Siriman Kanté fait partie des gens que l’histoire et le temps exigent un combat quotidien pour rester en vie. Ceux dont Thomas Sankara qualifiait d’eternels cyclistes, car s’ils arrêtent une seule seconde de pédaler pour respirer, ils tombent directement dans le précipice et dans les gouffres. Siriman Kanté est un simple travailleur, sans parrain, ni protecteur dans un service de toutes les convoitises.
SirimanDans le N°77 du 1er Octobre 2013 de «L’Express de Bamako», nous avions promis de revenir sur cette affaire qui est entrain de punir les innocents en les privant de leurs droits et laisser les vrais criminels dans la nature avec les honneurs et l’argent des gens. Pour mieux comprendre cette affaire, un petit rappel des faits est primordial.
En effet, toute la misère Siriman Kanté a commencé quand il a sollicité une formation pour l’obtention d’un diplôme supérieur en comptabilité et finance en 2001après plusieurs années de loyaux services. Ainsi après l’obtention d’un DUT à l’Université Jeanne d’Arc et à l’IUG, Siriman Kanté retourne dans son service où il était chef de la section hors trafic.
«Tout a commencé quand j’ai découvert que le montant de la location d’une voiture Bamako-Kidira-Bamako (plus de 4 millions de CFA) n’a pas été pas encaissé comme d’habitude et en tant que responsable, j’ai exigé à mon collaborateur Sidi Diarra, à l’époque agent caissier, de me donner des explications sur l’absence de ce montant dans les caisses ou d’amener l’affaire devant la justice si le montant n’est pas restitué. Parce que je sentais déjà une grande adversité de la part de mon chef hiérarchique direct à l’époque (Djibril Nama Keita) depuis l’obtention de mon diplôme supérieur. Il me voyait comme un challenger direct pour son poste avec mes nouveaux diplômes.
Craignant cette menace, l’agent caissier, Sidi Diarra, m’a dit que c’est Djibril Nama Keita qui a pris l’argent et lui a demandé de juste enregistrer la situation telle qu’elle. C’est quand j’ai voulu récupéré cette somme, que tous mes problèmes ont commencé avec ce chef qui était d’ailleurs un baron du parti PDES et très proche de la famille de l’ancien président ATT», nous a expliqué M. Siriman Kanté.
Une galère qui lui coûtera quelques mois après un licenciement sans droit de son travail pour faute lourde. Et ce qui n’est pas clair dans cette histoire est que la lettre de licenciement est signée des mains du même Djibril Nama Keita alors que le directeur général de Transrail, M. Eric Peiffer, était présent et bien portant. A la suite de nos recherches, nous avons découvert que le même directeur de Transrail à l’époque, M. Eric Peiffer, assurait également la direction de Vecturis (société de droit Belge qui bénéficiait de tous les marchés (plusieurs milliards de CFA) de Transrail depuis des années en tant que cofondateur de cette même société.
Est-ce un hasard ou le couple Keita et Peiffer n’avait pas intérêt à avoir Siriman Kanté entre les pattes ? De quoi Djibril Nama Keita et Eric Peiffer avaient peur en licenciant le pauvre Siriman Kanté ? Pour consolider et justifier leur acte vis-à-vis du licenciement d’un innocent, Eric Peiffer a même envoyé un email le lundi 03 Janvier 2011, que nous avons eu copie, dans lequel il traite Siriman Kanté de fou.
Siriman Kanté était-il vraiment fou ? Nous répondons par la négation, car ayant pris contact directement avec M. Eric Peiffer par messagerie électronique (Il ne travaille plus au Mali), il n’a pas pu et n’a pas voulu nous donner de précision par rapport à l’existence de preuves matérielles pour qualifier Siriman Kanté de fou au moment des faits.
Nous comprenons ce refus de Peiffer, car aucune preuve n’existe dans ce sens et qualifier Siriman de fou aux yeux des autres hauts cadres de la société en France et au Sénégal donnait un sens au licenciement de ce dernier qui avait écrit à ces mêmes hauts cadres pour les exposer les nombreuses situations irrégulières dans la boite à Bamako.
Un procès est même en cours actuellement devant la Chambre Correctionnelle du Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako pour Dénonciation calomnieuse, article 247 du code pénal. Nous pensons que du moment où Djibril Nama Keita accepte de fermer les yeux sur les actes du Directeur général, Eric Peiffer, entre autre les nombreuses passations de marchés de Transrail (plusieurs milliards de CFA) à son autre société en Belgique (Vecturis), il avait le soutien de ce dernier pour ses affaires à lui aussi dans la société y compris le recrutement et le licenciement du personnel.
Ainsi, à travers les petites combines et les magouilles de gauche à droite, Djibril Nama Keita est devenu plus puissant que le DG lui-même. Mais, enfin de compte, ils finissent tous les deux gagnants au grand malheur de la société qui est au rouge et des travailleurs qui risquent le chômage à vie.
Et Siriman Kanté de payer son intégrité et son honnêteté face à ces hommes qui n’ont pas peur de Dieu, par un licenciement sans droit. Cela lui fait aujourd’hui des années sans travail, sans salaire ni même l’indemnité de licenciement, parce que certains hommes en ont décidé ainsi.
La seule chose qui lui reste est l’espoir qu’un jour des vrais hommes de droit disent toute la vérité dans cette affaire qui continue de trainer dans les tribunaux malgré la simplicité des faits et l’existence des preuves matérielles.
Aujourd’hui, cette période triste de la gestion de Transrail par le duo Keita-Peiffer, qui avait su mettre le syndicat dans sa poche, menace gravement le travail des centaines, voire des milliers de personnes. Et c’est maintenant, seulement maintenant que les syndicalistes se réveillent pour remarquer la gravité de la situation.
Une situation que Siriman Kanté a voulu empêcher seul il y a plusieurs années et qui lui a coûté son travail, sa dignité et son honneur…et aucune mobilisation du syndicat n’a suivi.