Le vote est, certes, un droit. Mais, il recouvre une responsabilité énorme. Car, il est notoire qu’il est question que le citoyen désigne l’individu qui doit conduire sa destinée être celle de toute sa société, de sa communauté ou de sa nation. Toute abstention peut être préjudiciable et constituée, à cet effet, un handicap pour les candidats compétents, intègres, soucieux objectivement des intérêts fondamentaux des populations et responsables.
2013 devient une date marquante dans l’Histoire du processus démocratique du Mali. Notre jeune démocratie, âgée tout juste de 22 ans, mérite une attention particulière.
Au Mali, la démocratie a été acquise au prix du sang en mars 91 et fortement ébranlée en mars 2012. C’est pourquoi, tous les citoyens devraient s’investir pour que des hommes et des femmes imprégnés des idéaux de la révolution de mars 91 accèdent au pouvoir ou à la gestion des institutions républicaines et des c communes. Afin qu’ils puissent les conduire (institutions et communes) sur la voie du développement escompté. Seule la voix des urnes permet d’atteindre un tel but. C’est pourquoi, des responsables des mouvements associatifs et politiques, des leaders d’opinions…, ne cessent de monter au créneau au cours des campagnes électorales en cours pour lancer des appels pressants aux jeunes, aux femmes, à tous les citoyens pouvant aller voter afin qu’ils se mobilisent comme un seul homme pour accomplir leurs devoirs civiques au jour du 15 décembre prochain. Puisque voter est à la fois un droit et un devoir civique pour eux et pour tous.
Dans cette logique, l’implication de toutes les composantes sociales, économiques, culturelles et politiques apparait plus que jamais nécessaire. Surtout en périodes électorales comme celle de cette année où il est fort utile à ce que tous les citoyens participent civiquement aux scrutins, que tout le monde vote.
En fait, le vote est l’acte par lequel les citoyens remplissant les conditions légales participent au choix de leurs dirigeants et à la prise de certaines décisions les concernant. Il est le produit de l’évolution des sociétés et a été, parfois, acquis après une longue lutte. Avant et dans certains pays, le droit de vote est réservé à une certaine élite, à certaines catégories sociales, à certaines couches sociales de certains rangs politiques ou économiques. C’est ainsi qu’il y a eu une distinction entre suffrage retreint et suffrage universel. Le suffrage universel peut être direct et, à ce niveau, les citoyens élisent directement leurs représentants. Dans le cas où le suffrage universel est indirecte, les citoyens élisent d’abord leurs représentants (c’est le cas aux Etats Unis où il est question de grands électeurs lors des présidentielles) qui, à leur tour, élisent les représentants du peuple.
La jeunesse et les femmes qui constituent la frange majoritaire et la plus dynamique, le creuset d’acteurs privilégiés de l’avènement de l’ère démocratique dans notre pays auront un rôle décisif, incontournable dans cette optique. Aujourd’hui, c’est l’objectif devant être visé par la société civile organisée en des mouvements de réflexion et d’actions pour le développement qui se créent de çà et là dans notre capitale.
C’est dans cette droite ligne que s’inscrivent l’organisation et la tenue des journées ou semaines entières de campagnes d’information, de sensibilisation, d’éducation et de réflexion à travers des forums et séminaires, etc.
Des activités auxquelles doivent participer activement les animateurs des différentes cellules de base de la société civile, des acteurs politiques et des spécialistes des mouvements associatifs intervenant dans les domaines de la mobilisation et de l’’éducation des militants. Au cours de ces derniers mois, il y a eu plusieurs rencontres ayant comme thèmes en toile de fonds «Le vote, comme droit et devoir pour tous».
A l’issue de ces deux dernières décennies, l’expérience acquise par notre pays sur le plan d’élections générales est riche d’enseignements. En effet, de 1992 à 2013, la participation des citoyens aux différents scrutins (présidentiels tout comme législatifs et municipaux) a connu plus de bas que de hauts. D’un scrutin à un autre, les taux ont fortement régressé. Cette situation s’explique, selon certains spécialistes en la matière, par le peu de motivation des populations pour la chose politique. A longueur de journée, l’on entend des citoyens avançant des propos faisant état de leur manque d’intérêt qu’ils accorderaient à leurs devoirs et droits civiques. En haute et intelligible voix, il y en a qui déclarent que la politique n’est pas leur problème, parce que, selon leurs propres termes, les hommes politiques ont déçu, …
Des cas de cafouillage ou d’insuffisance ayant marqué l’organisation de certaines élections ne cessent d’aggraver aussi cette défiance des populations maliennes vis-à-vis des hommes politiques. Tout ce qui justifierait le fort taux d’absentéisme dans notre pays.
La légitimité d’un régime, même s’il n’en dépend pas, peut être renforcée par le taux élevé de participation des citoyens en droit de vote aux scrutins. En l’an 2000, un ex- chef d’Etat africain pour se défendre face à ceux qui lui critiquaient acerbement d’avoir été élu sur la base d’un chiffrage exprimé très faible réagira en ces termes: «au Mali aussi, les taux de participation aux élections ont presque toujours variés par ordre décroissant».
Habib Diallo