M’enfin, de qui se moque de nouveau le général d’opérette Amadou Sanogo ?
Du juge Yaya Karembé qu’il a snobé ce mardi 19 novembre 2013 en refusant de comparaître dans le cadre de l’instruction sur l’exécution, la disparition et la torture de bérets rouges soupçonnés de contrecoup d’Etat le 30 avril 2012 ? De l’institution judiciaire malienne dont il s’estime être au-dessus ? De l’Etat malien qu’il a dirigé par suite de son coup de force du 22 mars 2012 ? Du peuple malien au nom duquel la justice est rendue ?
De tout ça à la fois.
«Le général Amadou Aya Sanogo est une personnalité de ce pays et ce n’est pas comme cela qu’on doit le convoquer ou l’amener devant un juge. Il faut que les gens comprennent ça». Défense du putschiste par son chargé de communication, le lieutenant Mohamed Coulibaly. Fallait-il alors se livrer à un véritable exercice d’imploration afin que le généralissime daigne se présenter devant le magistrat ?
Ne devrait-on donc pas décerner contre lui ce mandat d’amener après ces multiples insubordinations aux juridictions de son pays au nom de son prétendu «statut d’ancien président de la République» ? Un titre dont il se prévaut de facto mais dont il ne bénéficie pas de jure, puisque refusé et par la CEDEAO et par l’Etat malien.
Mais il en faut plus que le droit pour faire entendre raison à l’ex-homme fort de Kati, Jamais repu de l’envie d’en découdre. Il est comme ça, Sanogo.
Contraint par la communauté internationale de rendre le pouvoir à un gouvernement de transition, l’ancien obscur capitaine n’a cessé de démontrer que c’est lui le véritable détenteur de l’autorité suprême.
Et il le fera avec une désinvolture insigne. Rappelez-vous les cruelles humiliations infligées à l’ancien Premier ministre de transition Cheick Modibo Diarra. Rappelez-vous la bastonnade publique qu’il a ordonnée contre la personne du président intérimaire Dioncounda Traoré, laissé pour mort par une foule en délire.
Sans compter les nombreux actes de défiance à l’égard des institutions et des autorités de transition.
Sans dénier au trublion la présomption d’innocence dans l’affaire qui le concerne, l’on est enclin à penser que son refus trahit le sentiment de culpabilité qui l’habite. Cela est d’autant fort probable que la répression sanglante contre les bérets rouges est intervenue au moment où la junte militaire se piquait de régenter le pays.
Jusqu’où le Mali et les Maliens continueront-ils à supporter le narcissisme exacerbé d’un homme qui ne reconnaît l’autorité de personne et de rien ? Issu d’un corps dont loyauté, respect et discipline sont le fondement, le général Sanogo est devenu le contre-modèle du militaire dont l’armée du pays a besoin pour assurer la pérennité des institutions républicaines.
Il est des choses avec lesquelles tout Etat digne de ce nom ne doit pas badiner. Parmi elles, l’autorité de la Justice. Sanogo doit comparaître devant le magistrat instructeur. Même s’il faut, pour cela, l’y conduire au lasso.
Force reste à la loi.