«Le FDR fait de la politique politicienne et pousse le mépris et l’amnésie jusqu’à oublier… Il (le FDR) sait très bien que le dossier du 30 Avril 2012, est une boîte de pandore… Ce procès sera le procès de la classe politique et de l’Armée… Le contrecoup d’Etat a été conçu, financé, planifié et exécuté avec la complicité de certains hommes politiques du FDR. Ils ont acheté et acheminé au camp para de Djicoroni deux containers, l’un contenant des armes et l’autre des vivres et rations alimentaires. Ils avaient planifié des manifestations de soutien après la prise de Kati… Oui Messieurs du FDR, il faut de la justice mais pas une justice à double vitesse, pas une justice vengeresse, pas une injustice de la justice… Ce n’est qu’une question de procédure et de temps… ».
Dans une correspondance qu’il nous a fait parvenir, un proche du Général Sanogo répond au FDR… Nous vous livrons le texte in extenso et sans commentaire
Dans un communiqué en date du 20 novembre et signé de son Porte-parole, le FDR se dit «choqué par la complaisance que manifeste le Gouvernement à l’égard du capitaine Sanogo qui donne l’impression d’être intouchable. Il nargue la justice depuis la mi-octobre en toute impunité alors qu’il doit s’expliquer sur la disparition et la mort de plusieurs dizaines de pères de familles dont les épouses et les enfants attendent que justice leur soit rendue».
La crise multidimensionnelle (politico- sécuritaire) du Mali a été gérée par des accords politiques signés (l’accord du 6 avril et celui du 20 mai 2012) entre l’ex CNRDRE d’une part et la CEDEAO d’autre part, pour permettre le retour progressif des institutions Républicaines.
Même si le Président de ladite institution, Son Excellence Alhassane Ouattara a dénoncé, quelques jours après une partie de l’accord du 20 mai 2012, à savoir: « Il a aussi et surtout été retenu la nécessité de définir, dans un meilleur délai, le rôle, le statut et les avantages à accorder aux membres du CNRDRE. A cet égard, et en particulier, le Président du CNRDRE bénéficiera des avantages accordés aux anciens Présidents de la République par la Loi. »
Malgré cette dénonciation, l’Accord est signé quand même par ses émissaires, Messieurs Yipènè Djibril Bassolé , Adama Bictogo, les Représentants des Institutions du Mali, Messieurs Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra en présence du Médiateur de la République M. Diango Cissiko et du Ministre délégué auprès du Ministre des affaires Etrangères de la République Fédérale du Nigéria. Il a été signé conformément aux décisions du Sommet Extraordinaire de la CEDEAO du 26 Avril 2012 d’Abidjan, pour prolonger le mandat des organes de la transition, permettant ainsi à M. Dioncounda Traoré de rester Président de la Transition après le délai constitutionnel légal.
Comme les Saints Allassane Ouattara et Yayi Boni voulaient faire le cas du Mali un exemple au risque de décrédibiliser leurs Institutions (UA et la CEDEAO) oubliant par la même occasion, le coût de la réputation et cela tout le monde sait pourquoi. Sinon, conformément à l’esprit et à la lettre de l’accord du 30 Avril 2012, pourquoi la CEDEAO a accepté de donner les avantages d’anciens Président par la loi au Président du CNRDRE ? Pour être plus explicite à la question de savoir : qui a dirigé le Mali entre le 22 mars et le 17 avril 2012 ? La réponse est sans ambiguïté.
Bref ce sont ces accords politiques qui ont permis au FDR de reprendre le pouvoir pendant la transition après leur contrecoup d’Etat manqué contre le CNRDRE.
C’est pourquoi aujourd’hui, pour se donner une bonne conscience, le FDR se dit choqué par la complaisance que manifeste le gouvernement à l’égard du Capitaine Sanogo qui donne l’impression d’être intouchable.
Le FDR est dans son rôle en tant que contre-pouvoir après son combat pour le retour à l’ordre constitutionnel contre ce que notre loi fondamentale qualifie de »crime imprescriptible » en s’attaquant à la constitution du Mali le 22 mars 2012 par un coup d’Etat. Même si une amnistie a été votée par l’assemblée nationale dont il était majoritaire que d’autres considèrent aujourd’hui comme nulle et non avenue, car votée sous les contraintes et les menaces des bidasses de Kati.
Mais pourquoi dans ce cas d’espèce, le FDR fait de la politique politicienne, pousse le mépris et l’amnésie jusqu’à oublier le principe sacro-saint de la démocratie dont il est le chantre à savoir, la séparation des pouvoirs comme disait Montesquieu dans « L’esprit des Lois » : « Il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice».
Finalement, l’on se demande à quoi rime tout ce cirque. S’acharner contre un homme pour une simple question de procédure dans une situation qu’on pourrait même qualifier de légitime défense.
Au même moment, d’autres acteurs du même dossier sont remis en liberté et le FDR envoie une délégation chez eux pour les saluer. Ces braves gens du FDR qui ont pratiquement tous été impliqués dans la gestion du pays pendant ces 20 dernières années, si prompts à la dénonciation, oublient que si on appliquait la justice à la tête du client, beaucoup d’entre eux n’auraient eu de voix aujourd’hui pour s’exprimer, au regard de leur passif.
Le FDR sait très bien que le dossier du 30 Avril 2012, est une boîte de pandore qui ouvre la porte à toutes les dérives possibles. Ce procès sera le procès de la classe politique et de l’Armée et ne fera qu’exacerber les divisions et les haines dans notre société. Les faits sont têtus.
Il serait reproché au capitaine Sanogo et à dix-sept(17) autres membres de l’ex CNRDRE des actes d’enlèvements, de tortures et d’assassinats sur vingt un (21) «Bérets-rouges» suite aux évènements du 30 Avril 2012.
Du 30 Avril 2012 à partir de 17 heures au 1er Mai 2012 au matin, les «Bérets-rouges» ont attaqué les positions de l’ex CNRDRE, à l’ORTM, l’Aéroport et la Garnison du camp «Soundiata Keita» de Kati. Bilan des attaques: trente-trois (33) «Bérets-verts» tués ainsi que deux (2) civils et de nombreux blessés.
Il est établi que le contrecoup d’Etat a été conçu, financé, planifié et exécuté avec la complicité de certains hommes politiques du FDR. Ils ont acheté et acheminé au camp para de Djicoroni deux containers, l’un contenant des armes et l’autre des vivres et rations alimentaires. Ils avaient planifié des manifestations de soutien après la prise de Kati. Or, en procédure pénale, le complice a la même peine que l’auteur des faits.
C’est pourquoi le Président de la Transition M. Dioncounda Traoré a demandé de régler cette question dans le cadre de la Réconciliation Nationale.
C’est vrai : nul n’est au-dessus de la loi et nul ne doit être mis au-dessus de la loi. Le Général Sanogo, en tant que citoyen de son pays doit répondre à la convocation de la justice de son pays pour quelque motif que ce soit. Cela doit cependant se faire dans les règles de l’art.
Ceux qui sont aujourd’hui animés de désir de vengeance peuvent-ils donner le nom de celui qui a gouverné le Mali du 22 mars 2012 à la signature de l’Accord-cadre ? Ne soyons pas amnésiques, de grâce !
Messieurs du FDR, tous les hommes sont semblables dans l’égalité de la mort ; les épouses et les enfants des deux camps attendent que justice leur soit rendue. Nous sommes tous sortis du ventre de femme et nous retournerons tous dans la nuit de la terre laquelle ne connait ni «Bérets-rouges », ni «Bérets-verts», ni FDR, ni islamo-putschistes.
Oui Messieurs du FDR, il faut de la justice mais pas une justice à double vitesse, pas une justice vengeresse, pas une injustice de la justice. Car l’injustice est une mère qui n’est jamais stérile et qui produit toujours des enfants dignes d’elle. Oui Messieurs du FDR, nous savons que devant l’injustice, les peuples en viennent très vite à ne pas plus faire confiance en leurs dirigeants et à défier l’Etat.
Ah, les amis ! Vous voulez faire comme Machiavel qui disait : «quand on veut enfoncer un homme il faut le faire de la manière qu’on ne puisse plus redouter sa vengeance» ?
Je vous demande d’avoir raison gardée et de laisser la justice faire son travail. Ce n’est qu’une question de procédure et de temps. Il ne faut pas que votre acharnement contre Sanogo et ceux que vous appelez les islamo-putschistes, dénature même le sens de la justice et crée un autre précédent très fâcheux dans notre pays.
Devant la situation dramatique de notre pays, tout homme digne de ce nom doit être désolé et indigné car on dirait que tout ce qui faisait de nous ce que nous sommes, se dégrade et se dénoue.
Le Mali ne gagnera jamais tant que nous continuerons ces jeux stériles en faisant des autres, le symbole même du naufrage de nos espérances. Ne soyons plus FDR, ni islamo-putschistes. Soyons maliens. Ne soyons pas maliens. Soyons hommes ! Soyons l’humanité. Soyons Opposition et Pouvoir dans le respect des principes.