L’émergence politique des femmes reste un défi majeur dans notre pays. Dans ce domaine plusieurs actions visant à permettre à la Malienne de participer à la vie politique ont été initiées pour les pouvoirs publics et leurs partenaires ainsi que la société civile féminine. Malgré cette volonté politique affichée, le chemin pour l’émergence politique des femmes au Mali est hérissé de contraintes. Avant l’organisation des législatives, le ministère en charge de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant avait réuni les cadres des partis politiques et les avait exhorté à assurer une présence accrue et un meilleur positionnement des femmes sur les listes électorales (voir l’article ci-contre).
Cet appel a été entendu par plusieurs partis qui ont fait de la place aux femmes et aux jeunes. Dans cet ordre d’idées, le fait marquant après la proclamation définitive des listes de candidatures par la Cour Constitutionnelle est la présence dans la compétition de deux listes entièrement féminines. L’une en Commune II du District de Bamako et l’autre à Djenné. Il s’agit d’une première dans l’histoire politique de notre pays. Cette exception est un signe d’espoir pour les Maliennes ainsi que les organisations de défense des droits des femmes. Nous sommes allés à la rencontre des trois porte-drapeaux du parti Jamaa en Commune II du District pour les législatives.
Le trio à la conquête de l’Hémicycle est constitué de professionnelles aguerries dans leurs métiers respectifs. Mme Welle Diallo Hawa Thiermin Traoré est la doyenne de la liste. Elle est éducatrice et directrice du jardin d’enfants « Den Kadi » depuis 8 ans. Née en 1955, elle est mariée et mère de 2 enfants. Elle est la vice-présidente du Réseau national pour l’épanouissement économique et social de la femme et sa coordinatrice en Commune II depuis 2004. Mme Najim Fatoumata Diarra née en 1965, mariée et mère de 3 enfants, est cadre supérieur de banque. Elle connaît bien le milieu de la microfinance pour avoir été commissaire aux comptes du réseau de caisse d’épargne et de crédit « Layidou Wari ». La troisième de la liste se nomme Mme Diallo Augustine Sangaré. Elle est née en 1977 et est mère de deux enfants. Après l’obtention de son Diplôme d’études universitaires général (DEUG) à l’Ecole des hautes études professionnelles (EHEP devenue depuis UIG), et un bref passage à Elf-Mali, elle rejoint le groupe Air France où elle évolue depuis près de treize ans comme agent des services commerciaux.
Dans leur projet de société, les trois candidates se sont focalisées sur l’environnement, l’économie et l’emploi. Si ces porte-drapeaux du parti Jaama arrivent à faire leur entrée à l’Assemblée nationale, elles proposeront ainsi l’adoption de textes dans ce sens. Elles prônent également le retour à une forme de contrôle des prix pour lutter contre la cherté de la vie et pour un encadrement par le législateur des taux d’intérêt appliqués par les structures financières décentralisées en matière de microcrédit. Elle jugent que les taux que ces établissement pratiquent actuellement sont souvent léonins. La lutte contre la mendicité développée dans notre pays sera soutenue par une loi qui permettra de réprimer les dérives et instaurera un accès gratuit à l’éducation scolaire ou professionnelle aux enfants de la rue.
En matière d’environnement, il s’agira de mettre en œuvre les dispositions relatives à la salubrité et à l’assainissement. S’agissant de l’emploi des jeunes, les textes facilitant l’accès aux terres agricoles pour ceux qui désireraient s’installer à leur compte en zone Office du Niger seront proposés et soutenus par la liste Jaama à l’Hémicycle. Le parti Jaama a donc choisi des femmes engagées, dynamiques et courageuses pour solliciter, dimanche, les suffrages de la population de la Commune II de Bamako. Celles-ci opèrent depuis des années au sein d’associations de la société civile bien connues. Ce qui les a conduit à intégrer le milieu de la politique, convaincues qu’elles étaient de pouvoir y promouvoir le changement attendu par nos compatriotes.