Nouvel acte criminel posé par les groupes armés : Forcés d’évacuer des locaux administratifs, des nervis brûlent l’académie, le trésor, le Gouvernorat et le lycée de Kidal
Publié le vendredi 15 novembre 2013 | L’Indépendant
Quelques dizaines de femmes et des jeunes partisans du MNLA ont saccagé et brûlé, hier jeudi dans la matinée, une partie du gouvernorat, du Trésor public, de l’académie et du lycée de Kidal. Des documents administratifs ont été emportés par les flammes, des tables, des chaises ont été volées ou détruites. Ces manifestants, qui avaient initialement organisé un sit-in devant le gouvernorat, entendaient ainsi protester contre la décision de leurs leaders politiques de rétrocéder les bâtiments du gouvernorat et de l’ORTM aux autorités maliennes.
croppeFace au refus d’une poignée d’irréductibles d’évacuer les lieux, une réunion de crise a été convoquée sur la base de la force Serval et à laquelle ont pris part le chef militaire de la Minusma, le Rwandais Jean Bosco Kazura, le numéro deux de l’Organisation onusienne, le Sénégalais Abdoulaye Bathily et des leaders politiques du MNLA. Cette réunion a été élargie aux responsables des femmes et jeunes du mouvement, à l’origine même de l’incendie provoqué dans les bâtiments administratifs.
C’est à l’issue de cette rencontre que les manifestants ont finalement décidé aux environs de 16 heures d’évacuer les locaux administratifs.
Les casques bleus sécurisent donc, depuis hier le Gouvernorat et la station ORTM. Le gouverneur de Kidal, que nous avons joint au téléphone, a confirmé cette évacuation des deux bâtiments.
Il est faut noter aussi que la tension montait à Kidal depuis mercredi quand des jeunes et des femmes, instrumentalisés par les séparatistes touaregs, avaient investi le Gouvernorat et la station ORTM avec des slogans hostiles à l’unité nationale.
Il faut noter que si cette libération a pu avoir lieu, ce n’est pas par la bonne volonté du MNLA, qui avait refusé jusqu’ici de se conformer à toutes les interpellations allant dans ce sens. Mais c’est bien grâce aux multiples pressions exercées par la communauté internationale dont IBK a, maintes fois, déploré le mutisme face à une situation qu’il s’est fait fort de dénoncer avec énergie. On se rappelle que lors du sommet UEMOA/CEDEAO que Dakar a abrité du 24 au 25 octobre dernier, il avait qualifié la situation de Kidal d’inacceptable et inadmissible « . Il avait plaidé la même cause lors de son déplacement pour la 68e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies vers la fin du mois de septembre dernier. Cet appel a été réitéré par le chef de l’Etat lors de la première réunion ministérielle sur le Sahel, qui s’est tenue le mardi 5 novembre dernier à Bamako, en présence du Secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon. A l’évidence Kidal apparaissait jusqu’ici comme un sanctuaire du MNLA, où chaque officiel malien en mission devait s’attendre à être copieusement hué.
Il semble que l’élément qui a accéléré l’annonce des groupes armés d’évacuer les bâtiments administratifs soit surtout l’enlèvement et le double meurtre commis à l’encontre de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal, le samedi 2 novembre, alors qu’ils sortaient d’une interview avec un responsable local du MNLA, Ambéry AG Rhissa. C’est sans doute le fait d’avoir senti l’étau se resserrer davantage sur lui qui a amené ce groupe armé à déclarer, le vendredi 8 novembre, à Ouagadougou qu’il allait libérer les bâtiments administratifs.
Abdoulaye DIARRA