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Affaire de « l’opération taxi » : « Escroquerie, abus de confiance », dixit des chauffeurs et conducteurs bénéficiaires : « Des allégations sans fondement », martèle Aliou Guissé, président sortant
Publié le samedi 23 novembre 2013  |  Mali Demain


© Autre presse par DR
Des taxis de Bamako


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Le projet de taxi au profit des chauffeurs et conducteurs du Mali initié en 2009 par la coopérative dirigée à l’époque par M. Aliou Guissé, en tandem avec la Banque Régionale de Solidarité (BRS), appuyé par l’Agence Nationale de l’Emploi (ANPE) soucieuse de la création d’emploi, connait un véritable blocage du fait du non respect par la plupart des bénéficiaires, du protocole d’accord qu’ils ont signé en son temps. De nos jours, certains mécontents ont osé porter l’affaire au Pool Economique en vue disent-ils « d’être mis dans leurs droits qu’ils considèrent bafoués » par la coopérative des Chauffeurs et conducteurs du Mali sous la férule de M. Aliou Guissé. C’est fort de ces critiques considérés par le bureau de la coopérative à travers son président sortant, M. Aliou Guissé « d’affabulations sans fondement ». Ila accepté pour la première fois parler de tous les non dits de cette affaire qui vient d’atteindre le summum. Lisez plutôt l’entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder.


Mali Demain : Monsieur le Président, pouvez-vous nous faire l’historique de l’opération taxi ?
M. Aliou Guissé : Il y a 570 personnes qui ont bénéficié de ce projet. Ce qu’affirment ça et là certains récalcitrants dont la plupart ne sont pas membres de notre coopérative, sont des affabulations sans fondement. Ce projet a été initié par la coopérative. Et l’ANPE a été garante des chauffeurs à hauteur de 500 000FCFA.
Critères d’obtention d’un véhicule
Et pour prétendre avoir un véhicule neuf, le bénéficiaire devait selon l’article 3 du protocole qui nous lie : « avoir un compte à la BRS ; être inscrit à l’ANPE ; être membre de la coopérative ou de la Fédération des syndicats des chauffeurs ; faire un apport personnel de 300 000 FCFA dans les comptes de la coopérative sis à la BRS ou faire restitution de son ancien taxi comme apport ».


Projet initié par la section nationale des chauffeurs et conducteurs
Ce projet qui a été initié en réalité par la section Nationale des chauffeurs et conducteurs du Mali, a crée la coopérative en 2007 mais sans aucun fonds même si ses membres et adhérents cotisaient mensuellement 5000FCFA par mois et par Comité pour le fonctionnement. C’est ainsi que l’Assemblée Générale m’a élu comme Président pour un mandat de cinq ans.


C’est fort de la confiance qui a été placée en moi que j’ai contacté Jemeni micro finance avec mon projet de financement de cinq taxis d’occasion.
Après avoir lu mon projet, le PDG de Jemeni m’a convoqué à la veille de mon retour d’Armsterdam où j’ai participé à un séminaire de formation sur le syndicalisme de développement, c’est-à-dire amener les syndicalistes à quitter les revendications et les grèves pour créer des GIE, des coopératives afin de s’approprier l’outil de travail. Donc, la convocation du PDG de Jemeni venait au bon moment pour notre jeune équipe de la coopérative. Donc au lieu de cinq (05) taxis, cette société de micro finance était prête à financer 500 taxis pour els quels, nous devions trouver une ressources humaine adéquate.


Trois voyages à Dakar
C’est dans ce cadre que j’ai effectué trois voyages à Dakar en compagnie du PDG de Jemeni sur invitation de la société Iran Kodro fab. Au cours du séjour sénégalais, nous avions eu à visiter l’usine de montage de véhicules d’Iran Kodro fabricant des véhicules SAMAN. Dans la capitale Sénégalaise, nous avons signé un mémorandum qui exigeait de trouver des bénéficiaires et le garanti de l’ordre de 500 000FCFA. J’avais des inquiétudes mais, j’ai quand même signé. De retour à Bamako, j’ai adressé une demande de partenariat à l’APEJ et à l’ANPE. Ces deux nous ont répondu favorablement mais il se trouvait que l’APEJ exigeait que l’âge des bénéficiaires ne dépasse pas 43 ans. Ce qui ne nous arrangeait pas car, notre projet vise à lutter contre la précarité, le chômage et l’exclusion. Une proposition qui ne nous arrangeait pas. C’est ainsi que nous avons été voir l’ANPE qui se proposait de garantir chaque bénéficiaire à hauteur de 500 000FCFA.


Faillite de Jemeni…, secours de la BRS
Pendant nous nous battons pour achever le montage de ce projet, Jemeni part en faillite, retardant du coup notre opération.
Sans relâche, j’ai adressé des correspondances aux banques : BMS, BDM S.A, la BIM S.A, Ecobank et la BRS. La BRS et Ecobank ont répondu favorablement à notre demande.
Ainsi, l’ANPE et la BRS ont décidé de faire un essai avec 29 taxis pour six mois. Le lancement de l’opération a eu lieu le 07 novembre 2009.


Signature de la convention avec la BRS
Après six d’essai, une convention de crédit a été signée avec la BRS pour 470 véhicules. Le lancement officiel de l’opération a eu lieu le 11 novembre 2009. Ainsi débuta notre projet en qui nous croyons mais avec l’appui de l’Etat, la réussite sera au rendez-vous.


Protocole avec les bénéficiaires
Le but de notre projet est de donner du travail aux chauffeurs cela avec des véhicules neufs dont la valeur d’achat est de 8 millions de nos francs ; aussi, avec des pièces administratives et des pièces de rechange durant un an. Au-delà d’un an, c’est le bénéficiaire qui prend le relai et verse correctement ses recettes.


Malheureusement, du début de l’opération à ce jour, aucun bénéficiaire n’a pu correctement honoré cet engagement, soit 456 chauffeurs. Pour preuve, de 2009 à ce jour, la Coopérative a toujours payé les pièces administratives et a aussi entretenu les véhicules en cas de panne. Ce qui n’était pas prévu dans le protocole. Mieux, nous nous sommes engagés durant un an espérant l’accompagnement des autorités. Et depuis le lancement de ce projet le 07/11/2009, aucune exonération douanière qui représente 40% de la valeur du véhicule, ne nous a été octroyée par l’Etat lors de mon allocution au cours du lancement. Si tel était le cas, ce projet allait être sauvé ; puisque ce n’est pas le cas à ce jour, notre échec ne devrait surprendre personne. Dans mon second discours aussi, c’est-à-dire lors du lancement des FIAT ALBENA financé par la BIM S.A, j’ai rappelé à Koulouba, cet état de fait. Ce jour là encore, j’ai demandé l’implication de nos autorités dans notre projet pour nous accompagner. De même, lors de la Bourse de l’Emploi en 2012, devant le Chef de l’Etat de l’époque, j’ai rappelé que nous étions pas aidés, de même que les bénéficiaires qui n’ont pas pu honorer leurs engagements contenu dans le protocole d’accord, la Coopérative ne peut pas assumer cela. La conséquence du manque d’assistance de nos autorités, a fait que le résultat de ce projet est hallucinant. Et pour cause, à ce jour, 70% des véhicules qui ont été attribué tout neufs, sont aux arrêts à cause de diverses pannes, de manque de pièces détachées et de pièces administratives. Et puisque la coopérative a les moyens limités, mais nous continuions à nous battre pour que ces pères de famille ne chôment.


Levée de boucliers
C’est ce qui explique la levée de boucliers de certains bénéficiaires qui croyaient que leurs recettes étaient détournées. Ce qui s’est avéré faux, archi-faux pour la simple raison que du lancement de l’opération, à nos jours, les chauffeurs ont versé à la Coopérative du 20/10/2009 au 29/02/2013 avec les données de notre registre : 932 559 955 FCFA. Pourtant, durant ce temps, les recettes sont versées à la BRS par nos soins pour le respect de la Convention de crédit qui nous lie, la bagatelle de 794 614 675 FCFA ; les relevés de la BRS faisant foi. Les dépenses effectuées par les bénéficiaires sur leurs véhicules (confection de pièces administratives, de pièces de rechange) s’élève à : 461 938 570 FCFA. Comme vous pouvez le constater, la Coopérative a fourni d’énormes efforts pour respecter ses engagements avec ses partenaires BRS et ANPE. Les chiffres en eux parlent. Je rappelle qu’il y a eu un prêt entre la BRS et la Coopérative et non avec les bénéficiaires. C’est ce qui explique la Convention de crédit qui a été signé entre nous après six mois d’essai concluant. Nous avons donc payé l’acte notarial qui concrétise la convention ou document de prêt qui ne tient pas compte de l’engagement d’aucun bénéficiaire. Seule la Coopérative est engagée. Et il est convenu que la Coopérative a contractée un prêt auprès de la BRS dont l’objet est de payer des véhicules neufs qui seront mis à la disposition des chauffeurs membres de la Coopérative et inscrits à l’ANPE dont la durée de remboursement est de 40 à 48 mois selon la valeur du véhicule. Il revient au bénéficiaire de payer le crédit au près de la Coopérative pour que nous puissions honorer nos engagements au près de la BRS.


Compte ouvert au près de la BRS
C’est fort de la Convention de crédit signée avec la banque et le protocole d’accord qui nous lie au bénéficiaire, chacun en ce qui el concerne devait ouvrir un compte à la BRS. L’objectif visé est l’identification physique du bénéficiaire qui n’est autre qu’une justification de la Convention signée avec la BRS. Mais, aucun bénéficiaire n’a signé un contrat avec la banque attestant un quelconque prêt.


Le tableau d’amortissement
Pour la transparence de l’opération, un tableau d’amortissement a été dressé indiquant certaines informations sur le bénéficiaire et le véhicule qu’il a bénéficié. En fait, c’est le procédé de remboursement du véhicule ainsi acquis qui est détaillé au bénéficiaire. Nos détracteurs ont stimulé ce tableau d’amortissement à un prêt avec la BRS. Ce qui n’est pas el cas. Il y en a qui pensent que la BRS leur a fait un crédit de 7 millions de FCFA que la Coopérative a cédé le véhicule à 8 millions de nos francs. Cette allégation n’est pas juste. Vous savez, un prêt de 7 millions de FCFA majoré à 26%, c’est-à-dire 15% pour la taxe sur Affaire Financière (TAF) et 11% comme taux d’intérêt, mais ici, la Coopérative devra payer à la BRS 8 820 000FCFA. Pour nous éviter cela, il a fallu l’implication du ministre de l’Emploi de l’époque que nous avons contacté, via l’ANPE, que els 15% de la TAF ont été supprimé. Donc, les 7 millions de FCFA, ont été majoré seulement de 11%, soit 7 770 000FCFA que la Coopérative doit payer à la banque. En soustrayant 7 770 000FCFA des 8 millions, il y aura une différence de : 230 000FCFA, plus la vignette annuelle pour chaque véhicule qui coûte 128 000FCFA ; l’assurance au risque limité : 110 000FCFA. La différence est payée par la Coopérative dont la carte de stationnement qui coûte 5200FCFA ; la carte de transport : 2000FCFA ; l’assurance du groupe emprunteur : 140 000FCFA et certains frais et charges payés par la Coopérative. Donc, le prix de 8 millions de FCFA est pour honorer l’engagement pris au près de la BRS. Sinon, le véhicule devrait coûter plus que le prix octroyé.


Mali Demain : Quelles sont les perspectives de ce projet que vous venez de remettre à votre remplaçant face au bilan actuel?

« Tous ceux qui n’honorent pas leurs engagements, seront exclus »
M. Aliou Guissé : Nous devons faire face aux plaintes de certains. Ensuite, nous allons recadrer le projet en approchant nos autorités compétentes pour que la Coopérative soit mise dans ses droits. La restructuration de l’opération taxi s’impose, la replacer dans son cadre réel. Il s’agit de faire en sorte que ceux qui n’honorent pas leurs engagements, soient exclus. Ce sera une décision collégiale avec nos partenaires de la BRS et de l’ANPE. D’ailleurs, une correspondance leur a été envoyée pour ce faire avec la demande de nous appuyer pour la réparation de taxis en panne puisque la convention dit que la BRS doit nous accompagner si nous la sollicitons pour les pièces administratives et de rechange. Mais puisque j’étais en fin de mandat, il revient à mon remplaçant de suivre cette demande. Ils ‘agit pour M. Abdoulaye Keîta de relancer ce dossier.


Mali Demain : Comment voyez-vous l’avenir de l’opération taxi ?

M. Aliou Guissé : Sans accompagnement de l’Etat, je ne crois pas à la réussite de l’opération taxi qui avait bien démarré puisque son coût est trop élevé pour que seule notre Coopérative puisse la supporter. Je rappelle que l’objectif visé par ce projet est de donner un outil de travail aux chauffeurs. Si ce n’était pas el cas, nous pouvions dans ce cas transformer ce projet en une Compagnie de transport. Donc, ils ‘agit ici de créer un PME où chaque bénéficiaire allait avoir son entreprise. Mais il s’avère que certains individus mal intentionnés dont M. Sambala Kanté, ex cheminot à la retraite, ont bénéficié de l’opération et continuent à la saborder. J’en veux pour preuve, il nous a trainé devant les tribunaux où des jugements de Bamako, ont été
rendus mais n’ont jamais pu être exécutés.

Allez savoir pour quoi ?



Par exemple l’ordonnance N°47 du 27/02/2012 du tribunal de Première Instance de la Commune IV du District de Bamako le somme de restituer le véhicule de marque BYB N°Y0313MD (aujourd’hui bloqué au garage de « YARIS » sis au quartier Mali pour non paiement de frais de réparation de l’ordre de 40à 000FCFA). Le juge a condamné Sambala à payer à la Coopérative 100 000FCFA d’astreinte par jour afin d‘assurer l’exécution de l’ordonnance N° 47. De nos jours, le sieur Sambala nous doit 45 500 000FCFA. Mais l’homme continue à circuler librement et nous nargue. Idem au tribunal de Première Instance de la commune VI du District de Bamako dans son audience ordinaire du 23 novembre 2011, déboute la requête de Sambala Kanté et devrait remettre le véhicule ».


Ces individus ont causé d’énormes préjudices

Et des individus comme ce Sambala ont causé d’énormes préjudices à notre Coopérative. Par exemple, depuis l’acquisition de son véhicule en octobre 2010, il n’a versé aucune recette à la Coopérative. Qui a toujours continué à verser à la BRS ce qu’il doit. Le dernier versement en date est de janvier 2012. Pire, il affirme partout : « qu’au Mali, si tu as de bonnes relations, il n y aura aucun jugement en ta défaveur ». C’est pour cette raison que Sambala vient de demander une confrontation avec moi hier jeudi au tribunal de la Commune IV sur une affaire qui a déjà été jugée. Le comble !


Mali Demain : Avez-vous un dernier mot ?

« Je réitère l’accompagnement de nos autorités… »
M. Aliou Guissé : Je réitère encore une fois de plus, l’accompagnement de nos autorités par ce qu’il n’est pas donné à tout le monde de réussir un tel projet qui réuni plus de 500 personnes, donc crée 500 emplois. Je veux dire que l’Etat devra nous accompagner afin que ce projet soit pérennisé. Pour ce faire, je demande une exonération sur nos véhicules qui représente 40% de la valeur. En nous appuyant de la sorte, nos autorités permettront de lutter contre le chômage, l’exclusion, la précarité. J’en appelle à toutes les bonnes volontés même des particuliers pour nous aider à réussir ce projet qui a échoué sous d’autres cieux. Ce qui nous permettra de sortir de cette impasse où la Coopérative et les chauffeurs sont sans moyens.


La Coopérative est à bout de souffle…
De nos jours, la Coopérative est à bout de souffle. Il faut un coup de main de nos autorités afin de nous permettre de relever le défi qui s’impose en nous. Et seul l’Etat est capable de nous aider convenablement.
Propos recueillis par Bokari Dicko

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