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Cri de cœur d’un fils de Tombouctou : Il faut que cessent les infamies et que soit mis un terme définitif aux crimes odieux perpétrés dans le septentrion malien.
Publié le lundi 9 juillet 2012   |  Le Prétoire




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Natif de Tombouctou, d’une famille de pieux musulmans, élevé dans un système où le mystique, le mythique, l’humanisme se côtoient, voire s’entremêlent, le devoir de mémoire, les vertus de sagesse et de pédagogie qui m’ont été très tôt enseignées, me poussent à lancer un cri de cœur, un cri d’alarme face aux profanations, à la démolition de sites pittoresques, à la dégradation de paysage culturel…

Force est de dénoncer rigoureusement le paroxysme de barbarie atteint par la crise sécuritaire qui prévaut, sur fond d’actes de vandalisme inexcusables à l’endroit des monuments historiques, de divers biens matériels et immatériels d’une valeur inestimable.
La destruction irraisonnée d’éléments importants de l’héritage culturel du Mali, pour ne pas dire de l’humanité toute entière dans sa globalité, commise par des factions de fanatiques non représentatives des aspirations démocratiques du peuple malien, cause chez l’ensemble des populations un tel accablement qu’il est difficile de relater la profonde affliction que cela occasionne sur les personnes physiques et morales qui ont à cœur l’enracinement du Mali dans ses vraies valeurs socio culturelles, transmises de génération en génération au fil des siècles et son rayonnement de portée universelle. Il ne revient à l’esprit de personne de douter que le peuple malien, dans sa riche diversité culturelle, se serait volontiers passé des troubles auxquels il fait face aujourd’hui. La crise actuelle ne peut que trouver un dénouement pacifique et démocratique dans les plus brefs délais, dans l’intérêt commun et pour le plus grand bien de tous. Il faut, pour ce faire que cessent les infamies et que soit mis un terme définitif aux crimes odieux perpétrés, çà et là, dans le septentrion malien.

Faut-il rappeler, en tout état de cause et à toutes fins utiles, que la cité de Tombouctou qui a imposé jusqu’ici le respect et la fascination, a été fondée au XI è siècle et qu’elle vit depuis le 1er avril 2012 sous occupation de bandes armées qui, dans leur dessein macabre de perversion de l`âme de la vénérable cité, y procèdent à la destruction de ses sépultures, à des pillages, exactions sans nom sur de paisibles populations, à des actes de violence gratuite et d’intolérance religieuse sans précédent.

Tombouctou a le mérite incontestable d’être érigée depuis longtemps en cité religieuse et artistique de renommée mondiale, fière de ses imposantes mosquées, des mausolées de ses Saints, de ses célèbres manuscrits, de sa prestigieuse université Sankoré, de ses nombreuses écoles coraniques, de ses multiples bibliothèques dont le Centre Ahmed Baba, érigé en Institut de hautes études et de recherche islamique (Iheri).

Inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1988, elle a abrité ces dernières années des événements de grande portée dont l’université des cinq continents en novembre 2005, axée sur des sujets variés d’intérêt scientifique et culturel, à travers notamment des conférences et ateliers auxquels ont pris part plus de 130 étudiants de divers horizons. Consacrée par l’Isesco (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture) première capitale de la culture islamique de la région Afrique pour l’année de célébration 2006, elle a été en 2007 finaliste des nouvelles sept merveilles du monde, campagne lancée par la Fondation 7NW depuis 2000.

Et pourtant, c’est cette ville lumineuse, attrayante, carrefour de brillantes civilisations séculaires, d’échanges de connaissances, de commerce entre deux vastes zones, de part et d’autre du Sahara, exemple vivant de la pratique d’un islam tolérant dans toute sa splendeur qui connaît en ce 21ème siècle un calvaire extraordinaire qui requiert l’implication diligente de la communauté nationale et internationale pour la protection, la restauration de l’ensemble des sites agressés.

Il reste entendu que le commun des compatriotes est convaincu que les traditions de pacifisme, de piété et de démocratie qu’a su entretenir le peuple malien depuis des années sauront, pour le retour et la consolidation de la paix, de la stabilité, l’emporter sur les ambitions et les idées extrémistes d’une minorité qui a su profiter de l’instabilité pour commettre ces exactions.

Par Chirfi Moulaye HAIDARA,
Chercheur, Sema II Badalabougou, Bamako

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