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Enseignement supérieur au Mali et formations doctorales : Des critères injustes instaurés
Publié le mercredi 20 novembre 2013  |  Le Flambeau




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Mis en œuvre, il y a de cela au moins 6 ans et financé par la Banque mondiale et le Budget national et logé au Rectorat de l’Université des Sciences Juridiques et Politiques (USJPB), le Programme de Formation des Formateurs (PFF) a pour but essentiel de subventionner les Assistants avec DEA des Universités du Mali à faire la thèse, mais aussi de favoriser la mobilité des chercheurs. Pour ce faire, de sa mise en œuvre à aujourd’hui, il a permis de subventionner de nombreux Doctorants, dont certains ont déjà soutenu leurs thèses.
Ce Programme, dans sa conception, a ambitionné surtout de mettre à la disposition des Universités du Mali, des chercheurs ou Docteurs afin d’améliorer la qualité de l’Enseignement supérieur en République du Mali qui en manque cruellement.

En effet, selon les diagnostics réalisés par le Département de l’Enseignement supérieur à l’époque, appuyé par les partenaires techniques et financiers, l’un des maux qui minent l’Enseignement supérieur au Mali, c’est l’insuffisance des chercheurs Docteurs. Aussi, il y avait beaucoup d’Assistants avec DEA qui n’arrivaient pas à avoir des bourses d’études pour aller faire la thèse, alors qu’ils avançaient en âge. Par conséquent, le Programme de Formation des Formateurs, un «cadeau tombant du ciel», constituait une aubaine et un tremplin pour ces nombreux Assistants avec DEA à s’inscrire en thèse au Mali dans la sous-région et en Europe, soit en co-tutelle ou en unique direction.

Le Programme, dans sa conception ou dans son esprit, permet aussi de palier à long terme aux nombreuses dépenses que l’Etat effectuait dans le cadre du payement des heures supplémentaires exécutées par les Professeurs de Rang A du Mali et d’autres qui venaient d’ailleurs. Car, en formant ses propres chercheurs qui vont embrasser plus tard une carrière dans la recherche, l’Etat malien gagnera tout ce qu’il aura investi.

Malheureusement, cette année, c’est la grande déception, l’espoir commence à s’assombrir, la montagne commence à accoucher de la souris. En effet, la Commission ad’ hoc de sélection et d’octroi des subventions (regroupant Recteurs, Vices-recteurs des rectorats, Doyens et Vices-Doyens des Facultés, le Coordinateur du PFF et d’autres personnes ressources) qui s’était réunie le 27 et le 28 février 2013, a décidé d’instaurer des critères restrictifs de limite d’âge maximum à 40 ans.

Ce critère de limite d’âge de 40 ans est injuste et relève de l’arbitraire pour plusieurs raisons. De sa mise en œuvre jusqu’en 2012, des Assistants avec DEA de 50 ans ont été subventionnés et continuent à être subventionnés. Cette limite d’âge de 40 ans n’a pas été au préalable communiquée dans les Facultés et les DER, afin que les éventuels chercheurs soient préparés psychologiquement à ne pas déposer leur dossier pour postuler. Ce critère n’a pas tenu compte de l’âge de recrutement dans la Fonction publique de l’Etat des Assistants avec DEA ou Doctorat qui est de 40 ans. Du coup, pour que la Commission soit respectueuse des textes de la Fonction publique, elle doit reculer son critère d’âge limite ou c’est la Fonction publique qui doit revoir son âge limite de 40 ans à 38 ans au moins.

Aussi, ce critère de limite d’âge favorise surtout les juristes et les économistes qui ont plus de chances d’avoir leur DEA à bas âge et d’intégrer l’enseignement supérieur. Par contre, les sortants de l’Ecole normale supérieure, dans la plupart des cas, évoluent d’abord dans le secondaire avant de faire le concours d’entrée à l’ISFRA afin d’obtenir le DEA. Après l’obtention du DEA, pour avoir un point de chute dans l’enseignement supérieur, certains peuvent attendre jusqu’à deux ans ou trois ans. Ensuite, pour être hiérarchisé Assistant afin de prétendre à une formation doctorale, il faut parfois attendre deux ans en subissant au préalable un test pédagogique qui peut ne pas être concluant. Du coup, toutes ces péripéties font qu’on avance en âge sans le vouloir.
Après la réunion de la Commission, quand les exclus et les laissés pour compte du Programme se sont plaints, elle leur a fait savoir qu’elle veut rajeunir la race des chercheurs en adoptant cette mesure discriminatoire qui n’a aucun fondement. Puisque l’âge limite pour bénéficier des bourses chinoises et russes pour la thèse, c’est 45 ans. Aussi, vus les parcours scolaires et universitaires des jeunes Maliens, ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir son DEA à bas âge

En analysant le comportement cette année 2013 de la Commission d’octroi des subventions du Programme de Formation des Formateurs, plusieurs constats se dégagent. C’est que les Professeurs de Rang A qui bénéficient de beaucoup d’avantages dans l’enseignement supérieur, ont peur que leur cercle ne s’augmente par ricochet, et freinent l’arrivée massive des nouveaux docteurs. Le Fonds du Programme de Formation des Formateurs tend-il vers sa fin ? Car, de la limite d’âge de 50 ans à 40 ans tout d’un coup, sans large diffusion de la mesure, cela suppose des interrogations, voire des inquiétudes. A ce jour, aucune décision officielle n’est sortie pour notifier à ces exclus du PFF qu’ils n’ont pas été retenus pour telles ou telles autres raisons, puisqu’ils n’ont été informés que verbalement. Ce qui constitue à cet effet, en matière de gouvernance universitaire, une entorse grave sur le plan administratif.
Enfin, malgré les cris de cœur, les amertumes et les frustrations lancés par les «exclus» du Programme, la Commission reste sourde à leur détresse. Quant au syndicat (SNESUP) et le ministère de l’Enseignement supérieur, ils n’ont rien fait pour le moment. Et si la situation reste comme ça, ils auront tous contribué à la détérioration de la qualité de l’Enseignement supérieur au Mali. Car, comme tout le monde le sait, l’Enseignement supérieur au Mali est constitué à 80% par les Assistants détenteurs de DEA.

Sous cet angle, un Enseignement supérieur qui se respecte et qui a souci de développer la recherche à travers la mise en œuvre et la dynamisation des Laboratoires de recherche, doit donner les moyens à tous ces chercheurs, sans exclusion aucune, pour qu’ils achèvent leurs formations universitaires. Qu’on ne se leurre pas, il ne peut y avoir un Enseignement supérieur de qualité, sans beaucoup de Docteurs. A ce titre, notre pays ne pourra jamais égaler des pays comme le Sénégal et le Bénin qui ont donné les moyens à tous les enseignants assistant détenteurs de DEA à faire leurs thèses.

Par ailleurs, toujours dans la même posture, la question qu’on se pose est la suivante : un pays comme le Mali qui n’arrive pas à maîtriser le flux d’étudiants qui arrivent dans les Universités, doit-il ouvrir d’autres Universités dans les régions comme Kayes, Mopti, Sikasso… ? Doit-il freiner la formation doctorale des enseignants qui sont déjà dans le système de l’Enseignement supérieur ?

Abdramane Sadio SOUMARE
Assistant en Géographie à l’IUDT (Institut Universitaire de Développement Territorial)
Cell : 75.20.00.58/63.21.03.23
Email : abdramanesoumare@yahoo.fr

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