Administrateur civil de formation, journaliste dans l’âme et actuel Directeur régional du Travail à Mopti, Houday Ag Mohamed retrace les durs moments de l’occupation armée du nord dans un livre intitulé : « Tombouctou 2012, la ville Sainte dans les ténèbres du Jihadisme ».
Dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien l’Indépendant, Houday Ag Mohamed développe avec tact la crise qu’a connue dans le septentrion sous l’occupation des jihadistes. Selon lui, ce livre est le résultat d’une tragédie factuelle douloureusement vécue par les Maliens et, particulièrement, les populations du nord.
Il porte à la connaissance des Maliens ce qui s’est réellement passé aux toutes premières heures de l’occupation de la ville de Tombouctou par les jihadistes. «J’ai personnellement vécu minute par minute, heure par heure, jour par jour, ces pénibles moments aux côtés de mes frères du nord. Je me suis alors dit que nous vivons des pans décisifs de l’Histoire de la ville de Tombouctou, du Mali et qui ne sauraient être occultés. Par patriotisme ou par devoir tout court, je me suis mis à écrire et à décrire en toute objectivité le lot quotidien des Tombouctiens durant les trois premiers mois que j’ai vécus dans la cité sous occupation. En vérité, ce livre, je l’ai écrit de mes tripes », a-t-il expliqué.
Ainsi, l’auteur fait remarquer que : « les jihadistes bénéficiaient de connivences non seulement au niveau de la population, mais aussi de certains politiques et militaires au plus haut niveau. Ils disposaient de moyens financiers colossaux pour s’attacher les services de ceux qui n’ont aucune ambition, aucun amour sincère pour cette commune nation…».
Plus loin, il pointe un doigt accusateur sur le système, l’Etat et ses représentants dont les élus locaux. «Avec l’avènement d’un homme sans poigne aux affaires, les islamistes s’installèrent royalement dans le septentrion malien et ils eurent le temps de nous annexer à la faveur de complicités endogènes et exogènes. Ils sortirent outrageusement des bois et se signifièrent par un excès de générosité à l’égard des indigents et autres nécessiteux qu’ils finirent par rallier à leur cause. Naïvement, ATT pensait que ses hôtes étaient de bonne foi et qu’il ne sera pas attaqué par des gens qu’il a su accueillir généreusement chez lui» souligne t-il.
En tout cas, l’œuvre de Houday Ag Mohamed est riche en révélations et qui relance le débat sur les raisons des précipices au nord.
Pour mémoire, Houday était, du fort moment de la rébellion de 90, parti à la rencontre des groupes rebelles et avaient pu récolter des informations de plus détaillées qui ont fait le tour du Mali. A l’époque, à la télévision, on a parlé de l’administrateur civil qui vaut mieux qu’un journaliste. A travers sa connaissance du terrain, Houday Ag Mohamed et certains de ses amis ont animé avec brio le journal Amawal.