Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Républicain N° 4747 du 27/11/2013

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Fatou Jagne Senghore, Directrice régionale de Article 19 / « L’Etat doit prévenir les actes de violence contre les journalistes »
Publié le vendredi 29 novembre 2013  |  Le Républicain


© aBamako.com
Presse: Forum Régional sur la protection de l`espace civique des journalistes et défenseurs des droits humains au Mali.
Bamako, du 20 au 21 novembre 2013. La maison de la presse a abrité ce matin l`ouverture du Forum Régional sur la protection de l`espace civique des journalistes et défenseurs des droits humains au Mali.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier



TIC

En marge du forum que l’Article 19 a organisé à Bamako, les 20 et 21 novembre 2013, sur « La protection de l’espace civique des journalistes et des défenseurs des droits humains au Mali », nous avons rencontré la Directrice régionale de cette Organisation de défense de la liberté d’expression. Fatou Jagne Senghore explique les temps forts qui ont marqué ces journées de dialogue avec les acteurs de la société civile, notamment les femmes et les jeunes, mais aussi les hommes de média. Des messages ont été adressés aux pouvoirs publics et aux institutions africaines et internationales comme l’Union africaine, la CEDEAO, la MINUSMA.
Républicain : Quels ont été les messages forts du forum que vous avez organisé à Bamako ?
Fatou Jagne Senghore : Nous nous sommes réunis pendant deux jours, les 20 et 21 novembre à Bamako, pour faire d’abord un pré-forum sur la question de la prospection de l’espace civique du journaliste et des défenseurs des droits humains. Nous avons discuté d’abord avec les jeunes et les femmes par rapport aux questions de protection. Nous savons que les questions de liberté d’expression sont aussi celles des droits humains, mais souvent, on oublie les jeunes et les femmes. Quand on opprime les femmes dans le nord parce qu’elles doivent apparaitre d’une certaine façon, on estime que c’est une violation de la liberté d’expression. Quand on détruit les édifices historiques qui sont une expression culturelle d’un peuple, on estime que c’est une violation de la liberté d’expression. Tout ça, nous avons estimé qu’il était important que les gens regardent cette perspective. Ce qui nous marqué ici au Mali, c’est les violences contre les journalistes. Vous vous rappelez l’affaire du confrère Boukary Daou a mobilisé toute la communauté internationale.
Le contexte conflictuel complique davantage la situation?
Nous nous sommes dit que même s’il y a conflit, on doit protéger la sécurité nationale. Il faut un mécanisme fort pour protéger les journalistes qui sont aussi des défenseurs de droits humains. Nous avons passé en revue, une panoplie de questions clés si on veut que la paix et la reconstruction de ce pays soit réelle, pour que le droit des uns et des autres soit respecté et que les journalistes et les défenseurs des droits humains puissent avoir la latitude de travailler et de protéger, et pour que l’information soit juste et équitable. Le message fort était de lancer un appel à l’Etat malien par rapport à ses obligations internationales d’être le premier protecteur des citoyens et des personnes qui se trouvent sur son territoire. L’Etat doit prévenir ces actes de violence contre les journalistes. L’assassinat des deux journalistes de Rfi a été regretté et dénoncé. Que l’Etat poursuive les auteurs de crime contre les journalistes.
Sur ce plan quel tableau peut-on dresser ?
L’année dernière, il y a eu des saccages d’organes de presse, des journalistes ont été tabassés. Boukary Daou qui a été emprisonné illégalement de manière arbitraire et qui a subi des actes inhumains et dégradants. Tous ces actes n’ont jamais été punis. Nous estimons que l’impunité renforce les violences. Lorsqu’il y a impunité, il n’y a pas de paix. Voilà les messages qu’on voulait lancer au gouvernement afin de prévenir, mais pour poursuivre les auteurs de telles atrocités et les punir pour servir d’exemple et mettre en place un mécanisme protecteur pour que les journalistes et des défenseurs des droits de l’homme se sentent en liberté et en sécurité. Nous avons lancé un message fort à l’égard d’autres institutions notamment à l’Union Africaine, la Cedeao, la Minusma, pour dire qu’elles ont une obligation dans le cadre de protection ; de protéger la paix dans ce pays, d’associer les journalistes, et les défenseurs des droits, de leur permettre de couvrir les événements. Que le peuple malien puisse savoir ce qui se passe, et de les protéger contre les attaques, les violences et les intimidations qu’ils connaissent dans l’exercice de leurs fonctions.
Quel était l’Intitulé du Forum et deux jours ont-ils suffit?
Le forum était intitulé « La protection de l’espace civique des journalistes et des défenseurs des droits humains au Mali ». Sa durée était de deux jours, mais avant nous avons une mission qui était là depuis quelques semaines pour faire une évaluation des risques et de la question de sécurité des journalistes. L’objectif est d’avoir un peu plus de substance par rapport aux autres cas dans le nord et dans les autres zones, pour pouvoir évaluer de manière objective, tous les autres risques qui ne sont pas dits ni très médiatisés. Il s’agit de voir comment on peut travailler avec les journalistes maliens et les défenseurs, pour mettre en place avec eux un plan d’action qui pourrait nous permettre en tant qu’organisation, de renforcer les capacités, mais aussi de soutenir les défenseurs pour qu’ils ne soient pas facilement victimes de crime contre la liberté d’expression.
D’autres forums de ce genre sont-ils prévus ?
Nous avons prévu une formation spécialisée régionale pour la protection. Nous en avons fait il y a deux mois dans le sud du Sénégal en Casamance, où il y a aussi des difficultés à accéder à certaines zones, avec des journalistes de la Gambie et de la Guinée Bissau. Nous allons faire la même chose ici au Mali avec quelques journalistes du Niger et du Nigéria pour des raisons que vous savez : ces journalistes sont tous menacés. Des mouvements terroristes qui empêchent les uns et les autres de s’exprimer et de donner une information juste dans certaine zones. Nous avons pensé que parmi les trois pays, il y a une similitude par rapport aux violences contre les journalistes et les défenseurs. Nous allons organiser une formation spécialisée pour ces trois pays ici à Bamako, dans les semaines prochaines. La formation sera faite avec le spécialiste de notre bureau de Mexique, qui a une expertise sur les questions de protection parce qu’ayant été l’un des premiers bureaux de l’institution à beaucoup travailler sur les questions de protection, du fait de la situation très grave au niveau du Mexique. Nous allons travailler avec des experts reconnus au niveau de l’Article 19 et au niveau de nos partenaires dans la sous région.
Avez-vous un message ?
Je pense que les journalistes sont au cœur du dispositif d’une démocratie. Pour que ces derniers puissent travailler et créer ce qu’on appelle l’équilibre, aider la population à avoir une information juste, il faut qu’ils soient protégés et qu’ils ne vivent pas dans la peur. Parce que si vous avez peur vous ne pouvez pas faire votre travail. Lorsque vous êtes menacés vous ne pouvez pas être libre. Nous ne voulons pas l’auto censure. Aujourd’hui on a besoin de savoir la vérité au niveau du conflit au Mali et les populations doivent pouvoir se réconcilier, mais pour que la réconciliation puisse être effective, il faut que la vérité éclate et que les gens sachent ce qui s’est passé, comment pourraient-ils contourner ces genres de difficultés. Les médias peuvent jouer un rôle clé par rapport à cette découverte de la vérité. Si ces derniers sont menacés la vérité ne pourrait pas éclater, et s’il n’y a pas de vérité, il n’y a jamais de paix.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo

 Commentaires