Le juge Amadou Diallo est devenu depuis quelques temps, un personnage indésirable dans le cercle de Kangaba. Et pour cause, la population lui reproche de favoriser les plus aisés dans la gestion des affaires portées devant le tribunal. Et la dernière en date est celle qui oppose la coopérative multi fonctionnelle du village de Danga dans la commune de Nouma à un opérateur minier et sa bande. Pour montrer son mécontentement face à cette situation, la population avait entrepris de marcher quand la gendarmerie l’en a empêchée hier mercredi.
Entre la population de Kangaba et le juge, c’est devenu un véritable désamour. Informé de la marche d’hier, nous avons décidé de nous rendre là-bas afin d’avoir plus d’informations sur ce contentieux qui oppose la population à son juge. Arrivés sur les lieux, nous avons eu la chance de rencontrer quelques membres de la coopérative multifonctionnelle de Danga accompagnés d’un conseiller du chef de village. Ces derniers reprochent au juge d’avoir mal tranché le contentieux qui les oppose à l’ancien chef du site d’orpaillage de leur village et à sa bande. A les croire, de 2005 à 2010, la gestion des sites d’orpaillage de Danga était confiée à Sidi Bokar Magassouba. Dans la convention, l’argent issu de l’orpaillage devrait être utilisé pour le développement du village et non à des fins personnelles. Une règle à laquelle Sidi Bokar Magassouba refuse de se conformer. Aux dires du conseiller du chef de village de Danga, malgré plusieurs manœuvres et tentatives de le ramener à restituer l’or d’une quantité de 4,65kg soit 93 millions de F CFA, à qui de droit, il gardera l’argent par devers lui attestant que la terre lui appartient. Mécontente et déçue du comportement indécent de Sidi Bokar Magassouba, la population décida alors de le destituer pour créer une coopérative multifonctionnelle de commun accord avec le chef du village.
Selon Mamadou Magassouba, vice-président de la coopérative, conformément aux lignes directrices qui avaient été dégagées, la coopérative dès sa création en 2012, s’est attelée à poser de grands actes pour le développement du village. Parmi lesquels, la dotation du village en dispensaire, et l’achat d’un tracteur. La coopérative intervient également dans l’humanitaire et octroie en cas de décès une somme de 150 mille F CFA aux familles des disparus en vue de les appuyer dans l’enterrement.
A croire Amadou Magassouba, membre de la coopérative, c’est partant de là, qu’ils ont, au mois d’octobre, versé au chef du village comme convenu, 600g d’or et 6 millions de F CFA. Ce dernier, précise-t-on, a été dépouillé de cet argent par la bande de Sidi Bokar Magassouba. Comme si cela ne suffisait pas, après les avoir dépouillés de leur dû, ladite bande a provoqué les membres de la coopérative jusqu’à en venir aux mains. Les deux parties jugèrent ainsi de soumettre l’affaire au juge de Kangaba qui dans son verdict décida de mettre 7 membres de la coopérative sous mandat de dépôt. Cela au grand dam des responsables de la coopérative qui pourtant ont été spoliés de leurs biens. D’où leur révolte. « Ils nous ont pris notre dû, nous ont agressé et au lieu de les emprisonner, le juge a préféré nous enfermer. La justice est aux plus offrants », a déclaré Amadou Magassouba.
Ce dernier, tout comme la majorité de la population de Kangaba, accuse le juge d’encaisser des pots de vin et de rendre le verdict favorable aux plus aisés au détriment des nécessiteux. Notons que pour trouver un dénouement à ce contentieux et atténuer la tension, le capitaine Alassane Samaké, cadre de la gendarmerie s’est rendu sur les lieux. Il reste à savoir si le juge sera relevé de ses fonctions comme le demande la population en mettant les membres de la coopérative dans leurs droits.
Affaire à suivre
Ramata S KEITA ,
Envoyée spéciale