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L’Indépendant N° 3392 du 29/11/2013

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Rapport d’Amnesty International sur le Mali : » Des soldats blessés…ont disparu après avoir été emmenés par des membres de la junte, à l’hôpital Gabriel Touré où ils étaient soignés « .
Publié le lundi 2 decembre 2013  |  L’Indépendant




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Le rapport d’Amnesty International intitulé : » Mali. Agenda pour les droits humains » a été dévoilé, le samedi dernier à la Maison de la presse par Salil Shetty, Secrétaire général de ce mouvement mondial qui se mobilise dans plus de 150 pays et territoires pour mettre un terme aux violations des droits de l’homme. Un rapport qui est tombé quelques jours seulement après l’arrestation puis l’inculpation par la justice malienne de l’ex-putschiste, le désormais » Monsieur Amadou Haya Sanogo « .

En plus du secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, accompagnés des chercheurs Salvatore Sagues et Gaetan Mootoo, assistaient à cette rencontre, des représentants locaux de cette organisation et des responsables du Collectif des parents et épouses des bérets rouges disparus. Après la présentation du rapport par le Secrétaire général d’Amnesty International, des parents et épouses des bérets rouges disparus ont fait des témoignages qui accablent le désormais » Monsieur » – le terme est du gouvernement- Amadou Haya Sanogo et ceux qui furent ses hommes de main jusqu’à son arrestation musclée le mercredi 27 novembre 2013.

En effet, dès l’introduction, le rapport souligne, parlant du coup d’Etat du 22 mars 2012 que » ce putsch militaire, dirigé par le capitaine Sanogo, a entraîné des violations graves des droits humains. De nombreux responsables politiques et militaires ont été arrêtés et détenus de manière arbitraire et un certain nombre de soldats et de policiers ont fait l’objet de disparitions forcées et de tortures « .

Pour corroborer ces informations, Amnesty International a révélé que des militaires ont été accusés par les forces de sécurité proches des putschistes et 21 d’entre eux ont disparu après avoir été enlevés de leur cellule au camp militaire de Kati – siège de l’ex-junte, dans la nuit du 2 au 3 mai 2012″. Le rapport ajoute que » deux de ces disparus, Abdoul Karim Kéïta et Youba Diarra, ont été montrés à la télévision malienne, le 30 avril 2012, deux jours avant leur enlèvement. Un cameraman les a filmés alors qu’un militaire leur posait des questions en relation avec le contre-coup d’Etat « .

Ce n’est pas tout. D’après toujours le rapport d’Amnesty » …un certain nombre de soldats blessés lors du contre-coup d’Etat ont également disparu après avoir été emmenés, le 1er mai 2012, par des membres de la junte, à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako où ils étaient soignés « .
En dépit des multiples démarches entreprises auprès des autorités maliennes, Amnesty International affirme qu’elle » n’a pu obtenir la liste de ces militaires ni établir le lieu où ils se trouvent « . En octobre dernier, le parent d’un des militaires disparus a déclaré à l’organisation internationale de défense des droits de l’homme qu’après la disparition de ce militaire « …nous avons pu lui rendre visite deux à trois fois au camp de Kati. Puis nous n’avons plus eu de ses nouvelles. La famille a porté plainte auprès d’un juge qui a déclaré qu’il allait faire des enquêtes pour retrouver les personnes portées disparues. Jusqu’à présent, les parents font le va-et-vient sans aucun résultat ».

Ledit rapport fait également cas de disparitions forcées perpétrées par les forces de sécurité maliennes avant et après l’intervention de l’armée française en janvier 2013.
Au vu de tout cela, Amnesty International rappelle dans ce document que » les disparitions forcées constituent de graves crimes au regard du droit international. La Convention internationale pour la protection des personnes contre les disparitions forcées a été ratifiée par le Mali, le 1er juillet 2009, mais n’a pas été incorporée dans le droit national. Cette Convention impose des obligations aux Etats parties afin qu’ils prennent des mesures efficaces en terme de législation et de pratiques nationales afin de prévenir les disparitions forcées, traduire leurs auteurs en justice et assurer une entière réparation aux victimes.

Dans un communiqué rendu public ce jour-là, Amnesty International a demandé aux autorités maliennes de libérer immédiatement » cinq enfants qui sont maintenus en captivité depuis plus de sept mois dans un centre de détention militaire « . Selon le communiqué, une délégation d’Amnesty International conduite par le secrétaire général, Salil Shetty, a rencontré les cinq adolescents, âgés de 15 à 17 ans, dans le centre de détention du Camp 1 de la gendarmerie, à Bamako.

La CPI invitée à se saisir de l’ensemble des crimes commis

En terme de recommandations, Amnesty International appelle les autorités maliennes à, entre autres, ouvrir des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes dans tous les cas où il existe des motifs raisonnables de croire qu’une personne a été victime d’une disparition forcée ; relever de ses fonctions toute personne raisonnablement suspectée de s’être rendue coupable de disparition forcée, ou d’y avoir participé, jusqu’à ce que les allégations la concernant fassent l’objet d’une enquête rapide et approfondie, indépendante et impartiale, conformément aux instruments internationaux ; engager sans délai, chaque fois qu’il existe des preuves recevables suffisantes, des poursuites contre toutes les personnes soupçonnées d’avoir commis ou participé à des disparitions forcées et veiller à ce que les victimes directes de disparitions forcées et/ou leurs proches puissent bénéficier de toutes les formes de réparation adéquate et effective, y compris des mesures de restitution, d’indemnisation, de réadaptation, de satisfaction et de garantie de non-répétition. Ces mesures de réparation doivent inclure des explications sur les faits survenus afin que les familles puissent savoir ce qui est arrivé à leur proche.

Après l’intervention du secrétaire général, l’assistance a eu droit aux témoignages palpitants de la présidente du Collectif des parents et épouses de bérets rouges disparus, Mme Sagara Bintou Maïga, et de Mme Cissé qui n’a plus revu son mari, le lieutenant Kola depuis les événements du 30 mai-1er avril 2012. A ce jour-là, le nombre total de disparus serait de 32 personnes, selon des sources proches des victimes.

Amnesty International a rappelé qu’en » juillet 2012, les autorités maliennes ont remis à la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) un courrier dans lequel elles lui soumettaient la situation au Mali, en indiquant que les autorités nationales étaient dans l’impossibilité d’enquêter sur ces crimes et d’engager des poursuites contre les individus présumés responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis dans le nord du Mali « .

Compte tenu d’éventuelles menaces qui pourraient être exercées sur eux, le secrétaire général d’Amnesty International a recommandé que le gouvernement mette en place une structure à même de garantir la protection des témoins.
Mamadou FOFANA

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