Ainsi donc, le « MNLA » déclare la guerre à l’armée malienne, partant au Mali. Une guerre médiatique ou une guerre d’usure ? La question mérite d’être posée, car tous les experts seront d’accord là-dessus, les éléments de Djéri Maïga manient beaucoup mieux les micros des médias français que la kalachnikov qu’ils ne portent en bandoulière que pour parader ou poser devant les photographes.
D’ailleurs, cette déclaration de guerre faite depuis la capitale du Burkina Faso n’a pas du tout fait l’unanimité dans les rangs du « MNLA ». Face aux va-t-en-guerre, les « modérés » ont donné de la voix pour se démarquer de cette prise de position radicale.
Cette poussée de tension autour de Kidal nous conduit à nous poser de nombreuses questions. Car il est difficile de comprendre comment des civils téléguidés par des hommes armés arrivent à prendre de court les forces de la Minusma et Serval dans une petite ville comme Kidal, pour empêcher l’arrivée de l’avion transportant le chef du gouvernement. Qui plus est, le Premier ministre voyageait à bord d’un appareil de la Minusma et que cette dernière, dans un communiqué, a confirmé que la visite en question avait fait l’objet d’une coordination préalable avec la partie malienne.
Qui n’a donc pas joué son rôle et pour quelle raison ? L’aérodrome de Kidal se trouve certes à la périphérie de la ville, mais en quadrillant les sorties qui y mènent, on peut facilement empêcher l’envahissement de la piste par des femmes et des enfants, derrière lesquels se trouvent des hommes armés.
Et puis, cette visite du Premier ministre n’a pas fait l’objet d’un communiqué, donc était censé ne pas être connu de tout le monde. Alors, comment cette information a pu être sue par les responsables du « MNLA » pour qu’ils préparent leur habituel petit comité d’accueil ?
Le gouvernement a certes vigoureusement réagi à travers un communiqué bien à propos et par la voix du ministre en charge de la Sécurité intérieure. Le président de la République, dès le lendemain de l’incident, a également martelé ses vérités au patron de la Minusma lors d’une audience à huis clos à Koulouba. Mais on attendait encore plus.
Car on a du mal à comprendre que le Burkina Faso, qui est médiateur dans la crise malienne, puisse accepter que depuis son territoire, que l’aile dure du « MNLA » fasse une déclaration de guerre au Mali sans aucune réaction ? L’hospitalité que Ouagadougou offre aux leaders du « MLNA » n’a-t-elle pas de limite ? Le Burkina va-t-il servir de base arrière aux fantomatiques troupes du « MNLA » ?
On a en tout cas du mal à comprendre l’attitude du Burkina Faso face à des propos graves de conséquences tenus sur son territoire. Tout comme on a du mal à comprendre le silence des autorités maliennes face à cet acte inamical.
La même incompréhension face à la censure exercée par la télévision publique nationale sur les deux marches qui ont eu lieu en milieu de semaine dernière. Des marches pacifiques qui dénonçaient la position ambiguë de la France autour de Kidal et du « MNLA ». Des marches citoyennes ayant été autorisées et qui méritaient pourtant une bonne couverture télévisuelle.
Dans la guerre médiatique que mène le « MNLA » pour dénigrer le Mali et instrumentaliser l’opinion internationale, il est temps que nous puissions aussi chercher à communiquer bien. On se doit de relayer l’avis aussi de l’opinion nationale qui est excédée par une situation qu’elle assimile à un déni de justice. Dans la guerre médiatique que nous livre le « MNLA », il n’y a rien de conventionnel.
Ce n’est donc pas de manière conventionnelle qu’on pourra contrer leur propagande. Il faut aller sur leur terrain pour croiser le fer avec eux et en leur montrant qu’ils n’ont pas le monopole de la raison et de la compassion.