Incroyable mais vrai, c’est le jeune frère d’Abou, celui-là même qui était supposé surveiller sa très jeune épouse, qui est devenu son amant durant son absence.
Abou est un Malien de la diaspora qui se débrouille tant bien que mal en Espagne. Dès que ses affaires ont commencé à marcher, il a aussitôt pris en charge sa famille. Comme il en est de coutume, celle-ci lui a choisi pour épouse Fatim, une jeune lycéenne avec la famille de laquelle les liens d’amitié datent de fort longtemps. Sa mère s’occupa de toutes les formalités et, de son côté, Abou envoya de l’argent pour couvrir toutes les dépenses, y compris l’entretien de la demoiselle.
Profitant de ses congés, Abou débarqua à Yirimadio, où il fut accueilli avec tous les honneurs dus à un Malien de l’extérieur. Vu les contraintes liées à la durée de son séjour, la date du mariage fut fixée aussitôt au jeudi qui suivait son arrivée au bercail. Après une cérémonie grandiose et une lune de miel passée à Bamako, Abou se rendit au village avec sa jeune épouse. Au retour, il ne lui restait que peu de temps avant de repartir en Espagne. Il ouvrit une boutique au grand marché qu’il confia à Samaké, son frère cadet.
À la veille de son départ, Abou tint un conseil de famille et demanda à son jeune frère de s’occuper de sa maman et de veiller sur Fatim. Samaké répondit qu’il n’avait pas de souci à se faire grâce aux revenus de la boutique. De plus, il avait toujours veillé sur la famille en l’absence d’Abou, alors qu’il n’était qu’un apprenti chauffeur. Il promit aussi de veiller sur la jeune mariée comme sur la prunelle de son œil. Réconforté, Abou s’envola pour l’Espagne.
Samaké tint effectivement parole. Entre lui et Fatim, ce fut l’entente parfaite, qui, quelque temps plus tard, se transforma malheureusement en grand amour. La maman commença à s’inquiéter très sérieusement de ses vraies intentions. Fatim tomba enceinte, mais quoi de plus normal, même si son mari tardait toujours à rentrer au bercail. Mais, quand survint la deuxième grossesse, en l’absence d’Abou, seul Samaké, le supposé gardien qui veillait très jalousement sur Fatim, pouvait en être l’auteur. Cet état de chose ne peut rester longtemps caché, l’affaire finit donc par s’ébruiter.
Alerté, Abou débarqua en catastrophe à Bamako. Le même jour se tint un conseil de famille, au cours duquel Samaké assuma l’entière responsabilité de la grossesse, expliquant que ses actes avaient pour unique but de garder la jeune dame au sein de la famille, en la protégeant des prédateurs. Abou, très amusé par cette réponse, répliqua : «comme le prouve ton acte, tu es le plus grand prédateur. Afin de préserver la cohésion de la famille, je préfère te donner Fatim comme épouse. Mais, si jamais tu la répudiais, ce sera la fin des liens entre toi et moi», avertit-il très sérieusement.