La toute nouvelle directrice exécutive d’Onu femme, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, en visite dans notre pays, a pris part, mardi à une rencontre présidée par le ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Mme Sangaré Oumou Ba. C’était à la plateforme de veille des femmes pour des élections sans violence dans les locaux du CNDIF et en présence du représentant d’ONU femme dans notre pays, Joseph Bill Cataria.
La présidente de la plateforme, Mme Traoré Nana Sissako, a remercié la visiteuse de marque d’avoir réservé sa première sortie officielle à notre pays où, malgré des acquis majeurs en matière de promotion et de protection de la femme, des inégalités criardes sont encore à déplorer. La situation s’est compliquée du fait du conflit armé et des pesanteurs qui freinent les Maliennes dans leur accession aux instances de décision.
Selon Mme Traoré Nana Sissako, la pauvreté se féminise, l’analphabétisme aussi. La mortalité maternelle et infantile reste élevée. Le VIH-Sida, le paludisme et les conflits sont aussi des périls auxquels les femmes, surtout celles du Nord du pays, sont exposées. Elle a ajouté que les pesanteurs socioculturelles favorisent la discrimination des femmes et renforcent les stéréotypes qui entravent leur promotion.
Elle a salué la création de la plateforme de veille par le gouvernement avec l’appui technique d’Onu femme. Cette structure constitue, de son point de vue, un temple qui contribue à la recherche de solutions aux maux des femmes. Cet espace d’échange inédit accueillant une moyenne journalière de 350 femmes et jeunes, a permis aux femmes de jouer leur partition en discutant des problèmes de la nation. Mais, fera-t-elle remarquer, les besoins d’accompagnement demeurent pour tous les acteurs du développement.
La directrice exécutive d’ONU femme a aussi écouté les explications données sur la situation des droits des femmes, la violence basée sur le genre, les enjeux et défis de la participation politique des femmes. Un état des lieux a été également fait sur l’autonomisation économique des femmes, leur rôle dans le processus de la paix et dans la cohésion sociale.
La première responsable d’Onu femme a appris également que malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, les Maliennes restent de loin minoritaires parmi les élus et dans les instances de prise de décision. Or, la participation des femmes aux instances politiques de décision est une garantie pour une meilleure prise en compte des problèmes des femmes et de l’ensemble de la population.
Selon Mme Touré Yaba Tamboura, conseiller technique au département de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, les Maliennes sont confrontées à deux sortes d’obstacles vers leur participation accrue à la vie politique. Il s’agit d’entraves d’ordre socioculturel, économique, institutionnel et organisationnel souvent en raison de lois, de pratiques, de stéréotypes sexistes, discriminatoires ainsi que du faible niveau d’éducation des femmes.
Pour mieux intégrer les femmes à la vie politique, Mme Touré Yaba Tamboura a suggéré l’adoption d’une loi imposant un quota de femmes dans les instances politiques et de décisions.
Elle a préconisé également de conditionner le niveau du financement public des partis politiques au nombre de femmes sur les listes électorales et surtout, à leur positionnement en tête de liste ou en position éligible. Il faut aussi, de son point de vue, encourager l’application du principe de la parité intégrale dans les missions d’observation électorale des organisations régionales et internationales et nommer des femmes à la tête de ces missions de haut niveau.
La directrice exécutive d’Onu femme a regretté les violences faites aux femmes et aux enfants lors de la crise qui a secoué notre pays. Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a suggéré à ce propos une lutte constante contre ce phénomène. Pour la paix et la sécurité des femmes, elle a annoncé la mise en œuvre d’un programme qui prendra en charge les femmes victimes du conflit. A cet effet, elle a proposé l’élaboration d’un rapport sur les faits lors de la crise.
En ce qui concerne la violence économique qui frappe les Maliennes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a demandé aux femmes de travailler main dans la main. Elle a annoncé, à cet effet, que la Banque mondiale adoptera bientôt un programme qui financera l’autonomisation des femmes. Pour leur émergence politique, elle a exhorté le gouvernement à pratiquer la discrimination positive en expliquant à ses interlocutrices que rien ne s’obtient sans un combat acharné.
Au nom du gouvernement, le ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a remercié Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka pour les différents programmes conduit par son organisation en faveur du renforcement de la démocratie dans notre pays.