Thomas HOBBES, philosophe anglais ayant connu longuement une réputation scandaleuse a, à plus d’un titre, le mérite d’être évoqué en guise de solution pour la sortie de notre pays de l’ornière. A Kidal, nous risquons d’assister à un Etat de nature pour éviter d’être affirmatif que nous y sommes. L’abracadabrant massacre de la grande prêtresse du monde de la presse Ghislaine DUPONT et de Claude VERLON est la preuve on ne peut guère évidente.
La formule hobbesienne fait bien la description de la situation : « l’homme est un loup pour l’homme ». « La guère de tous contre tous » (autre formule hobbesienne) s’attise à Kidal et il faut l’éradiquer avant qu’elle fasse son apparition sur toute l’étendue de notre territoire. La solution à l’insécurité de l’Etat de nature est un retour à l’Etat de société dans laquelle la soumission impérative et totale du peuple est au rendez-vous. Nous n’accepterons aucune ignorance pour soutenir une dictature sous aucune forme, nous voudrons juste actualiser un des principaux fondateurs de la pensée politique moderne dont la doctrine est centrée sur l’Etat tout puissant, HOBBES. Le philosophe, lui-même, parle plutôt d’un type de gouvernement dont les hommes confèrent leur pouvoir à un monarque ou à une assemblée pour accomplir le bien général.
Pour ce grand théoricien de l’Etat, seul à l’Etat ou République appartient le pouvoir. Il est bien catégorique dans ses propos : « ce qui préserve l’Etat, c’est l’autorité » et « sans le glaive, les pactes ne sont que des mots ». Un recours à l’auteur de De l’esprit des lois (Montesquieu) pour mettre à l’aise nos lecteurs sinon les mettre au courant de la qualité d’un gouvernement monarchique parait intéressant ici « le [gouvernement] monarchique [est] celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies ».
Nous sommes loin d’un type de gouvernement sans lois et sans règles où un seul entraine tout par sa volonté et par ses caprices. Les raisons ne manquent pas aujourd’hui, surtout vu la situation actuelle de notre beau Mali, pour légitimer une palingénésie de celui dont le livre (Léviathan) eut une influence considérable jusqu’à notre siècle. Il ne compare l’Etat à nulle puissance d’ici-bas, l’Etat est la machine épouvantable, l’Etat c’est « l’homme Dieu pour l’homme ». Il est urgemment temps que l’Etat opère de stratégies adéquates, même si inhumaines qu’il faut, pour mettre un terme au gangstérisme des différents groupuscules qui ne cessent de mettre les pieds dans la fourmilière de notre pays.
Le nord du Mali, un site touristique à valeur universellement reconnue, en aucun argument et en aucun intérêt, ne doit demeurer ni un chaudron encore moins un site hors de la volonté des Maliens. Encore, il est grand temps que notre Etat se décide et condamne avec rigueur la discussion anarchique sur ses décisions. Le peuple ne doit juger que ce qui lui est permis par la loi. Peuh ! La récente décision du ministère de la Justice sur la libération des prisonniers du MNLA a suscité un tollé en divers endroits.
Aucune décision juridique ne peut donner satisfaction à tous. Les Grecs antiques ne disaient-ils pas : « dura lex, sed lex ». Traduction en français : « la loi est dure, mais c’est la loi ». Il est important de savoir et d’admettre que l’Autorité est l’âme de l’Etat. Une formule qu’affectionne d’ailleurs le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. L’occasion lui paraît aujourd’hui plus que jamais opportune de donner corps à cette formule lapidaire dont le terrain d’application est naturellement Kidal
Moussa CAMARA, professeur de philosophie, Option