Le 1e tour des élections législatives d’hier a été marqué par une très faible mobilisation des électeurs dans la plupart des centres de vote visités par nos reportages. Des électeurs ont même parlé d’un boycott sanction pour le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, dont les premières décisions concernant les rebelles, ont déçu les Maliens qui s’étaient en très grand nombre pour sa victoire.
Comme pressenti, le 1er tour des élections législatives tenu hier dimanche n’a pas connu une forte affluence comme ça a été le cas lors de la présidentielle même s’il faut reconnaitre une nette amélioration dans l’organisation matérielle du scrutin. « Sur le plan technique, tous les matériels électoraux étaient en place à l’heure pile du vote », s’est d’ailleurs félicité le secrétaire générale du ministère de l’Administration du territoire, Ibrahima Hama, que nous avons croisé au centre de vote du groupe scolaire de Banankabougou. « Sauf quelques imperfections, sinon tout était en place, seulement la discrétion des isoloirs n’était pas au top dans certains bureaux de vote et cette incorrection a été vite corrigé par les présidents de bureaux », s’est-il empressé de préciser. Certains agents électoraux se sont même chargés de retrouver le bureau de vote des personnes âgées.
« IBK m’a déçu »
La bonne organisation du scrutin a été saluée par les observateurs de la Cour constitutionnelle, de la Céni et les observateurs internationaux qui ont quand même déploré la très faible affluence des électeurs. En effet, l’absence d’électeurs était perceptible devant les bureaux de vote.
» Il faut reconnaître qu’il n’y a pas d’affluence devant le bureau de vote », reconnait Hamidou Keita, président d’un bureau bamakois déserté. « Il n’y a pas de monde, les candidats n’ont pas mobilisé, mais j’espère que dans l’après-midi, il y aura plus de monde», a déclaré Oumou Sawadogo
« IBK m’a déçu. Il a fait des concessions aux rebelles touareg alors que pendant la campagne électorale pour la présidentielle, il a tenu un discours de fermeté. C’est pour ça que je ne suis pas allé voter » affirme un jeune homme cité par l’AFP.
Une élégante étudiante, Nafissatou, affirme: « Pour la présidentielle, j’ai voté IBK (Ibrahim Boubacar Keïta, élu en août), mais aujourd’hui, j’ai voté pour ses adversaires. IBK n’a pas pu régler l’affaire du Nord, je suis déçue ».
Issa, étudiant, explique lui qu’il « fallait coupler les législatives et les présidentielles. ça fait moins de dépenses financières et moins de dépense d’énergie ».
Diamou Tounkara, traite plus classiquement les hommes politiques de « menteurs, qui ne pensent qu’à eux-mêmes ». « Ils nous promettent tout, et dès qu’on vote pour eux, ils oublient leurs promesses. C’est pourquoi, moi, je ne vais pas voter et si j’étais allé voter, j’aurais voté blanc ».
Affluence presque nulle au nord
Dans la région de Kidal, fief de la rébellion où deux journalistes français ont été tués le 2 novembre, « il n’y a pas d’affluence pour le moment », a déclaré Oumar Touré, responsable local de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), « dans certains bureaux de vote, il y a même plus d’agents électoraux que d’électeurs ».
Selon une source proche du gouvernorat local, pour encourager les électeurs à aller voter, certains candidats leur ont fournis des moyens de transport.
A Gao, sur laquelle les islamistes armés ont récemment tiré plusieurs fois à l’arme lourde, les opérations de vote se sont déroulées également calmement et sans enthousiasme. « Pour le moment, c’est timide, mais généralement, les femmes vont au marché avant de venir voter, donc on espère que dans l’après-midi, les électeurs vont venir », a déclaré Ousmane Guindo, de la Coordination des jeunes de Gao.
Même son de cloche à Tombouctou, où la dernière attaque jihadiste meurtrière remonte au 28 septembre: « le vote a été calme, c’est le plus important, mais il n’y a pas eu de monde », a déclaré Ahmdou Cissé, président de bureau de vote.