Absence de volonté politique, défiance de la justice, pressions sur le juge, atermoiements au sommet de l’Etat… Des semaines après sa convocation chez le juge, Amadou Haya Sanogo continue de narguer la justice malienne. De quel soutien bénéficie-t-il ?
L’affaire Sanogo, puisque c’en est devenue une maintenant, continue de défrayer la chronique au moment où on annonce la visite, cette semaine, à Bamako, d’une importante délégation de l’Organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International, conduite par son secrétaire général.
Comme on peut l’imaginer, cette visite d’Amnesty sera consacrée à la situation des droits de l’Homme au Mali. Il sera également question, sans doute, de la gestion du dossier Sanogo.
A ce sujet, l’évidence est là. La justice malienne, pour diverses raisons, se montre incapable de mener l’instruction sur le dossier des soldats portés disparus à Kati depuis le 30 avril 2012…
Dans ce dossier, le principal suspect est l’ex capitaine Sanogo, alors chef de la junte militaire de Kati. Le juge Yaya Karembé en charge du dossier est impuissant pour faire évoluer l’instruction.
Le général Sanogo et d’autres militaires cités refusent de répondre à la convocation du juge.
Pas plus tard que le 19 novembre dernier, le putschiste Sanogo était attendu dans le bureau du juge d’instruction de la commune III. Plusieurs endroits avaient été cités pour la confrontation entre Sanogo et Karembé ou tout au moins pour que l’ex chef de la junte soit, enfin, entendu : camp I de la gendarmerie, tribunal de la commune III, Pôle économique, gendarmerie de Faladié. Au finish, les journalistes et autres chasseurs d’images auront poiroté toute la journée. Pas l’ombre du présumé auteur des crimes commis à Kati….
Une affaire politique
Pour la énième fois, Sanogo venait de faire faux bond au juge. Le rendez-vous irrévocable était pris pour le lendemain 20 novembre, au Pôle économique. Sans plus de succès.
Dès lors, l’opinion s’interroge : de quelle protection bénéficie le général de Kati?
Pour de nombreux observateurs, l’affaire Sanogo va au-delà du bureau d’un «petit» juge. C’est une affaire éminemment politique. Et sa gestion doit être politique.
En clair, dans le contexte actuel, la seule personne capable de débloquer la situation est le président de la République, chef suprême des armées et premier magistrat du pays.
Or, les Maliens ne sentent aucune volonté de la part du président Ibrahim Boubacar Kéïta à livrer Sanogo à la justice. Et pour cause…Allez le savoir !
Alors, il n’y a qu’une seule alternative : la justice internationale par le biais de la Cour pénale internationale (Cpi). Des appels se multiplient actuellement à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour que la Cpi se saisisse de l’affaire. Et, c’est ce qui pourrait intervenir dans les semaines à venir.
Les organisations internationales de défense des droits de l’Homme, notamment Amnesty Internationale et Human Right Watch, font monter la pression pour que les crimes commis au Mali, particulièrement à Kati, ne restent pas impunis.
Aujourd’hui, il est évident que la marge de manœuvre du putschiste se rétrécit de jour en jour. Tout comme celle de IBK qui, finalement, sera obligé de lâcher Sanogo et de le livrer sous la pression de l’extérieur. Et, il n’aura guère le choix…