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P.C. Opérationnel de l’Armée à Sévaré: « Nous pouvons libérer le Nord… »
Publié le mardi 10 juillet 2012   |  Le challenger


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© Autre presse par DR
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A Sévaré où ils se sont repliés, les soldats de l’Armée nationale préparent la reconquête des régions tombées aux mains des envahisseurs. Les hommes du Colonel Didier Dakouo sont renforcés par des volontaires des groupements d’autodéfense notamment Ganda-Koy, Ganda-Izo et la Force pour la Libération des Régions du Nord (FLN). Au sein de ce beau monde, le moral, dit-on, est au top. Reportage de notre envoyé spécial, qui s’est rendu au Poste de commandement opérationnel de l’armée pour la crise au nord, transféré à Sévaré depuis la chute de Gao.

L’armée, dit-on, est la grande muette. En vertu de cette règle qui a valeur biblique chez nos forces armées et de sécurité, il n’est pas facile de faire parler les militaires. Le commandant du Poste de commandement opérationnel, Colonel Didier Dakouo ne déroge pas à cette sacro-sainte règle. L’officier qui se montre très accueillant à l’endroit de son visiteur se montre tout de suite peu disert lorsqu’on aborde les questions militaires.

Au cantonnement de Sévaré à 15 km de la Venise malienne, les militaires sont prêts à laver l’affront pour reprendre leurs propres termes. « Nous pouvons combattre tous les groupes armés qui sévissent actuellement au Nord de notre pays. Nous n’avons pas été défaits au combat au moment de la chute des villes de Tombouctou, Gao et Kidal, mais nous nous sommes repliés. Aujourd’hui, … nous pouvons libérer le Nord aux mains des assaillants » nous a confié un adjudant – chef de l’armée nationale sous le couvert de l’anonymat, visiblement optimiste.

Des choses difficiles à comprendre !

A Sévaré, majoritairement, les militaires se sentent trahis et sacrifiés par l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré qui a su, selon eux, amadouer certains hauts gradés dans sa tactique. « Sur le plan militaire, il y a certaines choses qu’on ne peut pas comprendre. Parmi ces choses- là, il y a le massacre d’Aguel-Hoc. ATT voulait envoyer un haut gradé de l’armée à Aguel-Hoc pour faire croire aux enquêteurs que rien de grave ne s’était produit le jour du massacre. Mais, ce dernier, dont je tairais le nom, a refusé d’être coupable de faux témoignages d’ATT. Actuellement, il est bien placé.

Aussi, il y a le refus par ATT d’accepter la démission du Général Gabriel Poudiougou, sinon, il allait être désigné comme Président en lieu et place du Capitaine Amadou Haya Sanogo car, on n’a rien à lui reprocher. Enfin, on ne comprend pas comment le Colonel Gaston Damango a pu trahir son pays en s’enfuyant de Tombouctou et en laissant aux mains de l’ennemi tout notre arsenal militaire intact. Donc, les réformes qu’on est en train d’entreprendre dans l’armée sont nécessaires pour la redynamiser» a expliqué le Sergent chef B C, venu de Kati et manifestement dans les secrets des dieux.

Concernant la gestion de la crise par la CEDEAO, les militaires stationnés à Sévaré sont catégoriquement opposés aux principes du Médiateur Blaise Comparé qu’ils accusent d’être en intelligence avec les rebelles. « Comment pouvons- nous comprendre le fait que Blaise ait envoyé un hélicoptère pour transporter le secrétaire général du MNLA, blessé, à Ouagadougou pour le soigner ?… Si on ne fait pas attention, la CEDEAO va diviser le Mali. C’est notre guerre et c’est nous qui la ferons. Nous n’avons pas besoin des troupes étrangères » ajoute le sergent I.B.

Pour l’adjudant chef A T, le Capitaine Sanogo a commis une erreur très grave en signant l’Accord – cadre et les autres accords qui ont suivi. Car, dit-il, il n’y aurait pas eu de coup d’Etat si tout allait bien.

La C. I. ne va pas faire la guerre à notre place !

Un autre lieutenant s’interroge : « Bien vrai que la CEDEAO est une communauté dont le Mali est l’un des membres-fondateurs, en tant que militaire, je ne comprends pas pourquoi ils veulent envoyer des troupes à Bamako pour sécuriser la transition. Ensuite, ils ont tracé un plan à trois volets qui fait douter car, selon leur système, ils vont envoyer d’abord un certain nombre de militaires à Bamako pour sécuriser la transition ; ensuite, dans un deuxième temps, ils vont réorganiser notre armée et, enfin, dans un troisième temps, ils vont envoyer des troupes pour le nord. Aussi, il a été dit que le troisième volet peut ne pas être réalisé. Combien de temps cela peut-il prendre ? Donc, si nous- mêmes, Maliens, ne faisons pas notre guerre, la communauté internationale ne va pas la faire à notre place. La CEDEAO ne peut pas aider le Mali car, ces derniers temps, tous les autres pays ont des problèmes »

A côté des éléments des forces armées et de sécurité, il y a les volontaires de groupes d’autodéfense qui suivent des formations. L’entraînement de ces jeunes mus par la fibre patriotique se déroule normalement comme en témoigne ce jeune de la Force de libération des régions Nord (FLN), Soboua Coulibaly. « Actuellement, la formation va bon train. Chez nous (environ un millier), tous les corps de l’armée sont représentés parmi nos formateurs. Après l’éducation physique et sportive, on nous apprend le maniement des différentes armes telles que la Kalachnikov, la Carabine Chinoise, le Pistolet mitrailleur et d’autres types d’armes. On nous apprend aussi des tactiques de guerre. Nous avons des cartes de membres et nos éléments sont venus de toute l’étendue du territoire national. Après cette formation, je serais un militaire accompli. On a déjà nos tenues et nous sommes sous le commandement de l’armée basée à Sévaré », semble-t-il croire.

Par Alfousseini Togo, Envoyé spécial à Sévaré

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