BAMAKO - Une Chinoise naturalisée malienne, Yu Hong Wei dite Astan Coulibaly, est candidate aux élections législatives du 24 novembre au Mali, a appris l’AFP lundi auprès de son entourage.
De mémoire de Maliens, elle est la première personne originaire d’Asie et non métissée à participer à un scrutin au Mali.
Mme Coulibaly est en lice avec six autres candidats pour une alliance de trois partis dans la circonscription électorale de Ségou (plus de 230 km au nord de Bamako), selon la liste définitive des candidats aux législatives publiée le 31 octobre par la Cour constitutionnelle.
Cette alliance regroupant le Mouvement pour un destin commun (Modec), la Convergence d’action pour le peuple (CAP) et le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’intégration (Sadi), a baptisé sa liste "Ségou Kanou" ("L’amour de Ségou" en langue nationale bambara).
Mme Coulibaly elle-même n’avait pu être jointe lundi par l’AFP pour des commentaires sur sa candidature. Elle était en campagne "en brousse" selon Amadou Thiam, un des candidats de "Ségou Kanou".
Certains de ses alliés politiques la saluent cependant comme un exemple d’intégration et la considèrent qu’elle est pour eux un atout.
"Nous pensons que c’est un atout pour nous. Elle est indépendante au départ mais elle s’est associée au Modec pour pouvoir être sur la liste", a affirmé à l’AFP Amadou Thiam.
Mme Coulibaly, dont l’âge exact n’est pas connu, est pharmacienne, mariée à un Malien avec lequel elle a deux enfants. Elle vit depuis près de 30 ans à Ségou, d’après M. Thiam.
"Elle n’est pas de notre parti, mais nous trouvons cela (la candidature de Mme Coulibaly) formidable!", a de son côté dit à l’AFP Nouhoum Keïta, un responsable du parti Sadi à Bamako.
"Nous sommes un pays très ouvert, qui a des valeurs. (...) Au moment où d’autres Nations chassent les étrangers, nous, au Mali nous saluons un exemple d’intégration réussie. Il faut que les peuples soient ensemble. Nous ne connaissons qu’une seule race: la race humaine", a ajouté M. Keïta.
Au total, selon une source au ministère malien de l’Administration territoriale (Intérieur), 1.087 candidats sont en compétition pour les législatives du 24 novembre, qui permettront de renouveler les 147 sièges de députés de l’Assemblée nationale.
Parmi les candidats en lice, figure le fils de l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta. Il se présente dans une commune de Bamako sur une liste du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti de son père, allié à la Convergence pour le développement du Mali (Codem).
On y compte également des candidats battus à la présidentielle de juillet-août dont l’ancien ministre des Finances Soumaïla Cissé, qui se présente à Niafunké (région de Tombouctou, nord-ouest).
Autres candidatures remarquées : celles de chefs de groupes rebelles touareg comme Ahmada Ag Bibi et Mohamed Ag Intalla, qui figuraient parmi une trentaine de personnes contre lesquelles Bamako avait lancé en février 2013 des mandats d’arrêt pour avoir pris les armes début 2012 dans le nord du Mali.
Les mandats visant Ahmada Ag Bibi, Mohamed Ag Intalla et deux autres responsables rebelles touareg ont été levés en juin, selon le ministre malien de la Justice "au nom de la réconciliation nationale".
M. Ag Bibi est candidat pour Abeibara (région de Kidal, extrême nord-est) et M. Ag Intalla pour Tin-Essako (région de Kidal), tous deux pour le compte du RPM.
Le déclenchement, en janvier 2012, d’une offensive rebelle touareg contre l’armée malienne dans le Nord avait entraîné un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012 à Bamako. Le putsch a précipité la chute du Nord aux mains divers
groupes armés ensuite dominés sur le terrain par des jihadistes liés à Al-Qaïda.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire franco-africaine déclenchée en janvier et toujours en cours.