A l’instar de la communauté africaine, notre pays a fêté samedi la Journée africaine de l’industrialisation célébrée chaque année le 20 novembre. Le thème retenu cette année retient la création d’emplois et le développement de l’entrepreneuriat comme moyens d’accélérer l’industrialisation.
Dans le cadre de ces festivités, l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI), en partenariat avec la direction nationale de l’industrie et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a animé au siège du Conseil national du patronat, une conférence débat sur les thèmes du développement de l’entrepreneuriat et de la sous-traitance, comme facteur d’accélération de l’industrialisation et de création d’emplois et le tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO, enjeux et perspectives pour les entreprises industrielles.
L’événement a été également marqué par une exposition des produits locaux et industriels des entreprises maliennes Fofy Industrie, Toguna Industrie, EMBAL-Mali, l’Eau minérale Diago, les Moulins du Sahel, etc.
La cérémonie d’ouverture, présidée par Boubou Cissé, le ministre de l’industrie et des mines, s’est déroulée en présence du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances chargé de la Promotion des investissements et de l’Initiative privée, Moustapha Ben Barka, et du président de l’Organisation patronale des industriels, Cyril Achcar.
La Journée de l’industrialisation de l’Afrique, faut-il le rappeler, a été décrétée par les Nations Unies à l’occasion de la proclamation de la deuxième décennie du développement industriel de l’Afrique, le 22 décembre 1989. Sa célébration permet d’aborder des problèmes liés au développement industriel durable et d’évaluer les stratégies d’atteinte des objectifs visant à faire des Africains des partenaires égaux.
L’objectif principal de la Journée est d’inciter les pays africains à s’engager dans le processus industriel et de susciter une prise de conscience au niveau international en faveur du développement industriel de l’Afrique.
Pour cette célébration dans notre pays, le bureau de l’OPI a élaboré un Livre blanc de l’industrie qui dresse la situation industrielle dans notre pays, recense l’essentiel des problèmes vécus par ses membres (80 unités) et propose une vingtaine de solutions.
Ce document de 8 pages, lu par Thierno Saikou Oumar Ba de l’OPI, établit que le Mali est le premier pays importateur de produits industriels de la zone UEMOA avec une balance commerciale fortement déficitaire de plus de 380 milliards de Fcfa.
Selon l’OPI, il existe dans notre pays 80 industries environ avec de petites unités proches de l’artisanat (huileries, boulangeries, petites imprimeries etc.). Selon des statistiques de la Direction nationale de la statistique et de l’informatique (DNSI) de 2010, le poids de l’industrie (manufacture) dans le PIB était seulement de 4 %. Seules 76 % des industries au Mali sont en activités et les 24% restantes sont liquidées où à l’arrêt. Bamako concentre les trois quarts des industries du Mali. Toujours selon le Livre blanc, en matière industrielle, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont beaucoup plus en avance que nous avec respectivement 6000 et 4000 industries.
Pour le président de l’Organisation patronale des industriels, l’industrie malienne souffre d’énormes difficultés, notamment la mauvaise application des textes communautaires et nationaux, la banalisation de l’industrie dans les actes, le manque de courage politique, le déficit de culture industrielle et la mauvaise gestion des entreprises industrielles.
Pour lutter contre ces maux et permettre au secteur de jouer pleinement son rôle dans le développement du pays, Cyril Achcar formule de nombres recommandations : la suppression de la taxe sur les activités financières, la réduction de la TVA à 5% uniquement pour les produits manufacturés, l’aménagement des zones industrielles et l’interdiction de l’attribution des parcelles à usage d’habitation dans les zones industrielles.
L’OPI, par la voix de Cyril Achcar, demande aussi à l’Etat et à ses partenaires une baisse du tarif de l’électricité, la création d’un fonds de garantie industriel, l’abaissement de l’impôt sur les sociétés à 25 % au lieu de 30 % actuellement, le plafonnement de l’IMF par palier et l’orientation de l’appui des structures publiques d’aide à l’emploi vers les principaux contributeurs.
Le ministre de l’Industrie et des Mines a admis les nombreuses insuffisances du secteur malgré les multiples efforts déployés en sa faveur. Boubou Cissé a précisé à ce propos que la politique du gouvernement dans le domaine industriel, est d’impulser le développement avec les initiatives privées pour accélérer la croissance tout en construisant une économie émergente et en créant des emplois.
En rendant hommage à l’OPI et à ses partenaires pour leurs efforts en faveur du développement industriel dans notre pays, le ministre a promis qu’une grande attention sera portée aux différentes préoccupations soulevées.