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L’Indépendant N° 3392 du 29/11/2013

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Roue libre – Mali : Souveraineté limitée
Publié le vendredi 29 novembre 2013  |  L’Indépendant




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En 1956, l’invasion de la Hongrie par les troupes du Pacte de Varsovie est venue brutalement rappeler aux dirigeants des pays d’Europe centrale et orientale qu’ils ont une dette énorme envers le pays des Soviets dont l’armée rouge les a libérés du joug hitlérien. Pendant quarante ans au moins, ils resteront sous tutelle communiste, derrière le rideau de fer. A Budapest les Soviétiques réprimèrent férocement le mouvement d’émancipation amorcé à l’égard du monde communiste.

En Tchécoslovaquie en 1968 la même tentative de libéralisation appelée » Printemps de Prague » fut tout aussi durement réprimée par les Soviétiques et le retour à la » normalisation » s’effectua rapidement à la tête du parti communiste. Dubcek fut remplacé par Gustav Husak. La Chine de Mao avait déjà pris ses distances avec son grand voisin de l’est à la suite des conflits frontaliers entre les deux pays. Elle dénonça les » traités inégaux » comme faisant la part belle au pays des Soviets. Pendant ce temps, le tyran de Bucarest, Nicolae Ceausescu appliquait un socialisme aux couleurs locales sans pour autant montrer des velléités contre l’URSS pendant que Tito avait rompu les amarres en construisant un socialisme à la Yougoslavie.

Il a fallu attendre la déstalinisation prônée par Khrouchtchev en 1956 pour voir un semblant de dégel entre est et ouest. Ni guerre chaude ni guerre froide, les deux grands entamèrent alors d’interminables négociations sur la réduction et la limitation des armes nucléaires. On parla alors de coexistence pacifique entre régimes sociaux différents. Les pays satellites profitèrent de ce nouveau vent qui souffle vers la liberté. Moscou leur lâcha la bride au cou. Ils pouvaient se mouvoir dans un carcan, mais sans jamais transgresser les frontières du communisme.

On parla encore de »souveraineté limitée » pour les pays d’Europe centrale et orientale un petit rappel historique pour signifier que la situation actuelle du Mali, toutes proportions gardées n’est pas si enviable que celle de ces pays anciennement d’obédience soviétique. Malgré un semblant de retour à la normale par des élections apaisées, côté sécuritaire, on est encore loin de voir le bout du tunnel. A preuve, deux journalistes français viennent d’être lâchement assassinés devant l’impressionnante armada internationale et la force Serval. Le pillage des forains a pris une ampleur à nulle autre pareille. Les massacres continuent dans les hameaux et fractions du nord. Les obus pleuvent sur Gao et Tombouctou. A Kidal même, le corps expéditionnaire malien est tombé dans un nid de guêpes.

Loin de nous, toute idée de recolonisation comme certains le disent, mais force est de constater que notre souveraineté nous échappe. Nous sommes mis sous tutelle de la communauté internationale. Mali : souveraineté limitée.

C’est bien notre sort aujourd’hui comme ce fut le cas des anciens pays communistes d’Europe centrale et orientale. Pire nos sauveurs sont devenus nos geôliers. Davantage encore quand ils se rendent complices des agissements des criminels du MNLA alliés des salafistes. La France en particulier nous poignarde dans le dos. A défaut d’être un protectorat français, Kidal a été transformée en bantoustan comme ce fut autrefois le cas du Ciskei et du Transkei en Afrique du Sud au temps de l’apartheid. Mais ce Zoulouland est l’enclave des hors-la-loi, des crapules, des flingueurs et de tous les êtres sataniques qui peuplent la terre.

On croyait que IBK allait traiter le problème différemment, mais par naïveté il fait pire que son prédécesseur. L’accord de Ouaga ne peut être pour le Mali une camisole de force. En effet, le mandemansa va de compromission en compromission. Sans contrepartie aucune, il a libéré des assassins alors que les parents des victimes pleurent dans leur chaumière.

Il a levé les mandats d’arrêt contre des criminels qui devaient être pendus comme des gibiers de potence. De quoi s’interroger désormais sur son slogan : » pas d’impunité, nul n’est au-dessus de la loi » ou c’est l’application de la politique des deux poids deux mesures. Dans son sillage, le RPM a pris le relais de l’ADEMA en donnant asile et immunité aux rebelles à l’assemblée à la faveur des élections législatives. Une incongruité dénoncée à juste titre par le FDR. Un adage bamanan dit que la pintade suit la nuque de celle qui la devance. Mais à suivre une pintade qui a le cou tordu, c’est aller tout droit dans le ravin. Les Maliens ne vont pas attendre, ils marchent déjà sur Kidal.

Mamadou Lamine Doumbia

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