La situation sécuritaire dans la Région de Kidal reste très préoccupante. Elle s’est même dégradée ces dernières semaines. Le 23 octobre, trois soldats tchadiens étaient tués dans une attaque-suicide à la voiture piégée contre un poste de contrôle de la Minusma à Tessalit. Le 2 novembre, deux de nos confrères de Radio France internationale, Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient enlevés en plein centre de Kidal puis sauvagement assassinés à quelques kilomètres de la ville. Au moment où on est toujours sous le choc de ce crime odieux, les bandits armés ont voulu marquer une nouvelle action d’éclat. Vendredi, ils ont affronté une patrouille de l’armée nationale dans le cercle de Ménaka. Mal leur en a pris. Dans les échanges de tirs avec les militaires, trois d’entre eux ont été tués et quatre autres blessés, selon un bilan provisoire fournis vendredi soir par le ministère de la Défense et des Anciens combattants.
L’incident s’est produit à Egazargane, localité située à 140 km de Ménaka dans la commune rurale de Inekar. Dans un communiqué, le ministre de la Défense et des Anciens combattants a informé « que dans la matinée du vendredi 8 novembre 2013, une patrouille des Forces armées maliennes a été prise à partie par des bandits armés à Egazargane, localité située à 140 km de Ménaka ».
Le département annonçait un bilan provisoire de trois morts et quatre blessés, un véhicule, deux motos, des armements, des munitions et du matériel de communication saisis du côté des assaillants. Le communiqué faisait état d’un blessé léger « côté ami ».
La patrouille avait pour mission de sécuriser le marché hebdomadaire d’Egazargane après plusieurs actes de banditisme dans le secteur. En effet, depuis un certain temps des bandits empêchaient les populations de vaquer normalement à leurs activités. Et comme dans d’autres zones du nord, ils écument les localités reculées pour dépouiller les populations de leurs biens. Leurs cibles privilégiées sont les pauvres forains. Ils étaient justement présents dans la localité d’Agazragane ce vendredi parce que c’est le jour de la foire hebdomadaire de ce village situé à 35 km du chef-lieu de la commune rurale d’Inekar.
C’est donc pour mettre fin à cette insécurité ambiante que les forces armées et de sécurité ont multiplié les patrouilles, souvent avec leurs frères d’armes de la Minusma et de la force Serval. C’était le cas, vendredi dernier. Selon des sources militaires locales, une patrouille conjointe -Armée malienne, Minusma et Serval- est tombée sur des hommes armés à bord de trois véhicules. Après avoir intercepté les deux premiers véhicules, la patrouille sera prise à partie par les occupants du troisième véhicule. C’est au cours de ces échanges que les bandits armés ont perdu trois des leurs.
Par ailleurs, les groupes armés, MNLA, HCUA, MAA, ont décidé vendredi de libérer les locaux du gouvernorat de Kidal, selon une déclaration rendue publique le même jour suite à leur rencontre avec des délégations des Nations unies, de l’Union africaine, de la CEDEAO et de l’Union européenne à Ouagadougou.
« A l’initiative du Représentant spécial des Nations unies au Mali et chef de la Minusma, une délégation restreinte du Comité de suivi et d’évaluation de l’Accord préliminaire de Ouagadougou a rencontré la coordination politique du MNLA, du HCUA et du MAA, à Ouagadougou le 8 novembre 2013 », indique le texte en expliquant que « lors de la réunion à Ouagadougou, le MNLA, le HCUA et le MAA ainsi que leurs interlocuteurs ont « passé en revue la mise en application de l’Accord de Ouagadougou et relevé certains obstacles au lancement effectif des pourparlers de paix ».
« Dans un élan de compromis et pour avancer dans la mise en oeuvre rapide de l’Accord préliminaire de Ouagadougou et en particulier vers la deuxième phase de l’Accord devant aboutir à un Accord global de paix, le MNLA, le HCUA et le MAA ont décidé de quitter le gouvernorat et la radio à Kidal au plus tard le 14 novembre en présence de la communauté internationale représentée par la Commission technique mixte de sécurité », peut-on lire dans leur déclaration.
L’occupation des locaux du gouvernorat de Kidal et de la station régionale de l’Office de radiotélévision du Mali (ORTM) a été dénoncée ces derniers temps par plusieurs personnalités maliennes et étrangères. Elle est considérée par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita comme une des situations insupportables à Kidal. La semaine dernière encore, lors de la première réunion ministérielle pour l’établissement d’une plate-forme de coordination de la Stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel, devant le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le chef de l’Etat avait réitéré son refus face à la situation de Kidal.
Déjà lors de sa 6è réunion le 2 novembre à Bamako, le Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, avait demandé aux groupes armés notamment le MNLA « d’évacuer immédiatement et sans condition les bâtiments publics de Kidal ».
Dans une recommandation spéciale sur cette question, les participants à la réunion avaient exprimé « leur profonde préoccupation face à la situation qui prévaut à Kidal, où l’autorité de l’Etat n’est pas encore pleinement restaurée ». Ils notaient que cette situation donne aux groupes terroristes l’opportunité de poursuivre leurs actes criminels et que l’exécution des deux journalistes français le confirme.
Tout en exigeant des groupes armés notamment du MNLA qu’ils évacuent immédiatement et sans préalable les bâtiments publics à Kidal, la réunion demandait qu’ils « fassent preuve de constance et de sérieux dans leur engagement en faveur de l’Accord préliminaire de Ouagadougou ».