Chaque année, Somilo SA dépense plusieurs centaines de millions dans la protection de l’environnement, afin de garantir la santé des habitants des sites miniers et protéger la faune et la flore
Dans l’imaginaire populaire au Mali, l’or est habité par le diable. Le métal jaune, symbole pourtant de richesse, de pouvoir et de prestige, est l’objet de grandes convoitises. La recherche de l’or est une activité ancestrale, dans le cercle de Kéniéba (Kayes). Cette localité située à environ 300 kilomètres de Bamako, est l’Eldorado des chercheurs d’or vers lequel affluent chaque année des milliers de « conquistadors ».
Depuis plus d’une vingtaine d’années, des sociétés industrielles d’extraction de l’or, rivalisent de prospection et d’achat de permis d’exploitation dans la zone. Aujourd’hui, la plus importante en termes d’investissements, d’équipements et de création d’emplois, est la Société minière de Loulo (Somilo). La société porte le nom d’un hameau de culture devenu au fil des ans une grosse bourgade. L’espace d’exploitation de Somilo englobe 14 villages dont le plus important est Djidjan, situé à un jet de pierre du site, dans la commune rurale de Sitakili.
Somilo a démarré ses activités en 2005. De nos jours, l’entreprise exploite 3 carrières, dont une à ciel ouvert à Gounkoto et 2 souterraines à Gara et Yalea.
Il est notoire que la recherche et l’exploitation aurifère dégradent l’environnement à travers, notamment, l’élimination des déchets, le transport et le traitement du minerai par des substances dangereuses comme le mercure, le cyanure ou le sodium.
La proximité de zones habitées des sites d’exploitation aurifères soulève de nouveaux problèmes environnementaux car les excavations finissent par devenir des décharges urbaines qui polluent les eaux superficielles et souterraines proches de l’exploitation.
Sans oublier que l’extraction par lixiviation utilise des produits chimiques comme le cyanure et le sodium. Les solutions chimiques employées libèrent l’or, mais aussi d’autres métaux lourds comme le cadmium qui contaminent les eaux superficielles et souterraines.
L’extraction de l’or passe par plusieurs étapes. Chacune de ces phases a une conséquence particulière sur l’environnement. Il s’agit de la prospection et de l’exploration des gisements, de la mise en place et de la préparation des mines, de leur exploitation et du traitement du minerai. Les effets nocifs sur la qualité de l’eau et sur la disponibilité des ressources hydriques constituent peut-être l’impact le plus important de l’exploitation minière. Le drainage minier acide (DMA) est aussi une question-clé. Il est considéré comme l’une des menaces les plus graves pour les ressources en eau. Il a des conséquences dévastatrices à long terme sur la vie aquatique, les cours d’eau et les ruisseaux et, bien entendu, les êtres humains.
Pour mieux comprendre ces différentes menaces nous avons souhaité nous rendre sur les sites miniers des sociétés, Semos Sa de Sadiola et Yatela, Endeavour Mining de Tabakoto et Somilo S.A., à Loulo et Gounkoto. Seule, la Somilo S.A. a accepté de nous rencontrer.
Ainsi, du 19 au 25 octobre, nous sommes nous rendus sur les sites d’opération de Somilo, pour apprécier les mesures prises dans le cadre de la prévention des menaces de dégradation de l’environnement.
DE NOMBREUSES PRECAUTIONS. Diakalia Koné est le responsable du département environnement de Somilo à Loulo. En la matière, explique-t-il, la société travaille avec l’outil ISO 14001 pour le système de gestion de l’environnement, certifié en décembre 2012 par l’audit de la National Quality Assurance (NQA). Cette norme établie par l’Organisation internationale de la normalisation (OIN), constitue la référence des organismes pour la mise en place d’un système de management environnemental.
Après une visite des installations techniques (usine de traitement de minerais, circuit d’alimentation électrique, etc.), nous avons mis le cap sur le bassin à boue situé à 8 kilomètres du site minier. Cet espace de 60 hectares est soigneusement aménagé et équipé pour recevoir la boue de cyanure issue de la lixiviation et l’eau de lavage conduite par des tuyaux inoxydables. Diakalia Koné précise que l’emplacement n’a pas été choisi au hasard. Le bassin est installé sur une ardoise rocheuse suffisamment vaste, qui interdit toute infiltration souterraine d’eau usée et renforce ainsi l’action de la membrane géophysique qui couvre le fond du bassin. Le système permet par l’exposition de la boue aux rayons solaires, d’éliminer le cyanure. L’eau qui en est issue, est traitée par un système installé sur le bassin et reconduite dans l’usine pour être réutilisée.
Ce dispositif présente l’avantage de réduire le taux de prélèvement dans le fleuve d’eau destinée à l’usine, donc de préserver les ressources en eau, explique notre interlocuteur. Pour s’assurer de la qualité des ressources en eau autour du bassin, une trentaine de puits-témoins entourent le bassin. Au total, il existe 155 points de prélèvement. Ils sont destinés au prélèvement d’échantillons d’eau pour l’analyse de la qualité dans un laboratoire moderne installé sur le site par la société. Ces échantillons sont ensuite envoyés à des laboratoires spécialisés à l’étranger pour corroborer les premiers résultats. Le laboratoire national des eaux de son côté procède à des analyses périodiques pour s’assurer de la qualité des eaux.
D’autres mesures viennent renforcer la sécurité autour du bassin. Une équipe est ainsi chargée de chasser les oiseaux qui sont les seuls animaux exposés au danger de l’eau cyanurée. Grâce à la clôture en fer barbelé et aux hautes digues de protection, tous les autres animaux sont tenus à distance. Selon Djiré, le responsable de la gestion du bassin, les rares fois où des oiseaux morts ont été découverts, on a procédé à l’incubation du cadavre par la chaux vive qui neutralise le cyanure. Le reste est ensuite enfoui sous le sol pour éviter toute forme de contagion, explique-t-il. Auparavant, les cadavres sont photographiés et il est fait mention du lieu, de la date et de l’heure où ils ont été retrouvés.
Pour éviter tout débordement en cas de fortes pluies qui peuvent élever le niveau de l’eau, un système de vases communicants a été installé pour récupérer le surplus d’eau du bassin principal. Des canaux d’eaux de ruissellement sont également réalisés pour éviter tout drainage de l’eau contenue dans le bassin. Toutes ces mesures concourent à une meilleure sécurisation du dispositif, indique Diakalia Koné.
Quant au phénomène du drainage minier acide (DMA), Mamadi Maré, responsable de la sécurité à Somilo SA., assure qu’il n’y a aucun risque à Loulo. Selon lui, les roches stériles issues des plaques rocheuses ne sont pas suffisamment sulfureuses pour déclencher le processus de DMA. Pour s’en assurer, la société a signé un contrat de recherche avec Adama Tolofoundié, chercheur à l’université du Mali et spécialiste de la question.
En évoquant la pollution extrême de la rivière de la Falémé qui constitue la frontière naturelle entre le Mali et le Sénégal dans cette zone, Maré pointe du doigt l’action des orpailleurs qui sont installés le long du cours d’eau. Il appartient, dit-il, aux structures techniques de l’Etat dont la direction nationale du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN) et le Laboratoire nationale des eaux, d’effectuer ce contrôle.
L’ABSENCE DE LEGISLATION. Par ailleurs, malgré une absence totale de législation sur le contrôle des pollutions atmosphériques et sonores, la société s’efforce de respecter les normes internationales en la matière, indique Mamadi Maré. « Nous essayons de réduire l’impact sonore des machines tant que cela est possible pour ne pas nuire à la santé de nos 4000 employés et à celle des populations environnantes », souligne le chef de la sécurité de la mine. Pour mesurer le dépôt de poussière, des appareils appelés jauge de dépôt de poussière de Bergehoff sont installés sur le site et ses environs.
L’exploitation minière nécessite aussi l’utilisation de produits chimiques avec de très grandes précautions. C’est pourquoi, précise Benoît Diarra, superviseur des produits chimiques à Somilo SA, du lieu de provenance à leur destination finale, les produits sont escortés par des services spécialisés. L’utilisation est strictement contrôlée, assure-t-il. Pour effectuer la préparation de la solution de cyanure, les alentours du bâtiment qui accueille les travaux sont totalement évacués.
Le spécialiste qui procède à l’opération dispose d’équipement spécifiques et d’un manuel de procédure qu’il doit scrupuleusement suivre. La direction et la vitesse du vent sont contrôlées pour éviter toute propagation du produit dans la nature. A ces mesures de protection vient s’ajouter un système de sécurité et de préservation de la santé qui fait de Somilo SA, une entreprise soucieuse de l’environnement, mais aussi de la santé publique.
C’est dans le même souci que l’entreprise a installé dans son camp, une clinique équipée pour répondre aux besoins de diagnostics, d’analyses et de soins des travailleurs et des populations riveraines de la mine. Un autre centre de santé a été construit par la société dans le village de Djidjan qui accueille la plus forte concentration de population à cause de l’activité minière.
La prise en charge et la médication dans ces points de santé sont totalement gratuits, assure Mamadi Maré. Ainsi chaque année, des dizaines de millions de francs sont investis dans l’achat de médicaments. Dans le cadre de la prévention, des séances régulières d’information et de sensibilisation sur les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH Sida, sont organisées sur le site et dans les villages par l’entremise d’animations pédagogiques réalisées en partenariat avec une association locale spécialisée.
Les activités d’assainissement par le ramassage des ordures, la distribution de poubelles au familles et l’organisation des population dans la gestion de leur déchets font partie des activités développées par Somilo SA tout comme les actions de reboisement et de réhabilitation initiées par la société grâce auxquelles le couvert végétal s’est régénéré. La faune et la flore sont préservées avec beaucoup de rigueur.
Sur le site, les bosquets et les espaces verts qui entourent les habitations et les bureaux de la direction de la mine, créent un micro climat qui fait oublier la température torride qui caractérise cette zone aurifère.