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De Shanghai à Ségou, une Sino-Malienne veut siéger au Parlement du Mali
Publié le samedi 16 novembre 2013  |  AFP


© Autre presse par DR
Yu Hong Wei, devenue malienne et rebaptisée Astan Coulibaly


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SEGOU (Mali) - La campagne pour les élections législatives du 24 novembre au Mali a révélé une candidate au parcours atypique: née à Shanghai de parents chinois, Yu Hong Wei, devenue malienne et rebaptisée Astan Coulibaly, cherche à être élue députée à Ségou, où elle vit depuis 31 ans.

Dans ce chef-lieu de région à près de 240 km au nord de Bamako, cette petite femme de 54 ans, visage rond et avenant, est reconnue et interpellée par les habitants. "Tout Ségou connaît cette femme! Elle était ici bien avant que je ne sois né", lance Mamadou Diarra, 23 ans.

Mais à Ségou, fief de fiers royaumes bambaras ancestraux, personne n’avait connu avant elle de candidat à un scrutin national qui soit asiatique "à 100%", c’est-à-dire non métissé.

"Depuis 1982, je suis installée à Ségou avec mon mari", raconte-t-elle, s’exprimant clairement en langue nationale bambara. "Je n’ai vécu qu’ici. C’est pourquoi je veux aider notre ville et nos enfants à sortir de la pauvreté".

Arrivée au Mali à 23 ans, Mme Coulibaly tient un cabinet médical, où elle pratique la médecine chinoise comme la médecine moderne et propose aussi de la pharmacopée traditionnelle.

Elle est candidate aux législatives avec six autres personnes sur une liste commune à trois partis politiques baptisée "Ségou Kanou" ("L’amour de Ségou" en bambara).

Si elle est élue, elle compte lancer des projets "qui aideront beaucoup les habitants de Ségou", en améliorant "les conditions de vie des femmes, des enfants et des jeunes sans emploi".

Elle n’exclut pas de demander l’aide de Chinois présents au Mali avec lesquels elle est en contact. "Il y a plus de cent Chinois dans la région de Ségou actuellement", précise cette Sino-Malienne née à Shanghai et naturalisée malienne.

C’est dans la métropole chinoise qu’elle a rencontré à la fin des années 1970 Amadou Coulibaly, alors étudiant dans le domaine de l’industrie textile.

"Il m’a demandée en mariage et mes parents ont fini par accepter après quelques temps d’hésitation", raconte-t-elle, émue. Ils se marient à Shanghai en 1982 puis viennent s’installer à Ségou.

"J’ai compris que je suis aimée"

Aujourd’hui Amadou est à la retraite, Astan a étendu ses activités au transport --elle loue des camions aux entreprises de construction chinoises présentes au Mali -- et à l’immobilier. Elle se rend en Chine chaque année.

Le couple Coulibaly a quatre enfants dont le plus jeune a 13 ans, et un petit-fils. Son fils aîné, Ibrahima, soutient "sans réserve" sa mère.

Depuis l’ouverture de la campagne électorale, "j’ai compris que je suis aimée" dans la région, les habitants "me l’ont prouvé, village après village", soutient Astan Coulibaly.

A Dioro, localité au bout d’une piste à 60 kilomètres de Ségou, la candidate reçoit un accueil enthousiaste. Mais certains habitants voient surtout en elle un moyen pour accéder à l’aide de la Chine, de plus en plus présente dans la région.

"On votera pour toi pour que les Chinois viennent faire la route Ségou-Dioro!", lance une femme.

Un de ses colistiers, Adama Diarra, opérateur économique, explique "la grande popularité" de Mme Coulibaly par ses actions sociales, notamment "auprès des personnes âgées qu’elle soigne gratuitement même dans les villages".

Pour la liste "Ségou Kanou", c’est un "avantage" certain, avance M. Diarra, qui fonde "beaucoup d’espoir sur elle pour gagner les législatives" dans leur circonscription.

Mais la victoire est loin d’être acquise pour Mme Coulibaly et ses colistiers, qui sont en compétition à Ségou avec des vétérans de la politique malienne comme l’avocat Mountaga Tall, député sortant.

Me Tall connaît son adversaire sino-malienne "depuis longtemps" et se félicite de sa candidature, clamant : "Je ne suis pas peu fier de voir que cela arrive à Ségou".
str/cs/stb/de

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