BAMAKO - Une panne électrique privait vendredi soir d'électricité toute la ville de Tombouctou (nord du Mali), contrôlée par des groupes islamistes, alors que des perturbations sont notées dans la distribution d'eau, a-t-on appris auprès de la société nationale d'électricité et de témoins.
"Toute la ville de Tombouctou est plongée dans le noir. Pas dans une seule rue, il n'y a de l'électricité. Les quatre groupes (électrogènes) sont en panne", a déclaré à l'AFP un agent d'Energie du Mali (EDM).
Trois des quatre groupes électrogènes sont vraiment dégradés et le quatrième s'éteint dès qu'il commence à chauffer, a-t-il expliqué.
Il a précise que la dotation en gasoil n'était pas en cause parce que "plus de 80.000 litres" sont disponibles pour l'approvisionnement de la ville.
Les islamistes, maîtres de Tombouctou, ainsi que des organisations
humanitaires ont offert ces derniers jours un important stock de carburant
pour faire face aux coupures de courant, avaient indiqué jeudi des
responsables d'EDM et des témoins.
Cette panne électrique survient alors que, selon un habitant, "l'eau du
robinet coule lentement" dans la ville qui connaît depuis plusieurs jours de
fortes perturbations dans la distribution de l'eau.
Les groupes islamistes, Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), le Mouvement
pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao) et Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi), ont chassé de Gao et de Tombouctou, deux des
principales villes du nord du Mali, les rebelles touareg du Mouvement national
de libération de l'Azawad (MNLA), leur ex-allié sécessionniste et laïc.
Ansar Dine a détruit entre le 30 juin et le 2 juillet sept des seize
mausolées de saints musulmans vénérés et une porte inviolable d'une des trois
mosquées historiques de Tombouctou, ville mythique, qui étaient classés par
l'Unesco sur la liste du patrimoine historique en péril, suscitant une vague
de condamnations au Mali et à l'étranger.
Un putsch de militaires perpétré le 22 mars a accéléré la partition du Mali
et les autorités de transition à Bamako, mises en place après le retrait des
putschistes du pouvoir, sont totalement incapables de mettre fin à l'emprise
des islamistes sur le nord du pays.