Notre pays et la communauté des bailleurs ont évalué ensemble l’état de la mise en œuvre des engagements réciproques pris en mai dernier. Les observateurs sont unanimes dans leur constat : le Mali n’a jamais autant bénéficié du soutien politique et économique de la communauté internationale et des partenaires au développement. De la rencontre de haut niveau sur le suivi de la situation politico-sécuritaire de notre pays à la réunion internationale de suivi de la conférence des donateurs de Bruxelles qui s’est tenue hier en passant par la rencontre historique du 5 novembre sur la mise en place de la stratégie intégrée pour le Sahel des Nations unies, l’actualité de la semaine qui s’achève a montré que notre pays ne pouvait pas souhaiter un accompagnement de plus belle qualité.
Si la première et la troisième rencontres ont témoigné à suffisance du soutien politique sans précédent des plus hauts représentants de l’Organisation des Nations Unies, de l’Union africaine, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de l’Union européenne, de l’Organisation de Coopération Islamique et des chefs des organismes internationaux, régionaux et sous-régionaux, le rendez-vous d’hier mettait avant tout l’accent sur l’appui attendu par notre pays pour sa reconstruction et pour la relance de son économie. Il s’agissait en effet d’évaluer l’état de la mise en œuvre des engagements réciproques pris lors de la Conférence des partenaires et amis du Mali tenue à Bruxelles le 15 mai dernier. Notre pays et ses partenaires échangeront également sur le dispositif de suivi de la mise en œuvre du Plan pour la relance durable du Mali (PRED), mais aussi et surtout sur les dispositifs à mettre en place
pour rendre les aides plus efficaces.
Cette rencontre de la communauté des bailleurs qui s’est ouverte hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB), était coprésidée par le Directeur adjoint de la Coopération et du développement de l’Union européenne, Marcus Cornaro et l’ambassadeur chargé des Questions économiques, de reconstruction et de développement de la France, Pierre Duquesne. C’était en présence de notre ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, du chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), Albert Gérald Koenders, du chef de la Mission Internationale de soutien au Mali (Misma), Pierre Buyoya, de plusieurs membres du gouvernement, de hauts représentants des organismes et institutions de financement internationales, africaines et sous-régionales.
UNE NOUVELLE PERIODE D’ESPOIR. On ne cessera de le dire, la Conférence des amis du Mali à Bruxelles organisée par la France et l’Union européenne a été déterminante dans la mobilisation des décideurs internationaux et de la communauté des bailleurs de fonds en faveur de l’appui à donner à notre pays pour une sortie définitive de crise et pour une amorce de développement socioéconomique inclusif. Cette rencontre des amis du Mali avait eu le mérite de mobiliser plus de 108 délégations à travers le monde autour d’un thème éloquent « Ensemble pour le renouveau du Mali ». Notre pays avait présenté à ses interlocuteurs un Plan pour la relance durable (PRED), couvrant le biennum 2013 et 2014 et établissant douze priorités en matière d’urgence et de développement de notre pays. Il s’agissait entre autres de la mise en place d’institutions fortes et crédibles, de la restauration de la sécurité des personnes et des
biens, de la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale, de la reconstruction de zones affectés par la crise, de la construction d’une économie émergente, de la mise en œuvre d’une politique active de développement.
Sur la base des priorités identifiées par le PRED, la conférence de Bruxelles avait permis de recueillir près 3,3 milliards d’euros de promesses d’aide provenant de 56 bailleurs bilatéraux et multilatéraux. Elle avait aussi dégagé des pistes d’actions décisives en matière de gouvernance, de décentralisation, de gestion des finances publiques et de relance économique. Près de six mois après, il était utile de faire le bilan des engagements pris lors cette rencontre.
Le Directeur adjoint de la Coopération et du développement de l’Union européenne a rappelé toute l’importance de la rencontre de Bruxelles. Celle-ci, selon lui, marquait le début d’une nouvelle période d’espoir pour le Mali qui venait de vivre une des périodes les plus difficile de son histoire. « Tous ensemble, nous avions choisi d’envoyer un message fort au peuple malien, a déclaré Marcus Cornaro qui a souligné que la communauté internationale n’avait pas été la seule à s’engager. Les autorités maliennes ont aussi pris l’engagement solennel de mettre en œuvre les réformes nécessaires à la stabilisation et au développement du pays. Le point doit donc être aussi fait sur la mise en œuvre de cet engagement.
Pour ce qui concerne la Commission européenne, indiquera Marcus Cornaro, le quart de ses promesses a été tenu. « Sur 523 millions euros annoncés à Bruxelles, 304 millions d’euros ont été engagés et près de 125 millions ont été décaissés en 2013, notamment à travers notre contrat d’appui budgétaire et notre soutien au processus électoral. De nouveaux projets seront adoptés d’ici la fin de l’année, conformément aux priorités définies dans le PRED. Il s’agit d’un projet d’appui à la réforme de la justice (12 millions d’euros), d’un programme de prévention des conflits (5 millions d’euros), de la reprise très prochaine des travaux de construction de la route Niono - Tombouctou », a indiqué le Directeur adjoint en annonçant que le 11ème Fonds européen de développement (FED) qui couvrira la période 2014-2020 octroiera une enveloppe de 615 millions d’euros à notre pays pour les chantiers de la réforme de
l’Etat, de la sécurité, de l’éducation et de la construction de la route Gao-Bourem-Kidal jusqu’à la frontière algérienne.
UN SIGNE D’ESPOIR. Par son poids financier (elle contribue pour environ un tiers du budget national), la communauté des partenaires joue un rôle prépondérant dans la sortie de crise. Aussi était-il réconfortant d’entendre l’ambassadeur chargé des Questions économiques, de reconstruction et de développement de la France, Pierre Duquesne, saluer les avancées enregistrées par notre pays pour la relance de la croissance. « Plusieurs éléments permettent d’être optimiste pour l’avenir, a-t-il relevé. Le bon déroulement des dernières élections présidentielles, le bilan globalement positif et encourageant de la dernière mission du FMI, le succès des Etats généraux de la décentralisation, la détermination des Maliens telle qu’elle ressort de la présentation que nous venons d’entendre du président, ainsi que les priorités politiques et les réformes envisagées par le gouvernement laissent espérer un avenir meilleur pour
les Maliens. Mieux, la présence constante des partenaires au développement constitue elle aussi, un signe d’espoir ».
Tout en rappelant la menace terroriste qui demeure une préoccupation, Pierre Duquesne indiquera que notre pays doit avancer sur plusieurs chantiers. « Le Mali n’est pas seul, il peut compter sur la France et la communauté internationale aussi bien dans la lutte contre l’insécurité que pour la relance du développement », a-t-il assuré en invitant la communauté des bailleurs à concrétiser ses promesses envers notre pays.
Dans son discours d’ouverture, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed a remercié la communauté des bailleurs pour sa remarquable contribution aux efforts de sortie de crise de notre pays et son intérêt pour la relance du développement de notre pays. Il rappellera les actions entreprises par le Mali dans le cadre de l’établissement d’un dialogue inclusif dans les limites du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale à travers la tenue des Etats de la décentralisation et les Assises sur le Nord.
Rappelant les grandes axes du PRED, le chef de la diplomatie malienne soulignera l’importance du chantier engagé par les nouvelles autorités du pays, chantier qui intègre la mise en place d’institution fortes et crédibles, la restauration de la sécurité, la relance de l’économique et la mise en œuvre active et urgente de politique de développement durable. Zahabi Ould Sidi Mohamed a invité la communauté des bailleurs fortement représentée à cette rencontre de haut niveau à accompagner notre pays pour l’aider à reprendre rapidement le chemin de la croissance.