Ainsi, dans la nuit du 21 au 22 septembre 2012, elle se rendit avec l’enfant alors âgé de huit mois dans un jardin situé à Faladié. C’est là qu’elle le jeta dans le puits d’un jardinier qu’elle avait auparavant repéré. Après son forfait, elle regagna le domicile de l’une de ses amies à Banankabougou, en se comportant comme si de rien n’était.
Quelques jours plus tard, le propriétaire du jardin découvrit le cadavre, en état de putréfaction très avancée à l’intérieur d’un de ses puits. Le corps se révéla être celui du fils de Marie Dakouo, laquelle était une habituée des lieux.
Alertée, la police ne tardera pas à situer les responsabilités après avoir interpellé Marie. En effet, lors de l’enquête préliminaire comme ce sera le cas pour les étapes subséquentes de la procédure, elle affirma avoir volontairement jeté son enfant dans le puits après avoir pleinement nourri ce dessein. Les faits, tels que ci-dessus relatés, s’analysent en assassinat à l’encontre de Marie Dackouo.
Lors de sa comparution devant les assises, l’accusée Marie Dakouo a reconnu les faits sans ambages comme à toutes les étapes de la procédure. Elle a justifié son acte ignoble en expliquant : « C’est le désespoir qui m’a poussé à commettre ce crime. J’ai été rejetée par ma patronne et celle qui devait me protéger m’a également repoussée à cause de mon enfant. Tous me disaient qu’à cause de cet enfant, je ne pourrais pas travailler quelque part. C’est ainsi que j’ai mûri l’idée de m’en débarrasser afin de pouvoir trouver du travail ». A la question du président de savoir si l’auteur de la grossesse et ses parents ont été informés de sa naissance, elle répondit: « Après mon accouchement, ma patronne a informé le père qui vit à Ségou. Il a refusé de reconnaitre la paternité de l’enfant. J’ai eu peur de le dire à ma mère, car elle n’allait pas m’accepter pour la simple raison que j’ai un fiancé à Koutiala ».
Lors de l’audience, Marie Dakouo s’était présentée avec une fillette à la barre. La curiosité amena les juges à lui poser encore la question de savoir si cet enfant lui appartenait. Elle répondit affirmatif.
Face à cette situation où la Cour avait en face d’elle une mère qui a tué son premier né et qui en a un second, le ministère public, représenté par Mahamadou Bagayogo a exprimé son inquiétude. Selon lui, qu’est-ce qui prouve que le bébé qu’elle tient ne va pas connaitre le même sort que son premier au cas où on lui accordait des largesses. Il a sollicité la Cour de lui infliger une peine à la mesure de son forfait.
Le Conseil de l’accusée, Me Mamadou Camara a soutenu que sa cliente a été victime d’exode rural, d’exclusion et de la précarité sociale. Pour lui, compte tenu de la sincérité de l’accusée qui a soutenu les mêmes propos tant à l’enquête préliminaire qu’à la barre, elle doit obtenir la clémence de la Cour voire une peine assortie avec sursis. La Cour dans sa sagacité, après les débats, a situé la responsabilité de Marie Dakouo tout en lui accordant le bénéfice des circonstances atténuantes. Malgré cette bonté des membres de la Cour, elle a été condamnée à 5 ans de prison ferme.
Bandiougou DIABATE