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Cheick Modibo Diarra : le salaire de la sujétion et de l`immobilisme
Publié le mardi 10 juillet 2012   |  L'Indépendant


Le
© AFP par AHMED OUOBA
Le Premier ministre par intérim Cheikh Modibo Diarra, reçu par le président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré


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Dr Cheick Modibo Diarra a été peut-être un bon navigateur interplanétaire pour la NASA mais, comme Premier ministre nanti de "pleins pouvoirs" pour sortir le Mali de la plus grave crise politico-sécuritaire de son histoire post-indépendance, il a fait preuve, jusqu'ici, d'une médiocrité affligeante.

Cette situation s'explique par deux facteurs. Le premier est l'accointance trop marquée, pour ne pas écrire la totaie sujétion de l'homme aux mutins putschistes de Kati et à leurs "associés civils" bien que leurs agissements anti-démocratiques et anti-nationaux soient rejetés par la majorité des Maliens et décriés par la communauté internationale unanime. On a ainsi vu Cheick Modibo Diarra tourner le dos à la formation d'un gouvernement d'union nationale prescrite par l'accord-cadre du 6 avril 2012 signé entre la CEDEAO et l'ex-CNRDRE, tout simplement pour ne pas courir le risque de contrarier les militaires.

Ceux-ci avaient, en effet, clamé haut et fort qu'aucun cadre ayant occupé une position de premier plan au sein de l'administration, au cours des deux dernières décennies, ne figurerait dans le gouvernement. Conséquence de cet ukase, l'actuel gouvernement, constitué pour la plupart d'illustres inconnus, peu familiers des affaires publiques, manque de repères.et peine à trouver grâce auprès de la classe politique qui ne s'identifie pas à lui.

Pour préserver leurs petits intérêts personnels aussi longtemps que possible bien plus que la souveraineté du Mali dont il reste peu de chose après l'occupation de plus des 2/3 du territorial national par les bandes armées rebelles et leurs alliés terroristes d'AQMI, les putschistes du 22 mars s'étaient opposés à l'envoi de troupes de la CEDEAO, arguant que l'armée malienne a besoin de "logistique" et non de soldats. Résultat, Cheick Modibo Diarra s'est transporté au sommet de la CEDEAO à Dakar pour plaider qu'une éventuelle intervention de l'organisation sous-régionale soit liée à une "requête préalable des autorités de Bamako". Or, comme il est établi que celles-ci lui sont déjà hostiles...

Toujours prompt à obéir au doigt et à l'œil à ceux qui ont renversé le président légal ATT, livré le nord du pays aux bandes armées et aux salafistes maghrébins et ouest-africains et porté un coup d'arrêt tragique à la démocratie malienne, jusque-là saluée comme un modèle en Afrique, Cheick Modibo Diarra a observé d'un regard placide les vagues d'enlèvements, de séquestrations voire de disparitions qui ont frappé ou emporté des dizaines de personnalités civiles et militaires.

Et, puisqu'un certain capitaine Amadou Aya Sanogo, inconnu au bataillon jusqu'au 22 mars dernier, avait promis de faire juger pour indélicatesse financière une partie de ce beau monde, revoilà Cheick Modibo Diarra qui enfile ses grosses babouches et part à la chasse aux corrompus et détourneurs de deniers public, sous le couvert d'une opération d'audit des services publics non inscrite dans son agenda.

L'autre facteur du désenchantement des Maliens à l'égard de leur compatriote en qui ils avaient placé tant d'espoirs pour les tirer de la mauvaise passe actuelle est, précisément, son immobilisme face à l'impératif de la libération du nord du Mali, la plus pressante des deux missions prioritaires qui lui ont été assignées. En plus de trois mois d'occupation, pas un seul coup de feu n'a été tiré par l'armée malienne, ne serait-ce que pour prouver qu'elle existe encore. Les populations de Gao, Tombouctou, Kidal sont abandonnées à elles-mêmes et au désespoir. Les groupes d'autodéfense se multiplient mais n'ont pas un Etat derrière eux pour les encadrer et les soutenir.

Le gouvernement se contente de condamnations verbales et de communiqués laconiques quand des mosquées vieilles de sept siècles sont démolies et des tombes de saints et d'érudits en sciences islamiques profanées à coups de piques et de haches. D'où la colère légitime des nombreuses associations de ressortissants du septentrion qui réclament ouvertement le retrait de Cheick Modibo Diarra de la tête du gouvernement. Devant tant d'errements, de compromissions et d'inefficacité, la CEDEAO ne pouvait que prendre ses responsabilités en retirant sa confiance en Cheick Modibo Diarra.

Ce n'est pas plus lui qui jouera les premiers rôles dans la Transition (formation du gouvernement d'union nationale, élaboration d'une feuille de route de sortie de crise) mais le Pr Dioncounda Traoré. Avec ces dernières recommandations formulées à Ouaga, le chemin de sortie est tout indiqué pour lui. A lui de l'emprunter pour ne pas y être contraint.

Saouti HAIDARA

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