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Arrestation et inculpation de Sanogo : IBK aurait-il sauvé sa propre tête
Publié le mercredi 4 decembre 2013  |  L’Informateur




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Qu’aurait-on dit ou fait si Sanogo avait été abattu par ses adversaires ? Ces derniers auraient-ils été jugés s’ils l’avaient emporté sur la junte ?

A-t-on vraiment besoin de dresser un bilan noir pour justifier l’arrestation du général Amadou Sanogo ? Certes, l’ex-capitaine, responsable du coup d’Etat de mars 2012 au Mali, a ignoré à plusieurs reprises la convocation des juges qui entendaient l’interroger au sujet de la mort de six personnes lors d’une manifestation de militaires. Mais, l’empressement et le manque de ménagement des nouvelles autorités de Bamako, donnent le sentiment que d’aucuns cherchent à tout prix à régler des comptes à Sanogo. A en croire certains, Sanogo constituait une menace au point qu’il fallait agir comme on l’a fait à son endroit. La question se pose cependant de savoir lequel, d’une cour martiale ou d’un tribunal pénal, était compétent pour trancher dans l’affaire Sanogo ? Pourquoi n’avoir pas pris le temps de mûrir la question avant de l’écrouer ? Cette inculpation de l’infortuné ex-chef de la junte, divisera toujours l’opinion et la classe politique malienne. Il y a eu une tentative de contre-coup d’Etat, et il est compréhensible que Sanogo et les siens aient jugé utile de défendre leurs acquis. C’est un cas de conscience que l’on ne saurait nier. Mais, faut-il pour autant les condamner pour ce que ses défenseurs appellent « légitime défense » ? Qu’aurait-on dit ou fait si lui-même avait été abattu par ses adversaires ? Ces derniers auraient-ils été jugés s’ils l’avaient emporté sur la junte ?


De notre point de vue, même s’il n’a pas pu exercer longtemps le pouvoir, l’homme aura été tout de même chef d’Etat. Devenu général par la suite, il était en droit de s’attendre à être traité avec égards. C’est légitime, et ses signatures officielles engagent l’Etat malien et divers partenaires. Même s’il le paraît, Amadou Haya Sanogo est loin d’être un naïf. Ancien élève du Prytanée militaire de Kati dont il fut plus tard le professeur d’anglais, l’ex-chef de la junte, devenu prématurément général, est surtout reconnu très caractériel. A tel point que ce futé des services de renseignements, formé aux Etats-Unis, semble désormais un associé encombrant pour le nouveau pouvoir malien. Victime de son entêtement, Sanogo qui aurait voulu défier l’Etat, est donc voué aux gémonies. Pour ceux qui lui reprochent des choses, il doit payer. On le sait pourtant, dans l’histoire des coups d’Etat et des contrecoups, non seulement les acteurs ne se sont jamais fait de cadeaux, mais encore la vérité a toujours difficilement émergé.
L’histoire retiendra que Sanogo a eu tort d’avoir perpétré un coup d’Etat, à deux mois de la fin du mandat d’Amadou Toumani Touré (ATT). Au passif de la junte, on déplore des morts ; des gens ont été enlevés, d’autres sont toujours portés disparus. Des personnalités ont été humiliées, des journalistes rudoyés et sérieusement molestés. Ce coup d’Etat précoce et maléfique n’a pas apporté grand-chose à l’armée malienne qui s’est révélée impuissante face à l’invasion « djihadiste ». Toutefois, en intervenant, Sanogo a permis d’en savoir plus sur la démocratie en « trompe l’œil » du régime ATT. Celui-ci, considéré comme un « soldat démocrate », a été sévèrement critiqué pour avoir affaibli l’Etat malien, et délaissé l’armée nationale. Cupide, son régime aurait aussi favorisé l’émergence d’une classe d’affairistes sans vergogne, au grand dam de populations livrées à elles-mêmes.


S’en trouve-t-il des gens pour reprocher à Sanogo et à ses compagnons, d’avoir permis, durant son court exercice du pouvoir, de mettre à nu les carences du régime ATT ? Il est vrai que l’ex-capitaine devenu général, n’ayant pas pu mener la transition à son terme, n’avait pas moins continué à tirer les ficelles. On aura sans doute péché pour ne pas l’avoir envoyé à la retraite. Gardé en activité, l’ex- patron de Kati faisait certainement des jaloux. Il dérangeait, même s’il faisait l’effort de se mettre à l’écart. Enfin, sa silhouette trainait des dossiers sombres, et il devait avoir l’air de narguer.


D’aucuns voudraient seulement retenir de Sanogo, l’auteur d’un coup d’Etat manqué. Pourtant, paradoxalement, l’homme aura aussi apporté sa part à la construction de la démocratie au Mali. Sans son intervention, des acteurs politiques majeurs du jour, n’auraient sans doute jamais émergé l’ancien président Diancounda Traoré et Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), par exemple.

Toujours est-il que le paysage politique malien n’aura pratiquement pas changé. Et avec les élections législatives qui se déroulent en ce moment, il faut s’attendre à voir les mêmes visages réapparaître dans le firmament politique national. De quoi s’interroger sur l’avenir politique de ce pays. Qu’en sera-t-il, en effet, si les mêmes qui ont fait preuve de léthargie, des années durant, doivent se partager à nouveau le gâteau sur le dos de millions de Maliens ? Ceci expliquerait-il aussi le faible taux de participation des Maliens au scrutin de la semaine dernière ? Autrement dit, le traitement infligé à Sanogo, a-t-il oui ou non eu un impact sur le taux de participation de la population ? On le saura lors du dernier tour du scrutin parlementaire, prévu pour le 15 décembre. Un faible taux de participation tendrait à confirmer une sérieuse désaffection du corps électoral vis-à-vis de la classe politique actuelle.


Elu sur des bases claires, et avec un pourcentage fort élevé, IBK semble avoir les pieds dans un panier à crabes. Au Nord comme partout sur le territoire national, on sent le pays qui vacille à cause des règlements de comptes. La population longtemps sevrée, est dans l’attente.
IBK qui devra rendre compte de sa gestion au peuple malien, doit s’efforcer de répondre favorablement à la demande sociale. En voulant à la fois restaurer l’autorité de l’Etat, et faire prévaloir les principes républicains, IBK devra s’assurer d’être continuellement au-dessus de la mêlée. A cet égard, le cas Sanogo semble un couteau à double tranchant. Le régime IBK qui s’installe, n’a certainement pas encore en main tout l’appareil d’Etat. Des envieux, des aigris et des revanchards, sont certainement tapis dans l’ombre. Ils feront tout pour contrecarrer les rêves de ceux qui ambitionnent de donner au Mali une nouvelle chance.

IBK devra éviter de trop s’impliquer dans les contradictions entre militaires, sous peine de fourvoyer l’Etat de droit en construction. Agir comme il l’a fait à l’égard du général Sanogo, qui incarne certainement un courant au sein de l’armée, nous paraît exagéré et non conforme à l’idéal républicain. Si l’intéressé doit payer pour avoir à sa manière voulu faire avancer la démocratie, il faut craindre qu’une mauvaise gestion de son dossier, n’encourage et ne renforce les dictatures sur le continent. Si IBK veut exécuter son mandat sans trop de couacs, il lui faudra surveiller davantage ses arrières, et surtout répondre avec précaution et prudence aux appels des sirènes qui l’entourent. Le Mali nouveau doit se défaire de la justice aux ordres.

IBK aurait-il sauvé sa propre tête en cautionnant l’arrestation de Sanogo.

Yattara Ibrahim

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