Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé vendredi un crédit de 80 millions de dollars (environ 40 milliards de Fcfa) de l’IDA (Association internationale de développement) destiné à renforcer l’alimentation en eau potable de Bamako et à améliorer l’accès et la qualité du service dans la capitale malienne qui représente plus de 50 % de l’activité de l’hydraulique urbaine au Mali.
Le communiqué de presse de l’institution qui annonce la nouvelle explique que « la composante IDA du Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako, appelé Projet Kabala découle de la Stratégie intérimaire 2014 -2015 de la Banque mondiale pour le Mali, notamment sur l’axe prioritaire 3 et l’amélioration de la couverture des services d’alimentation en eau ». « Le projet vise à augmenter la production d’eau de 144 000 m3 par jour, afin de résorber le déficit d’alimentation en eau potable de Bamako estimé à plus de 40% des besoins. Au-delà de l’augmentation de la capacité de production d’eau, le projet vise également à accroître la capacité de stockage, de transfert et de distribution de l’eau et à faciliter l’accès à l’eau potable pour les ménages, grâce à la réalisation de branchements domiciliaires et à la construction de bornes fontaines » , a indiqué le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, Ousmane Diagana.
« Comme résultat , on estime à 610.000 personnes le nombre de bénéficiaires directs de la composante IDA du projet : 390.000 personnes supplémentaires auront accès à l’eau par branchements domiciliaires et bornes fontaines, et 220.000 personnes bénéficiant déjà d’un branchement mais souffrant d’une faible pression de l’eau et d’un service intermittent bénéficieront d’une amélioration de la qualité du service (qui sera assuré 24h/24, 7 jours sur 7) », a expliqué Matar Fall, spécialiste principal Eau et assainissement et chargé du projet à La Banque mondiale.
Onze bailleurs de fonds, dont l’IDA, vont participer au Projet Kabala pour une enveloppe de financement globale de 400 millions de dollars (200 milliards de Fcfa).
Le taux d’accès à l’eau potable au Mali était estimé en 2012 à 68,5 % de la population (66,3 % en milieu rural et 74,6 % en milieu urbain, ce taux étant plus faible à Bamako). Depuis 2001, des progrès ont été accomplis dans l’amélioration de l’accès, mais l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) − 78 % de la population rurale et 91 % de la population urbaine desservies − demeure un défi important. La population n’ayant pas accès à des sources d’eau appropriées est vulnérable aux maladies transmises par l’eau, et le manque d’entretien et le sous-investissement mettent en péril les acquis sur le plan de la couverture du service, comme en témoigne le nombre élevé de systèmes d’alimentation en eau potable (AEP) en milieu rural qui ne sont pas opérationnels, et la capacité insuffisante de production et de distribution d’eau à Bamako.
Le développement des systèmes d’alimentation en eau potable à Bamako est limité depuis 2003 par un sous-investissement qui a créé plusieurs goulots d’étranglement parmi lesquels la faible capacité de production, 198.000 m3 par jour pour une demande estimée à 380.000 m3 par jour, soit un déficit de 48 %, le fait que 80 % de la capacité de production est située sur la rive gauche du fleuve Niger, alors que la moitié de la population vit sur la rive droite, l’insuffisance de la capacité de transfert entre les deux rives du fleuve et la faible capacité de stockage d’eau, en particulier dans les zones hautes de la ville.
La disponibilité et la qualité du service s’en ressentent avec un développement faible et inégal de l’accès par branchements domiciliaires qui ne profite qu’à seulement 40 % de la population de la ville, et une pression insuffisante dans les réseaux de distribution qui est à l’origine d’interruptions fréquentes du service, en particulier sur la rive droite où la moitié des abonnés est touchée.
Le projet doit démarrer en février prochain pour s’achever en décembre 2018.
L’Association internationale de développement (IDA) est une institution de la Banque mondiale chargée d’aider les pays les plus pauvres du monde en leur accordant des prêts (appelés « crédits ») et des subventions pour la mise en œuvre de projets et de programmes visant à stimuler la croissance économique, à atténuer les inégalités et à améliorer les conditions de vie des populations pauvres. L’IDA est ainsi l’un des principaux bailleurs d’aide aux 82 pays les plus déshérités de la planète, dont 40 se trouvent en Afrique. Le volume annuel de ses engagements est en constante augmentation et a représenté en moyenne 15 milliards de dollars (7500 milliards de Fcfa) au cours des trois dernières années, 50 % de ce montant environ étant destiné à l’Afrique.
Mali-Banque mondiale : LANCEMENT D’UNE NOTE DE STRATEGIE INTERIMAIRE 2014-2015
Les travaux de la revue conjointe 2013, du portefeuille des projets et programmes financés par la Banque mondiale dans notre pays qui avaient débuté mercredi, se sont achevés le lendemain au siège de la représentation locale de la Banque à Bamako.
La deuxième journée a été essentiellement marquée par le lancement de la Note de stratégie intérimaire (NSI) 2014-2015 de la Banque pour le Mali. Ce lancement était présidé par le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko.
Cette stratégie, selon le directeur des opérations de la Banque au Mali, Ousmane Diagana, traduit l’engagement de l’institution financière internationale dans notre pays. Elle porte sur les projets et programmes à mettre en œuvre dans les deux prochaines années à venir.
La Note de stratégie intérimaire qui était au centre des débats, a été préparée par une équipe du Groupe de la BM dirigée par Paola Ridolfi et Mme Bouaré Fily Sissoko (qui travaillait alors pour la Banque) sous la direction de Ousmane Diagana, directeur pays. Elle a également été élaborée avec la participation des nationaux et des partenaires opérant au Mali.
En mars 2013, la note a fait l’objet de concertations avec un large éventail d’acteurs nationaux et locaux à Bamako. Elle a un triple objectif : identifier et analyser les facteurs qui ont conduit à la crise multidimensionnelle qu’a connu le Mali en 2012 ; faire des propositions visant à restaurer la crédibilité des institutions ; relancer l’économie et assurer l’accès équitable des citoyens aux services ; et enfin mettre à la disposition du pays divers instruments d’analyse, de financement et de partenariat pour combattre les causes de la fragilité et éliminer la pauvreté.
La Note de stratégie intérimaire couvrant les exercices budgétaires 2014 et 2015 de la Banque mondiale (l’exercice budgétaire de la BM court du 1er juillet et au 30 juin) propose un programme sélectif visant à appuyer la relance post-conflit et la réalisation des objectifs de développement à long terme sous-tendue par une évaluation de la fragilité.
Le programme s’articule autour de trois axes prioritaires : oeuvrer pour une responsabilisation accrue et une stabilité à long terme ; protéger le capital humain et renforcer la résilience ; créer les conditions de la relance économique.
Au nombre des instruments prévus pour le financement du programme figurent des crédits et dons IDA (Association pour le développement international, une branche du Groupe de la Banque mondiale) alloués aux opérations destinées à l’appui de réforme et d’investissement pour soutenir les programmes tant nationaux que régionaux et les fonds fiduciaires du Fonds pour l’environnement mondial et d’autres fonds fiduciaires administrés ou financés par la Banque.
Le programme de la Note de stratégie intérimaire prévoit, aussi une opération d’appui budgétaire et une opération d’investissement par an.
Outre les fonds fiduciaires en vigueur à l’heure actuelle, la Banque mondiale pourrait mobiliser le financement du Fonds pour la consolidation de la paix et de l’Etat ainsi que d’autres partenaires au développement dont le financement et l’assistance technique complètent les programmes de l’institution financière.
Celle-ci estime que la mise en œuvre de la présente Note de stratégie intérimaire pourrait connaître des difficultés à cause de la situation sécuritaire au Nord qui continuera probablement de constituer des contraintes au suivi et à la supervision de l’exécution du projet.