Décidément, le moins que l’on puisse dire est que, ces derniers temps, les bonnes nouvelles alternent avec les mauvaises pour la France :
- le 29 octobre 2013, les 4 otages d’Arlit (Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret) retrouvent le doux parfum de la liberté après 3 ans de captivité dans le nord malien. La polémique sur les conditions de leur libération (notamment le paiement ou non d’une rançon) n’était pas encore retombée que Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI étaient enlevés le samedi 2 novembre alors qu’ils sortaient d’une interview avec Ambery Ag Rissa, un des barons du MNLA à Kidal. Hélas pour nos deux confrères, le rapt se terminera par une tragédie, puisqu'ils ont été assassinés peu de temps après leur enlèvement. Depuis, les fins limiers du Renseignement français essaient de dénouer l’écheveau, et tout semble indiquer que c’est la panne de la voiture dans laquelle ont été embarqués de force les deux journalistes qui leur a été fatale. Reste à connaître, de façon indubitable, l’auteur de cet odieux assassinat même si un nom, celui de Bayes Ag Bakabo, propriétaire du véhicule qui a servi au kidnapping, circule depuis un certain temps ;
- dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 novembre 2013, un autre Français, le père Georges Vandenbeusch, était enlevé au Cameroun aux confins de la frontière nigériane par qui on sait naturellement puisque ayant pignon sur rue dans la région: Boko Haram. Quelque trois jours après, c'est d’ailleurs de cette région que vint une autre nouvelle, mais bonne celle-là : Francis Collomp, qui était détenu depuis un an par Ansaru, une branche dissidente de Boko Haram, a en effet regagné hier la France après une cavale rocambolesque qu’on n’a pas encore fini de décrypter : profitant d’un échange de tirs entre l’armée nigériane et les membres du groupe islamiste qui le détenait, Francis Collomp, dont la porte de la cellule n’était pas fermée ce jour-là, aurait pris ses jambes à son cou et se serait réfugié dans un poste de police.
Même si certaines interrogations subsistent, on ne peut que se réjouir de cette libération, car chacune d’entre elles est toujours une victoire sur les forces du mal et des ténèbres.
L’ingénieur Collomp retrouvera sans doute les quelque 30 kg qu’il a perdus pendant sa captivité, mais comme tous les otages libérés, il lui faudra certainement de la force morale et psychologique pour réapprendre à vivre avec l’habituel choc post-traumatique.
Un de «perdu», le père Vandenbeusch, un de retrouvé, Francis Collomp ; cela maintient toujours donc à 7, le nombre de Français enlevés à travers le monde : Serge Lazarevic et Gilberto Rodriguez Leal au Mali, ainsi que quatre journalistes en Syrie (Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès).
Depuis quelques années, on a d’ailleurs le sentiment que la France est devenue le souffre-douleur des kidnappeurs, qui s’en prennent si régulièrement à ses ressortissants. Elle paie, on le sait, le prix de son engagement hier en Afghanistan et en Libye, aujourd’hui au Mali, et on se demande bien quand est-ce que ce cycle infernal prendra fin. En règle générale, les valeurs au nom desquelles l’Hexagone s’engage sont dans l'ensemble positives à l'exception de son intervention en Libye don les raisons font toujours polémique. Et on imagine mal le Coq gaulais arrêter de s’y investir à cause des coups de boutoir itératifs de fous d’Allah qui ont la bêtise plus longue que la barbe.