La justice éprouve-t-elle du mal à entendre le général Amadou Aya Sanogo ? Annoncé avant-hier puis hier au Pôle économique pour être auditionné par le juge d’instruction Yaya Karembé dans le cadre d’une enquête sur les exécutions et les disparitions survenues dans les affrontements entre bérets rouges et bérets verts en fin avril 2012, l’auteur du coup d’état du 22 mars 2012 n’a pas été aperçu au tribunal où l’attendaient des journalistes venus en nombre.
L’arrivée du général Sanogo, annoncée entre 9 et 10 heures, était évidemment très attendue par nos confrères. Bien que l’instruction soit entourée de secret, les journalistes de la presse nationale et internationale avaient eu vent du rendez-vous. Ils étaient donc venus faire le guet devant le tribunal dans l’espoir de pouvoir témoigner de la comparution du chef de l’ex-junte, qui a évité toute apparition publique depuis l’opération militaire qui a « pacifié » le camp de Kati en fin septembre dernier.
D’abord une question qu’on ne pouvait pas ne pas se poser : pourquoi pour une affaire de présumés crimes de sang, le général Sanogo doit-il être entendu au Pôle économique qui est sensé traiter de crimes économiques ? L’explication est banale : le juge d’instruction chargé du dossier a son bureau au Pôle économique qui est un service rattaché au tribunal de première instance de la Commune III du district de Bamako. Si le tribunal a son siège au Grand marché de Bamako, le Pôle économique est, lui, situé dans la zone d’affaires de l’ACI 2000.
Les journalistes présents furent persuadés de l’arrivée imminente du général Amadou Aya Sanogo lorsque nombre de policiers en tenue ont débarqué au tribunal. Selon nos informations, ces policiers étaient venus assurer la sécurité du tribunal. Après plusieurs heures d’attente sans aucune trace du général Sanogo, le dispositif de sécurité a été levé. Voyant les policiers s’en aller, les journalistes comprirent qu’il n’y avait plus rien à espérer.
Avant de plier bagage à notre tour, nous avons appris que l’audition attendue, avait été déplacée au camp de gendarmerie de Faladié et que le juge d’instruction ne devrait pas tarder à se transporter là-bas. Cette information a été évidemment impossible à vérifier même s’il est aisé de réaliser que la sécurité et la discrétion sont plus faciles à garantir dans un camp de gendarmerie. Affaire à suivre donc.