation qui prévaut à Kidal.
En effet, malgré l’Accord préliminaire du 18 juin signé à Ouagadougou, qui stipulait clairement l’exigence « du désarmement et du cantonnement de toutes les bandes armées » comme condition sine qanun à des négociations avec le gouvernement, où en sommes-nous aujourd’hui par rapport à cette exigence de la communauté internationale ? Le Comité de suivi et d’évaluation du processus de paix mis en place à ce sujet n’a lui aussi plus sa raison d’être, puis qu’il aura été floué depuis le départ.
L’exception accordée à Kidal, au contraire des autres villes du nord du Mali, du fait l’inconséquente irresponsabilité de la communauté internationale pour n’être pas allée au bout de la logique de l’établissement et du respect de la souveraineté totale du Mali sur l’ensemble de son territoire, est à l’origine de tous les drames auxquels on assiste actuellement. Lorsqu’on est sérieux, on va toujours au bout de la logique dans laquelle on s’est inscrit.
Les derniers événements survenus à Kidal et qui ont malheureusement coûté la vie à nos confrères de RFI dans l’exercice de leur métier, démontrent à suffisance que ceux d’en face ne méritent aucune compassion encore moins un traitement de faveur. Ils n’en sont pas simplement dignes. Car, les mains souillées de sang d’innocentes victimes depuis le déclenchement de cette bêtise humaine imposée au Mali. Comme le signait notre directeur de publication dans son édito d’hier « A quelque chose malheur est bon… ».
A condition naturellement que ce malheur permette l’éveil ou la prise de conscience par rapport à la nature démoniaque de certains des acteurs ayant de tout temps voulu se présenter sous des visages angéliques. La cruauté de l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, 2 journalistes présents à Kidal pour justement donner la parole à toutes les parties concernées par le conflit malien, rappelle cruellement au monde civilisé que « quelle que soit sa façon de s’asseoir, un chien reste un chien ». La barbarie, le banditisme, la criminalité et le terrorisme sont le mode de vie pour lequel ces gens ont opté.
Pour circonscrire le fléau, il est bon d’user certes du dialogue, l’arme des forts, selon Félix Houphouët Boigny, père fondateur de la Côte d’ivoire moderne. Mais s’il s’avère inefficace, alors il sied d’employer le seul langage que ce genre d’individus semble comprendre : la force légitime. Serval et Minusma savent désormais à quoi s’en tenir.
Malheureusement, elles l’apprennent seulement au prix d’un énième crime commis une fois de plus par les mêmes qui étaient ensemble depuis Aguelhok, Tombouctou, Gao, Konna, Diabaly et autres. A toutes les victimes innocentes de cette barbarie haineuse, la communauté internationale à une obligation de rendre justice au nom des libertés fondamentales, de la paix et du devoir de mémoire vis-à-vis des illustres disparus. En la matière, l’impunité est la pire des solutions.