Le risque que la France fait courir au Mali est de voir les régions du nord échapper au contrôle de l’Etat central, ouvrant la voie à l’émergence d’un fondamentalisme déjà incarné par la sourde querelle qui a lieu actuellement au sein du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ce mouvement n’a jamais été combattu par Serval et ce dernier a tout fait pour le ramener à Kidal dont il avait été chassé par le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Et des milliers d’anonymes comme Mohamed Ag Bakabo, l’un des bourreaux présumés des deux journalistes français tués près de Kidal le 2 novembre, savent se jouer des Français.
A l’Elysée aussi bien que dans les universités de l’Hexagone, les nostalgiques des hommes bleus du désert sont des partisans de la laïcité trop obsédés pour savoir que le jihad est tout simplement une question de ruse. Et c’est par ruse que le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) a été créé par des militants d’ Ançar Dine espérant trouver une certaine légitimité auprès de la communauté internationale.
En faisant de Kidal un asile pour des groupes armés supposés laïques, la France a oublié que dans l’Adrar des Ifoghas chaque individu est acquis au jihad plutôt qu’au positivisme. Et dans ce désert investi par les barbus depuis des décennies, l’influence des groupes armés se manifeste de jour en jour, même un simple reporter venu d’Occident est un croisé à abattre ou à monnayer.
Il existe aussi une branche politique au sein du MNLA auquel Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, membre du bureau politique de ce mouvement, serait opposé catégoriquement. Il dénonce une «liquidation du Mnla par Bilal Ag Achérif à travers ses penchants pour les groupes salafistes».
La semaine dernière, le site d’information touareg, Toumast Press, publiait un article faisant mention d’une violente opposition entre des membres de la direction du Mnla, dont Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, et Bilal Ag Achérif, secrétaire général du Mnla. «Suite à cette nouvelle tentative de fusionner, en catimini, le Mnla avec Ansardine (actuel Hcua)», écrit un journaliste local sur un réseau social.
Le HCUA semble peu s’accommoder du drapeau du MNLA qui devrait être remplacé par un autre emblème à la faveur de la fusion annoncée. Loin d’être une manœuvre, visant à faire oublier la disgrâce du mouvement touareg, cette fusion n’est que le prolongement d’une stratégie qu’utilisent les collaborateurs d’Iyad Ag Ghali. Ainsi, le MNLA avait proclamé l’indépendance unilatérale de l’Azawad en 2012 avec les groupes armés jihadistes qui occupaient les trois régions du septentrion malien.