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L’histoire donne raison à votre journal : AQMI revendique le meurtre des 2 journalistes français
Publié le mardi 12 novembre 2013  |  Le Procès Verbal


© AFP
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux envoyés spéciaux de RFI tués près de Kidal


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Loin des spéculations et fidèle à ses habitudes de vérité, Procès-Verbal, dans sa dernière livraison du lundi 4 novembre 2013, révélait comment, suite au détournement de sa rançon par Iyad Ag Ghali, AQMI s’était vengée sur la personne de nos confrères français de RFI. Dans la soirée du mercredi 6 novembre, AQMI a revendiqué le double meurtre, tout en mentant sur les motifs de son action. A la demande de nombreux lecteurs qui n’ont pu acheter notre livraison du 4 novembre, nous reproduisons ci-dessous l’article publié. Puis nous expliquons, en encadré, pourquoi la motivation officiellement avancée par AQMI est mensongère.
Samedi 2 novembre 2013, deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sont enlevés, vers 13 h à Kidal, devant le domicile d’Ambery Ag Rhissa, un dignitaire du MNLA qu’ils venaient interviewer dans le cadre d’une émission prévue pour être diffusée les 6 et 7 novembre 2013. Quelques minutes à peine après l’enlèvement, les deux journalistes sont exécutés par leurs ravisseurs à 15 km de Kidal. Les sources officielles parlent d’exécution par balles; d’autres sources affirment que les journalistes sont morts égorgés. Pourquoi ce crime ?
Qui en est l’auteur ?


Mardi 29 octobre 2013, mille jours après leur enlèvement à Arlit, au Niger, les otages français Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand recouvrent la liberté. C’est le soulagement tant à l’Elysée, qui annonce la nouvelle, que dans les familles des otages qui n’avaient cessé de multiplier les manifestations. Ce qu’on ne dit pas à l’opinion, c’est que la libération des otages résulte d’une négociation fort délicate. Au début, la France avait cru pouvoir s’appuyer sur le MNLA (mouvement indépendantiste touareg) pour localiser et récupérer de force ses compatriotes enlevés le 15 septembre 2010.Neuf mois après le lancement de l’Opération Serval au Mali, la France déchante: le MNLA ne sait pas où se trouvent les otages. Les spécialistes français n’ont plus le choix: il faut entrer en contact avec le diable, c’est-à-dire Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Le chef d’AQMI, Abdelmalek Droukdel, étant hors de portée, il faut passer par un intermédiaire. Or il n’existe pas de meilleur intermédiaire qu’Iyad Ag Ghali, patron du mouvement jihadiste malien Ansar Dine. Le même dont l’ancien président malien, ATT, a souvent loué les services pour libérer les otages européens. Problème: depuis sa défaite militaire à Konna, en janvier 2013, Iyad, dont la rumeur annonce parfois la mort, ne décolère pas contre la France.


Un négociateur nommé Iyad Ag Ghali

Lorsque la France lui dépêche des émissaires, Iyad conditionne son intermédiation à une exigence: qu’on le laisse libre de ses mouvements dans tout le territoire allant de Kidal à la frontière algérienne. Paris acquiesce. Iyad teste la bonne foi française en multipliant les va-et-vient au grand nord du Mali, à la tête de colonnes de 4X4 lourdement armés. Ni la force Serval, ni ses supplétifs tchadiens, ni la MINUSMA ne réagissent. Mieux, Iyad tient, sans se cacher, un conclave avec le MNLA à Infara, une localité proche de la frontière algérienne, pour accorder ses violons avec le mouvement indépendantiste dans le cadre des négociations envisagées avec l’Etat malien. Pour faire bonne mesure, Iyad entame le recyclage de ses combattants, pour la plupart recherchés, dans les rangs du MNLA. Nombre d’entre eux se fondent dans les unités du MNLA et dans la population civile de Kidal. Malgré les protestations des populations locales et des officiels maliens, la France ferme les yeux; elle veut coûte que coûte récupérer ses otages dont l’un, Philippe Verdon, a déjà été exécuté par AQMI.


Après avoir fait durer le suspense, tranquillement répositionné ses hommes dans l’espace désertique malien et rouvert des canaux de discussion avec le MNLA, Iyad Ag Ghali entame enfin les précieuses négociations sur la libération des otages français. Il obtient le principe de leur libération contre le versement d’une rançon de 20 millions d’euros, soit environ 13 milliards de FCFA.La somme n’a rien de colossal en matière de rançon; AQMI ne l’aurait peut-être pas acceptée si elle ne se trouvait pas acculée dans ses derniers retranchements depuis janvier 2013. Or elle a besoin d’argent frais pour payer la solde de ses combattants, entretenir ses équipements ainsi que ses réseaux d’armes, de drogue et de renseignements. Bien entendu, comme au bon vieux temps du président ATT, la rançon, qui sort tout droit des caisses de la firme nucléaire française Areva, est remise en mains propres à Iyad.

La trahison d’Iyad

Iyad estime possible de rouler, pour la première fois, sa grande partenaire d’AQMI. Compte tenu de la confiance aveugle que lui cette voue AQMI, il obtient qu’elle lui confie les otages moyennant la promesse de ramener la rançon convenue. Il n’en fait rien: il remet les otages à la France et garde les milliards par-devers lui. Le calcul d’Iyad est simple: avec 13 milliards, il a désormais de quoi survivre pendant un bon bout de temps. Quant à une éventuelle vengeance d’AQMI contre lui, il l’estime irréalisable: lui-même dispose d’une puissante garde prétorienne et d’une relative liberté de mouvement alors qu’AQMI, traquée par les forces internationales, se cherche dans les collines algériennes. Iyad, loin de se laisser approcher par AQMI, se propose, au contraire, d’aider la France à détruire ce groupe terroriste. En clair, le rusé compère effectue un revirement d’alliance: ayant utilisé AQMI pour envahir et occuper le nord malien en 2012, il s’allie à présent à la France pour liquider le groupe terroriste. Mais Iyad se trompe lourdement: AQMI, qui a plus d’un tour dans son sac, décide de se venger, non pas directement sur lui, mais sur de malheureux journalistes français. Ce faisant, AQMI fait passer le message qu’elle a été trahie et, dans la foulée, détruit les amourettes nouées entre Iyad Ag Ghali et les Français.Sa décision prise, AQMI fait surveiller les mouvements des civils français dans le nord du Mali. Elle apprend que RFI dépêche à Kidal deux de ses journalistes chevronnés.



La vengeance d’AQMI

La tâche d’AQMI est facilitée par trois imprudences des journalistes français:
- d’abord, ils se rendent à Kidal sans avertir le gouvernement malien, de crainte que le voyage ne leur soit déconseillé;


- ensuite, ils se font transporter à Kidal par un avion de la MINUSMA, sans le concours de la Force Serval, plus puissante;


- enfin, ils ne sollicitent aucune garde rapprochée dans une ville pourtant déclarée « zone rouge » par le Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires Etrangères.


Il y a lieu de s’interroger sur la complicité entre AQMI et Amberry Ag Rhissa, que les journalistes viennent interviewer à Kidal. Au-delà d’Ag Rhissa, il y a lieu de s’interroger sur l’implication du MNLA dans l’enlèvement des journalistes. En effet, le MNLA a besoin de maintenir la pression sur la France pour qu’elle continue à tenir Kidal hors de portée des forces maliennes et qu’elle oblige le gouvernement malien à signer un accord favorable aux séparatistes touaregs.Des observateurs soupçonnent le MNLA d’avoir passé un pacte avec AQMI pour l’enlèvement des journalistes. Cet accord n’aura pas été respecté par AQMI qui, au lieu d’utiliser les otages comme moyen de chantage sur la France, a tout bonnement décidé de les exécuter. Du coup, le MNLA, qui croyait duper AQMI, s’est fait duper par plus malin que lui…
La thèse de la vengeance pure et simple d’AQMI est confortée par les constats suivants:
- le président Hollande a affirmé qu’aucun ordre n’avait été donné à Serval de libérer de force les otages;


- les otages ont été froidement exécutés alors qu’AQMI aurait pu en demander une rançon;
- les ravisseurs d’AQMI n’ont pas été rattrapés par Serval qui, dans l’hypothèse d’une poursuite, dispose pourtant des moyens de neutraliser une colonne de véhicules.

Erreurs militaires

Il semble que depuis sa victoire-éclair sur les jihadistes en janvier 2013, Serval dorme sur ses lauriers. Certes, le président Hollande a différé la diminution du nombre de soldats qui, au lieu des 1.000 prévus, culmine encore aujourd’hui à plus de 3.000 au nord du Mali. Mais leur inertie suscite des interrogations légitimes. Comment des terroristes ont-ils pu s’infiltrer à Kidal sans que Serval s’en rende compte ? Comment ont-ils pu enlever des journalistes en pleine ville au nez et à la barbe de Serval ? Comment les ravisseurs ont-ils pu s’échapper de Kidal dont les issues sont, en principe, contrôlées par Serval? Comment les journalistes ont-ils pu venir jusqu’à Kidal sans bénéficier d’aucune escorte de Serval? Pourquoi, après le rapt, les ravisseurs ont-ils pu quitter Kidal? Ces troublantes questions trouveront sans doute réponse à la suite de l’enquête ouverte par le parquet de Paris et des travaux de la commission d’enquête parlementaire française qui ne manquera pas de voir bientôt le jour.


En attendant, la tragique mort de nos regrettés confrères français aura au moins le mérite d’ouvrir bien grands les yeux à la naïve France. Elle saura désormais ce que vaut la parole d’un terroriste; elle apprendra surtout que le MNLA et les jihadistes sont comme blanc bonnet et bonnet blanc. Le Mali pourra alors compter sur un engagement français plus implacable dans la lutte contre les rebelles, de quelque bord qu’ils soient.

Par Tiékorobani

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