S’estimant abandonnées par les autorités maliennes et les forces internationales, les populations de Gao souhaitent être écoutées avant toute négociation. «Nous, mouvements et associations de Gao, constatons avec regret et indignation notre abandon de la part de l’Etat. Cet abandon se manifeste par la complicité passive des autorités maliennes et de l’opération Serval dans la gestion de la crise du nord », indiquent les habitants de la ville dans un communiqué diffusé le 10 octobre dernier. Extrait
Ces associations et mouvements dénoncent l’absence du service public de l’Etat; la négligence des autorités face aux informations que donnent les populations. «La corruption des forces de l’ordre et de sécurité favorisant l’intrusion des éléments dangereux et de leurs matériels de guerre; la libération des éléments du Mujao et du Mnla arrêtés », poursuit le communiqué.
Autres faits décriés par les populations de la cité des Askia: le harcèlement des populations innocentes pour un enrichissement illicite ; le non respect du statut général des forces armées et de sécurité ainsi que les coûts exorbitants des actes de naissance et de la légalisation des documents administratifs.
Les habitants de Gao estiment que les efforts patriotiques et héroïques doivent être reconnus par l’Etat. Particulièrement les actes de bravoure des enseignants, des agents de santé, des volontaires de l’énergie, des associations et mouvements des femmes, des jeunes, des leaders religieux et des radios.
Le manque d’électricité est aussi dénoncé. «Nous associations et mouvements de la région de Gao ne peuvent rester indifférents à cela. C’est pourquoi aujourd’hui, la population héroïque de Gao, dans toutes ses composantes, débout comme un seul homme, lance un appel ultime aux autorités maliennes afin de prendre des mesures adéquates et efficaces pour une résolution rapide et définitive de ces dérives », souligne le communiqué.
Les associations et mouvements de Gao sollicitent, avant toute négociation et réconciliation, la restitution intégrale de tous les biens des populations dépossédées par le Mnla. Le rétablissement d’une paix définitive et durable; la présence de toutes les couches sociales aux tables de négociations (leaders religieux, des jeunes, des femmes) sont aussi sollicités.
Les habitants de Gao voudraient l’indemnisation et le dédommagement de toute la population et particulièrement les familles des victimes de la guerre ; l’intégration ou la réinsertion de tous les personnels des différentes couches sociales qui ont œuvré dans la ville durant l’occupation. «Une promotion aux fonctionnaires non déplacés (grade, avancement, bourse, bonification, nomination) », rapporte le communiqué.
Aux Ong et projets de développement, les associations et mouvements de Gao demandent de faire connaître leurs domaines d’intervention aux élus communaux. «Si nos revendications n’aboutissent pas dans un délai de 72h, nous nous réservons le droit de multiplier les marches, les sit-in, les meetings, les villes mortes et même le boycott des élections à venir dans la région de Gao, jusqu’à la satisfaction totale de nos attentes », concluait le communiqué.