Toutes les télés publiques de la Cedeao sont certes colonisées par les chefs d’Etat. En Guinée, l’opposant devenu président a changé les décors du studio mais la culture soviétique de l’info a survécu. Au Burkina Faso, qui est fou : le journal commence par Blaise et finit par Compaoré. En Gambie, les motions de soutien continuent pour le faiseur de miracle Yaya Jammeh qui soigne le sida par le coma irréversible. Partout, vingt-huit minutes sur les trente que dure le journal, consacrées aux bienfaits du grand timonier père de la nation et deux minutes pour zoomer le venin de l’opposition.
Ce n’est quand même pas pour plaire aux présidents que le Groupe de Contact sur le Mali, samedi à Ouaga, a omis de demander la libération de l’Ortm au même titre que le Nord malien. Il est vrai qu’aux temps désormais immémoriaux du royaume Adema et de l’Empire Pdes, Bozola a reçu des tonnes de distinctions et de compliments. Même si, toutes choses étant égales par ailleurs, l’archipel Udpm a fait nettement mieux.
D’ailleurs c’est un des pionniers du journalisme impertinent à l’époque qui vient d’être porté à la tête du jurassique Bozola. Baba Daga pour ne pas le nommer. Il atterrit dans un torrent de sketchs laborieux, un rempart d’intermèdes musicaux plus longs que les émissions, de plages publicitaires diffusées à la chaîne au lieu d’être perlées, de successions d’audiences ou de plans séminaires, ateliers, considérés comme info.
Diction ? Ne vous moquez pas, on est libre de dire vingt haires ou vingt heures, malhaire ou malheur, qué ou que. Grammaire ? On s’en moque, le français ce n’est pas notre langue. Et de toute manière avoir c’est être et inversement. Quant aux débats contradictoires, il a été simplement décidé de les réprimer sans pitié. Au nom de la passion tyrannique du service public. Fonce Baba Daga, Fonce Cheick Modibo la transition c’est seulement un an. Faites tandem et libérez Bozola ! Et au lieu de rester une cible, la Mali redevient la vitrine.