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100 jours d’IBK : Un premier round difficile...
Publié le mercredi 4 decembre 2013  |  journaldumali.com


© aBamako.com par Dia
Réconciliation Nationale: Cérémonie d`Ouverture des Assises Nationales sur le Nord
Bamako, du 1er au 02 Novembre 2013. Dans le cadre de Faire connaître et de partager les préoccupations et les attentes du peuple malien sur la voie de la recherche d`une paix durable, juste et inclusive à travers le pays; SEM. Ibrahima Boubacar Keita, Président de la République du Mali a initié les « Assises Nationales sur le Nord ». Il a présidé leur ouverture ce matin au CICB, sous l`égide du Ministère de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M. Cheick Oumar DIARRAH . Photo: SEM. Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali


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Trois mois après son investiture officielle le 4 septembre 2013, le président Ibrahim Boubacar Keita, fait face aux critiques du peuple Malien et aux défis sécuritaires de l'heure. Décryptage.

La difficulté de gouverner survient lorsqu'on cristallise les espoirs d'un peuple entier. Un peu à l'image d'un Barack Obama qu'un deuxième mandat a fini de blanchir les cheveux. Pour Ibrahim Boubacar Keita, élu avec 77, 62% des voix le 11 Août dernier face à son rival Soumaila Cissé, fini le temps des slogans de campagne, des tournées à l'intérieur du pays, nous sommes dans le présent où l'exécutif doit primer. Alors qu'approche la fin d'un processus électoral, présidentielle et législative couplées, pour restaurer l'ordre constitutionnel au Mali, le plus dur reste de prendre les bonnes décisions dans le feu des critiques. IBK semble l'avoir compris face à un peuple particulièrement difficile à gouverner. Les attentes sont nombreuses et portent d'abord sur la sécurité toujours fragile au nord, la réforme d'une armée en pleine reconstruction, la relance de la machine administrative et économique sans oublier les autres chantiers comme l'éducation, la santé ou l'assainissement. Si un seul homme ne peut tout faire, le temps est une donnée précieuse pour évaluer, critiquer et tirer le bilan d'une gouvernance post-crise bien difficile.

© ouestfrance.fr
Kidal, une zone instable au Mali, aux mains des groupes armés rebelles
Sécurité et souveraineté à Kidal
Sur la gestion de Kidal, le président IBK essuie déjà les critiques, et nos concitoyens acceptent mal que le sauveur d'hier soit devenu le gendarme du Mali. La France de Hollande a son mot à dire, parce qu'elle a encore 3000 hommes Serval au Mali, même si elle avait annoncé un retrait progressif pour atteindre 1000 soldats fin décembre 2013. Mais les attaques rebelles, les attentats suicide à répétition, dont le dernier à Ménaka, ainsi que l'assassinat de deux journalistes français au Nord risquent de changer la donne. " Il faut qu'on se le dise et qu'on le reconnaisse, le Mali ne s'appartient plus à l'heure actuelle", confie un diplomate. De son côté, le président Keita essaie tant bien que mal d'incarner cette "autorité d'Etat", que la souveraineté confisquée du Mali écorne volontiers. Face au voisin nigérien qui a orchestré avec brio la libération des quatre otages d'Arlit, le Mali d'IBK apparaît affaibli...

Le rôle de la Minusma au Mali

Avec une force de près de 5600 hommes déployés au Nord du Mali et un personnel administratif concentré à Bamako .sous l'autorité de Bert Koenders, on discerne encore mal l'efficacité de cette mission intégrée, multidimensionnelle des Nations Unies au Mali) et l'utilité de ces énormes pick-ups estampillés UN qui parcourent la capitale. La récente visite de Ban Ki Moon au Mali n'a au fond servi qu'à souligner "le manque criard de moyens et d'argent ?" de cette force, plus préoccupée à sécuriser son personnel que les Maliens du Nord ou des ministres en visite à Kidal accablés de jets de pierre. Oumar Tatam Ly, le discret Premier ministre en a fait les frais, sans pouvoir atterrir à Kidal récemment. La Minusma n'a pas non plus empêché le kidnapping de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sauvagement assassinés le 2 novembre à Kidal. Malgré tout, cette force onusienne reste désirée au Mali, selon un ministre. " Tant que la menace djihadiste persistera, les forces armées maliennes (FAMA) devront coopérer avec les forces étrangères", admet t-il.

La réforme des FAMA et le cas Sanogo

Après 100 jours d'exercice, l'autre grosse épine dans le pied d'IBK, c'est le cas Sanogo, que le pouvoir a commencé à "évacuer". Après la mutinerie du 30 septembre, l'opération "Saniya", a permis de nettoyer Kati, de mutins revanchards et déterminés à en découdre avec le capitaine promu général sous la transition. "Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s'assument", aura déclaré IBK, au terme d'un discours fortement applaudi. Mais l'arrestation récente du Général, convoqué à trois reprises par le juge d'instruction Yaya Karembé irrite certains partisans de l'ex junte. La procédure judiciaire divise même les Maliens, qui voient là un risque de déstabilisation des forces armées en pleine reconstruction. Des irréductibles pensent même que dans l'armée, l'on craint encore Sanogo et qu'IBK doit son pouvoir au Général déchu, mais c'est oublier le plébiscite du peuple, qui a accordé plus de 77% du suffrage au candidat IBK, au 2è tour de la présidentielle du 11 Août. Et omettre que deux républiques, l'une à Koulouba, l'autre à Kati ne peuvent cohabiter désormais.

Du reste, la réforme de l'armée a déjà débuté. D'abord par la Mission de l'Union européenne qui a déjà formé 2 bataillons " Elou" et "Waraba" et en forme un 3è. Du côté de Koulouba, on a nommé de nouvelles têtes aux postes de commandements de l'armée, peu à peu débarrassée des hommes du Général en réhabilitant des figures comme Didier Dackouo ou El Hadj Gamou, héros de la libération du Mali. Et d'après, le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga, cette reconstruction de l'armée passe aussi par le renforcement des capacités opérationnelle des FAMA, le statut des militaires, leur carrière, leur formation et enfin l'implication de cette armée dans la sécurité régionale au Sahel notamment...

Le développement du Nord, la réconciliation nationale, et le... MNLA

Les déclarations de guerre du MNLA, dont la dernière, émise depuis Ouagadougou ne font plus mouche et n'ébranlent pas la ferme volonté du gouvernement d'IBK de privilégier l'option dialogue. Mais jusqu'où ? Si la levée des mandats d'arrêts contre d'anciens chefs rebelles a irrité une bonne partie de l'opinion, le pouvoir actuel est accusé de compromissions, en trop cédant aux exigences du groupe rebelle, qui contrôle un pan de Kidal. Entre la France et les rebelles du MNLA, l'équation reste complexe pour IBK et son gouvernement qui avance prudemment et assume ce qu'il appelle des mesures de "confiance".

La création d'un ministère de la réconciliation nationale semble avoir plu à l'opinion, même si les fréquentes montées de tension à Kidal, Ménaka, Tombouctou et ailleurs dans le nord, menacent le processus de dialogue et de réconciliation entamé lors des Assises du Nord, les 1er et 2 novembre dernier. Si certains chefs rebelles jugent encore illégitime ce gouvernement, d'autres prônent des concertations régionales avant les grandes messes à Bamako, pour s'entendre entre nordistes. La Commission "Dialogue et Vérité" doit s'atteler à ce chantier.

Entretemps, le nord fait toujours face à son développement, tiraillé entre les revendications sécessionnistes d'une part et les groupes djihadistes qui opèrent dans le désert, en planifiant attaques et kidnapping d'étrangers. L'armée malienne devra s'opérationnaliser très vite et de manière efficiente pour agir à Kidal à défaut de la Minusma ou de Serval qui n'ont pas vocation à rester indéfiniment dans notre pays.

Trouver l'argent pour relancer la machine économique et convaincre les bailleurs de décaisser

IBK voyage t-il trop ? Cette question est revenue plusieurs fois. Mais les voyages du président participent aussi de la restauration de l'image d'un pays, fortement entamé par la crise du Nord et les attaques rebelles ou islamistes, plaide un officiel. Il faut rassurer les partenaires, chercher les bailleurs pour relancer la machine économique. La conférence de Suivi de la Réunion des donateurs de Bruxelles à Bamako, a permis de faire le point sur les promesses de dons exprimés il y a un an. Sur les 3 milliards et quelques promis au Mali, il faudra échelonner, justifier, décaisser au rythme des bailleurs. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que tout l'argent ne peut être décaissé de suite, il faut des projets, des conventions et des signatures", explique cette chargée d'affaires à l'Ambassade d'Allemagne, dont la coopération avec le Mali, reste l'une des plus stables à ce jour.

L'Education, la santé, l'assainissement et la décentralisation

En dehors des principaux chantiers évoqués plus hauts, d'autres secteurs restent à promouvoir, l'éducation, la santé, la promotion des femmes, mais aussi l'environnement et les changements climatiques. Le Mali vient de recevoir un peu plus de 2 milliards de francs pour son démarrer son Fonds Climat et s'adapter aux effets négatifs du changement climatique. Un bon point.
Pour le nouveau président, la tâche reste herculéenne, et il faudra parfaire le processus de décentralisation pour lequel des Etats Généraux ont eu lieu en octobre 2013, et envisager autrement le développement local en donnant plus de moyens et de compétences aux collectivités territoriales dans les 8 régions du Mali.
On note cependant un petit changement dans la communication gouvernementale, un aspect qui gagnerait à être poursuivi, car après tout, la gouvernance, c'est aussi cette relation qu'entretient jour après jour, le chef de l'Etat avec son peuple qui l'a élu au suffrage universel direct.

Un deuxième round commence !

Mame Diarra DIOP

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