Le bureau consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), présidé par Jeamille Bittar, élu en octobre 2006 pour un mandat de 4 ans, continue de présider aux destinées du monde économique malien. Certainement pas pour longtemps encore, si l’on en juge de l’effervescence qui gagne le terrain aujourd’hui. Après les protestations à travers des manifestations comme les marches pacifiques contre le bureau dont le mandat a pris fin depuis 2010, certains opérateurs économiques maliens sont à bout de patience.
On sait que depuis six ans environ, ce n’est pas la lune de miel entre les opérateurs économiques. Les blessures mal cicatrisées depuis les dernières élections consulaires, et le fait qu’aucune élection n’a été envisagée depuis l’épuisement du mandat du bureau sortant, il y a deux ans, n’ont pas permis d’instaurer un climat de cohésion entre les opérateurs économiques maliens. L’illégalité dans laquelle s’installait le bureau de la CCIM a conduit les commerçants détaillants à une marche au mois de mai 2012 pour protester contre le bureau de la CCIM. Les manifestants y ont dénoncé « la mauvaise gestion et la gestion clanique » et ont exigé la démission dudit bureau.
Ce qui a conduit le ministre du Commerce, de l’Industrie et des Mines, Me Ahmadou Touré, qui assure la tutelle de la CCIM, à décider de la mise en place d’une délégation spéciale. Selon nos informations, cette délégation spéciale sera mise en place à la CCIM le 28 juillet prochain, les conditions n’étant pas réunies pour la tenue d’élections consulaires apaisées.
De sources proches du milieu des opérateurs économiques, deux camps se distinguent : celui d’Ousmane Guittèye qui revient à la charge et celui de Jeamille Bittar qui s’accroche.
N’ayant pas pu accorder leurs violons, les deux camps doivent faire parvenir au ministre leurs propositions respectives de membres de bureau. C’est une phase certainement difficile, quant à la disponibilité d’un camp d’accepter les membres de l’autre. Selon nos sources, depuis un mois environ, des réunions de conciliabule se déroulent au ministère du Commerce, de l’Industrie et des Mines, sous la direction du ministre Me Ahmadou Touré.
La dernière réunion qui a eu lieu le vendredi 6 juillet aurait eu à son ordre du jour la composition de la délégation spéciale au nombre de 13 membres dont un président, à l’instar du bureau consulaire, ainsi que la feuille de route. Les points de vue ont été divergents, concernant la composition du bureau. Le bureau sortant dirigé par Jeamille Bittar a proposé une liste composée des membres de l’ancienne équipe : Jeamille Bittar, Hama Abba Cissé, Hamody, Mme Saran Sympara et consorts. Cette liste a été naturellement rejetée par le Groupement des commerçants du Mali qui soutiennent qu’une « délégation spéciale doit se faire avec une équipe autre que le bureau sortant dont la gestion est sérieusement mise en cause ».
De son côté, le Groupement des commerçants a menacé de proposer à la tête de leur liste Ousmane Guittèye, le challenger de Jeamille Bittar à l’élection consulaire de 2006. Ou encore, Malamine Tounkara, le prédécesseur de Bittar à la tête de la CCIM.
Dans le milieu des opérateurs économiques, la candidature de Jeamille Bittar a créé la surprise désagréable et des manifestations, à l’instar de la marche de mois de mai dernier, ne sont pas à exclure, s’il s’entêtait, selon de nombreux commerçants détaillants. Selon nos informations, Bittar avait personnellement écrit au ministre du Commerce, de l’Industrie et des Mines pour proposer sa démission pour le 28 juillet et annoncé qu’il ne sera pas membre de l’équipe de transition. Si la réunion du vendredi dernier n’a pas permis de mettre en place la délégation spéciale, faute d’accord sur ses membres, les deux tendances ont été de nouveau conviées pour mardi 10 juillet, à proposer au ministre, six noms chacune. Il s’agit d’une ultime rencontre. Le ministre Me Ahmadou Touré aura la lourde tâche de nommer un président à la tête de l’équipe qui aura pour mandat de diriger la CCIM jusqu’à la fin de la crise institutionnelle que traverse le pays.
B. Daou
L’UM-RDA-Faso Jigi a organisé, ce Samedi 7 juillet, à la maison de la presse, une conférence débat afin de permettre à ses militants et aux Maliens d’avoir une appréciation correcte des enjeux, de la genèse, des solutions déjà mises en œuvre, de l’analyse critique des accords signés relatifs aux rebellions que notre pays a connues et de favoriser la formulation des décisions appropriées de sortie de crise à la grave crise sécuritaire et institutionnelle que traverse notre pays.
La conférence était animée par l’historien Mohamedoun Dicko, le colonel Adrahamane Maïga, ancien ministre ; le Dr Almouzar Maïga, le colonel Sékou Doumbia ; l’ancien ambassadeur, président de la communauté arabe Oumrani et l’historien Bakary Kamian. Dans son discours introductif, le président du parti, Bocar Moussa DIARRA, a fait savoir que même si la crise actuelle intègre de nouvelles dimensions, l’expérience de l’US-RDA demeurera très utile car la nature de ses solutions, ses voies et approches sécuritaires, diplomatiques, sociales et ses mesures d’accompagnement par leurs pertinences et la rigueur dans leur mise en œuvre doivent encore inspirer.
En faisant la genèse de la rébellion au Mali, le Pr Bakary Kamian est remonté jusqu’à l’époque coloniale pour trouver la justification de la toute première rébellion qui a éclaté au Mali. L’historien justifie cette rébellion par la volonté de la France, qui à l’époque, voulait regrouper les régions Nord pour créer un état saharien. « La France a tenté de créer un Koweït en Afrique occidental mais grâce à la vigilance de nos ainées, la France a échoué.
Ils ont tout fait pour déstabiliser notre pays. Actuellement, on évoque des raisons religieuses mais en dessous, il y a des raisons économiques…», soutient le brillant historien. Selon le Pr Mahamadoun Dicko, la république d’Azawad n’est qu’un mythe. « L’Azawad est une cuvette qui n’a jamais été un Etat. Le Mali est un carrefour, on est diffèrent mais cela ne doit pas nous empêcher de vivre ensemble », a martelé le conférencier. Pour ce qui est de la gestion de la première rébellion qui a éclaté dans notre pays en 1963, le colonel Sekou Doumbia estime que si cette rébellion n’a pas eu beaucoup d’ampleur cela est dû à la bravoure et à la détermination des hommes de l’époque pour que le Mali ne soit jamais divisé.
Dr Almouzar Maiga, dans son analyse de la gestion de la rébellion qui a éclaté en 1991, a fustigé le comportement des dirigeants de l’époque. « Le collectif des ressortissants du Nord avait dénoncé à l’époque le pacte national et l’accord d’Alger. Les accords d’Alger de Mai 2006 mettaient le Mali sous la tutelle de l’Algérie », a-t-il expliqué. L’ambassadeur Oumrani a, pour sa part, préconisé une solution interne à la crise que nous traversons actuellement. Selon lui, ce n’est pas à la CEDEAO d’écrire l’histoire du Mali, c’est aux Maliens d’écrire leur propre histoire. « Nous sommes devant une situation hybride qui nécessite que les Maliens se retrouvent ensemble pour trouver une solution. Il faut rechercher l’intérêt du Mali et s’éloigner des solutions des groupes extrémistes », a –t-il conclu.