Les méthodes les plus simples sont souvent les plus efficaces. A condition que l’on fasse preuve de constance et d’implication dans leur mise en application. C’est cette vérité que démontrent à Zégoua, commune rurale du cercle de Kadiolo dans la région de Sikasso, plusieurs groupements de femmes qui se sont mobilisés pour prendre à corps la promotion de la santé de la reproduction et la survie de l’enfant. La caravane médiatique de la campagne « Tous et Chacun » est allée à la rencontre de ces amazones qui ont fait notoirement baisser le taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile de leur aire de santé. Ces dames qui se sont regroupées en association ont tout d’abord été sensibilisées à la nécessité de s’impliquer dans ce combat par les médecins et les agents de santé, tout particulièrement par le directeur technique du CSCOM de Zégoua, Yaya Coulibaly.
Elles ont mis en place une mutuelle santé qui prend en charge les frais des consultations pré et post-natales des femmes du groupement. Presque toutes les femmes enceintes de cette commune rurale bénéficient désormais de l’assistance médicale pendant la grossesse et au moment de l’accouchement. La mutuelle prend en charge la moitié des frais de consultations des enfants et des mamans. L’association développe aussi un plaidoyer en faveur de l’espacement des naissances en tant que facteur incontournable pour l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Le travail de persuasion déployé a qualitativement influé sur le taux de la planification familiale qui est en progression constante à Zégoua, ce qui n’est pas le cas dans les autres communes de Kadiolo.
Membre du groupement « Badeya ton » de Zégoua, Mme Doumbia Sogolo Traoré explique que la mutuelle couvre présentement plus de 835 femmes et enfants dans la commune de Zégoua. Par ailleurs, le groupement dispose d’antennes dans les villages des alentours où il abat un gros travail de sensibilisation et assure la couverture des frais médicaux de ses adhérentes. Il s’est tout particulièrement soucié de rendre financièrement accessible l’adhésion au groupement. Pour la mise en place de la mutuelle, il a été ainsi demandé à toutes les femmes du groupement de payer la modique somme de 100 Fcfa par mois. L’argent ainsi collecté est mis dans un compte à Kafo Jiginew. Pour bénéficier d’un appui, il s’agit juste pour l’adhérente de la mutuelle de se présenter au besoin à l’hôpital. Elle sera prise en charge immédiatement.
La secrétaire chargé de la question sanitaire ainsi que le comptable de« Badeya ton » font le point avec le personnel sanitaire à chaque fin de mois afin de couvrir les frais médicaux de leurs adhérentes. Autre action salutaire promue par la mutuelle, la mise en place d’une stratégie de suivi régulier des femmes sous contraception, de celles qui sont enceintes et de celles qui doivent faire vacciner leurs enfants.
En effet, la plupart des femmes sous contraception utilisent généralement l’injection comme méthode contraceptive. Beaucoup oublient de se présenter tous les trois mois pour renouveler l’acte. Nombreuses aussi sont celles qui négligent les consultations prénatales ou même oublient de faire vacciner leurs enfants. « Nous les interpellons et nous leur conseillons de suivre, comme cela se doit, les consignes de leur médecin traitant », explique Mme Doumbia Sogola Traoré. La vigilance paie visiblement si l’on en juge par le taux de fréquentation du Cscom.
Le groupement des femmes s’est aussi investi en relais pour faciliter l’accessibilité aux produits pharmaceutiques, accessibilité qui constituait l’un des principaux défis posés à la promotion de la planification familiale Toutes ces stratégies ont contribué à faire baisser le taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile à Zégoua.
Mme Sidibé Kandia Diallo, que nous avons rencontrée, ne tarit pas d‘éloges sur l’efficacité de la mutuelle. Elle avait fait trois grossesses rapprochées, perdant même un enfant au cours de l’une de celles-ci. « Badeya ton » lui a fait expérimenter la méthode contraceptive qui lui a permis de retrouver équilibre dans sa vie personnelle et sérénité dans son foyer. C’est donc une femme épanouie qui nous a raconté comment l’association a pu convaincre son époux de la nécessité d’un espacement des naissances. « Au début, mon mari ne voulait rien comprendre, mais notre présidente s’est obstinée et il a fini par céder », nous a-t-elle raconté. Les femmes de Zégoua ont donc réussi une vraie petite révolution sociale dans leur commune. Avec en plus le mérite d’avoir fait adhérer à leurs stratégies les hommes, très réticents au départ.
