«Moussa Diarra était un homme de rigueur qui pratiquait un taekwondo propre». Président de l’Union malienne de taekwondo pendant plus d’une décennie, Mamadou Moussa Diakité connaît mieux que quiconque Maître Moussa Diarra qui a été arraché à l’affection du monde des arts, le jeudi 14 novembre dernier à l’âge de 62 ans. Pour lui, Maître Moussa, comme l’appelaient familièrement les pratiquants d’arts martiaux en général et les «taekwondokas» en particulier, est et restera à jamais un pionnier de la discipline, «un fidèle parmi les fidèles». «Tailleur de profession, je l’ai connu célibataire à l’Hippodrome où il avait loué un petit appartement, ensuite à Niaréla toujours comme locataire et enfin dans sa propre famille à Niamakoro avec son épouse et ses enfants. Rien que ce parcours prouve que Maître Moussa Diarra avait quelque chose de particulier», témoigne l’ancien président de l’Union malienne de taekwondo qui deviendra plus tard Fédération malienne de taekwondo (FEMAT). Né à Ségou en 1951 dans une «grande famille paysanne», aimait-il dire, Maître Moussa Diarra, ceinture noire, 6è dan a commencé sa carrière d’arts martiaux en 1972 au dojo de l’ex-Somiex dirigé à l’époque par Maître Raymond A. Malé. «A l’époque, raconte Maître Bakary Diawara dit Yankee coéquipier de Maître Moussa Diarra, il y avait environ une trentaine de pratiquants de taekwondo à Bamako. Plus tard, nous nous sommes, moi, Maître Aly Guindo, feu Alfousseïny Diarra et Maître Moussa Diarra, retrouvés chez Maître Canvel. Depuis notre groupe ne s’est plus quitté». Maître Yankee indique qu’après le départ de Canvel, le dojo sera dirigé par Maître Salia Tounkara, qui avait comme adjoint Maître Moussa Diarra. En 1984, les quatre jeunes combattants (Maîtres Bakary Diawara «Yankee», Alfousseïny Diarra, Aly Guindo et Moussa Diarra tous ceintures noires) forment la première équipe nationale du Mali et participent à un tournoi international qui s’est déroulé à Yamoussokro en Côte d’Ivoire. «Je me rappelle encore, nous sommes partis en Côte d’Ivoire par la route et c’est le président Mamadou Moussa Diakité qui a financé de sa poche le voyage de la sélection», indique Maître Yankee. «C’est ce tournoi qui a permis au taekwondo malien de se faire connaître, renchérit Mamadou Moussa Diakité. Après la compétition, les gens ont été unanimes pour dire que les quatre combattants maliens ont produit le meilleur taekwondo», ajoutera l’ancien président de l’Union malienne de taekwondo. En 1990, le groupe formé par le quatuor se sépare, suite à l’élection d’un nouveau président à la tête de la fédération. Maître Moussa Diarra décide de quitter l’instance dirigeante du taekwondo national pour créer la Fédération nationale de taekwondo du Mali (FENATAM). «Il a quitté la fédération, mais n’a jamais rompu les contacts avec le reste du groupe. Presque tous les mois, on se rencontrait. Maître Moussa était un homme de principe. Lui voulait le maintien de Mamadou Moussa Diakité à la tête du taekwondo, alors que la transition était déjà en marche. Le président sortant lui-même était d’accord pour céder son fauteuil», explique Maître Aly Guindo. Le «conflit» va durer près d’une décennie et c’est seulement en novembre 2012 que Maître Moussa Diarra décide de réintégrer la grande famille du taekwondo, suite à la médiation du Comité national olympique et sportif. «Je me rappelle encore les propos qu’il a tenus le jour de son retour au sein de la famille du taekwondo. Il (Maître Moussa Diarra, ndlr) a dit que cela ne devait jamais arriver et qu’il faut faire en sorte que la nouvelle génération ne sache jamais que la famille du taekwondo avait été divisée. Ensuite, il a pleuré», raconte Maître Aly Guindo. Maître Moussa Diarra qui luttait déjà contre la maladie, fera quelques apparitions sur le tatami, avant de quitter définitivement les siens le jeudi 14 novembre. 24h plus tard, il sera conduit à sa dernière demeure au cimetière de Niamakoro où repose également Maître Alfousseïny Diarra. Dors en paix Grand Maître !