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Mini Sommet Ouaga II : Entre mensonges et faux-semblants
Publié le mercredi 11 juillet 2012   |  L'Indicateur Renouveau


Mini-Sommet
© AFP
Mini-Sommet de la CEDEAO


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Le coup d’Etat du 22 mars, au delà du désastre économique et social qu’il a engendré, continue de révéler un nouveau type de Maliens chez qui la haine gratuite le dispute à l’indignation sélective. Sinon comment comprendre que ceux qui s’étaient bien accommodés de la nomination de Cheick Modibo Diarra avec la caution de la Cédéao via le médiateur soient les mêmes à s’arracher les cheveux au prétexte que la classe politique s’est rendue au Burkina pour un sommet sur le Mali dont l’une des conclusions est la formation d’un gouvernement inclusif pour prendre en charge, enfin, les tâches de la transition politique dans notre pays.

Ces donneurs de leçons, vautrés dans un protonationalisme étroit, ressemblent à une vraie cour des miracles fédérée par des sentiments qui ont pour noms: la perte de positions acquises, la peur des poursuites judiciaires, la frustration et tutti quanti.

Commençons par le Premier Ministre de pleins pouvoirs qui, deux semaines plus tôt, affichait un sourire épanoui aux côtés du Président du Faso à qui il était venu dire que « le gouvernement du Mali n’a ni peur ni honte de négocier avec les frères du Nord ». Entre parenthèses, ce discours si agréable à l’oreille du médiateur à été tenu au moment ou le MNLA n’était pas passé à la trappe. Et on peut tout dire ou penser de Blaise sauf qu’il déteste Cheick Modibo DIARRA. Pendant des années, le » navigateur interplanétaire » à eu table ouverte au Palais du Burkina où le Président COMPAORE multipliait les gestes d’adoubement qui ont culminé jusqu’au choix de CMD comme « Parrain du FESPACO 2009″, tribune à laquelle aucun Malien n’a jamais eu droit. C’est sans doute au nom de ce lien que la candidature de Cheick Modibo à la Primature à été préférée à celle d’un homme d’expérience comme Ousmane Issoufi Pinochet qui figurait sur la liste des choix et qui alliait la réputation de fermeté à une bonne connaissance du Nord dont il est originaire.

Que le Burkina et la CEDEAO retirent leur confiance à cet homme doit plutôt nous amener à réfléchir et non à alimenter un climat délirant de complot contre le Mali. En faisant parler les faits, la CEDEAO est arrivée à la conclusion que le Premier Ministre et son gouvernement sont absolument incompétents dans la gestion des deux dossiers prioritaires de la transition: la reconquête du nord et l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes.

Plus de deux mois après le démarrage d’une transition de douze mois, les Maliens cherchent encore avec la torche un début de feuille de route pour être fixés sur les moyens d’atteindre les objectifs fixés à l’équipe CMD. En lieu et place, on a assisté à un théâtre d’ombre où l’amateurisme le dispute à l’improvisation. Passés les deux à trois premiers conseils des ministres qui ont planché sur de vrais dossiers (sans doute les reliquats de l’ère ATT en attente au Secrétariat général du gouvernement), on assiste depuis à des Conseils des ministres ayant un seul point à l’ordre du jour: les mesures individuelles!

La CEDEAO est tout aussi indignée de la gestion des suites de l’agression du Président par intérim. Au soir de l’agression, le PM de pleins pouvoirs avait dits qu’il avait compris le message des manifestants. Nous, on ne comprend toujours pas que le menu fretin mis en cause ait été libéré sous caution et que les commanditaires ne soient nullement inquiétés à ce jour.

Sur l’occupation du Nord du Mali et ses conséquences chaque jour plus tragiques, le gouvernement est devenu une machine à communiqués oscillant entre l’indignation convenue et le ridicule des menaces de poursuites contre Ancar Dine au moment où les agresseurs de Dioncounda courent toujours.

Voilà le triste bilan du gouvernement CMD en faisant l’économie des graves violations des droits de l’homme à l’actif de la junte et qui n’ont jamais fait l’objet de condamnations; elles ont au moins le mérite de montrer la limite des « pleins pouvoirs ».

S’agissant de la COPAM, on comprend ses imprécations contre la CEDEAO depuis que ses leaders sont dans le collimateur de l’organisation sous-régionale pour être connus et reconnus comme les instigateurs de la tentative de meurtre du président par intérim. Un déploiement militaire de la CEDEAO pourrait mettre les juges en confiance et leur donner le courage de demander des comptes à Oumar MARIKO, Amion guindo et tous ceux sur qui pèsent des soupçons graves et concordants dans l’affaire Dioncounda.

IBK aussi n’est pas content du sommet de Ouagadougou 2. Après les inepties de Nancoma au premier round, il a bien fait de ne pas rééditer le coup. Plus sérieusement, IBK se complait bien dans une situation qui éloigne de la scène politique ses rivaux les plus dangereux dont Soumaila CISSE et Modibo SIDIBE. Le patron du RPM est convaincu que les putschistes travaillent à l’installer au pouvoir à l’issue d’une transition sous contrôle militaire. L’autre bonne ou mauvaise raison pour IBK de défier la CEDEAO, c’est la relation exécrable qu’il entretient avec le président de l’organisation sous-régionale, Alassane OUATTARA, en raison de ses accointances avec Laurent GBAGBO.

Les Maliens se souviennent sans doute des déclarations du leader du RPM, au plus fort de la crise chez notre voisin du Sud, affirmant que les Maliens n’avaient pas subi d’exactions, voyant peut être dans ses accusations une tentative de discréditer son ami Laurent KOUDOU. GBAGBO à la Haye, c’est un gros bailleur électoral de moins pour IBK qui ne dédaigne pas, faut-il le rappeler l’argent des dirigeants « étrangers » pour conquérir le Mali. En un mot comme en cent, le souci du Mali n’a rien à voir avec les attaques de IBK contre la CEDEAO. C’est un banal calcul politicien qui explique son positionnement.

Mahmoud DICKO, président du Haut Conseil Islamique, restera comme celui qui a fait des pieds et des mains pour jouer un rôle de premier plan dans la transition. En vain. Dans cette quête frénétique, il a été un des tout premiers responsables à donner sa bénédiction à la junte à l’occasion d’une audience fort médiatisée où il saluait le patriotisme de la junte. Il déploiera plus tard un trésor d’imagination auprès du médiateur pour la levée des sanctions et fut un des acteurs majeurs de la rencontre de Ouagadougou 1. Les mauvaises langues rapportent qu’il rêvait de diriger une sorte de conseil de la république pour chapeauter le gouvernement de transition. Les Maliens firent non seulement peu sensibles à cette agitation, mais ils accordèrent plutôt les faveurs de leur jugement à Monseigneur ZERBO, Archevêque du Mali, pour diriger cette phase difficile de notre histoire, un honneur que l’intéressé a récusé avec élégance et fermeté, expliquant que sa place et son utilité de pasteur étaient ailleurs.

Ce qui est surtout intéressant à noter avec Mahmoud DICKO, c’est la méfiance que son activisme politique suscite au sein de la communauté musulmane. Ils sont nombreux à redouter une instrumentalisation de la foi à des fins politiques inavouées. On attendait une dénonciation en règle des crimes commis au Nord au nom de la religion, sans entendre à ce jour une voix audible, encore moins une marche. C’est à croire que le Code de la Famille est plus répréhensible que le saccage de lieux de culte musulmans. D’aucuns ont soutenu que l’homme roule pour IBK. DICKO a probablement plusieurs fers au feu, mais il roule d’abord pour lui- même.

Maître Mountaga TALL est lui toujours pris au piège de ses propres contradictions. Malgré que la terre se dérobe chaque jour un peu plus sous ses pieds, que son aura et son audience baissent continuellement, Me TALL à choisi de demeurer une tête de fourmi plutôt que de devenir une queue de lion. Chaque événement de la vie nationale devient pour lui enjeu de calcul. Il avait vu dans le coup d’Etat, le coup de grâce aux grands Partis et donc une occasion de monter en puissance avec le soutien de son compatriote de Ségou, le capitaine SANOGO. La réalité a rattrapé cette nième illusion. Le célèbre avocat est désormais réduit au grand écart entre les thèses de la COPAM et les positions du FDR.

Ce tour d’horizon n’est pas exhaustif mais il dévoile le jeu mesquin de ceux qui ont décidé de prendre en otage le patriotisme pour en faire un moyen de préservation de position (le gouvernement), un bouclier contre la justice (la COPAM), ou un tremplin vers le pouvoir (IBK, Me TALL, Mahmoud DICKO). Il est encore temps pour les uns et les autres de parler en leurs noms et non en celui de tous les Maliens.

Amadou Demba Tall

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