Qualifiée de « découverte aussi macabre que capitale », l’exhumation des corps de soldats semble confirmer ce que l’on disait de la disparition mystérieuse des bérets rouges. Tôt le matin, hier mercredi (4 novembre), le charnier dans lequel se trouvaient les corps des 21 personnes a été passé au peigne-fin par les enquêteurs dans la pétite localité de Diago, près de Kati.
Le cas Sanogo pourrait être compliqué avec l’exhumation des corps de ces militaires qui sont présentés comme ceux qui avaient mené une tentative de contre-coup d’Etat 2012. L’ex-capitaine devenu général il y a quelques mois, aujourd’hui en prison, avait alors violemment réprimée le soulèvement de ces militaires proches de l’ancien président Amadou Toumani Touré.
Il y a une semaine seulement, le général a été inculpé dans le cadre de cette affaire. Les ossements exhumés, considérés comme les restes des 21 bérets rouges disparus depuis le contre-coup, ont été découverts dans la nuit, vers 4 heures du matin à côté du village de Diago, dans la prefecture de Kati.
Ont pris part ux fouilles: le juge d’instruction en charge de l’affaire, Yaya Karembé, accompagné des éléments de la brigade d’intervention judiciaire de la gendarmerie et le ministre de la Justice en personne.
Etaient également présents des témoins comme le chef de village de Diago et le maire de la localité, des autorités locales qui avaient déjà signalé des activités suspctes ménées nuitamment par des inconnus. Ces faits remonteraient à l’époque où la junte semait la terreur à Bamako et à Kati, le fief des bérets verts dirigés par l’ex capitaine Sanogo.
Diago qui est proche de la capitale Bamako, est aussi à proximité du camp militaire de Kati d’où seraient partis les bérets rouges sommairement exécutés, après avoir été torturés par les hommes de Sanogo. Des témognages indiquent que le général aurait lui-même pris part à ces tortures.
Diago est une commune rurale de sept villages qui abritent environ 10 000 habitants. Plus loin du village, il y a les lieux du charnier derrière un champ. Il faut désormais attendre les expertises, les analyses pour révéler l’identité exacte des personnes enterrées même si des indices commencent à parler
En effet, au moins deux cartes d’identité ont été retrouvées. Elles appartiendraient à des bérets rouges, des parachutistes disparus depuis fin avril 2012 lors d’une tentative de contre coup d’Etat. Cette découverte a été possible grâce aux témoignages de militaires inculpés dans le cadre de la même procédure que Sanogo.
La semaine dernière, ils sont au moins sept à avoir été inculpés. Une quinzaine d’autres font l’objet de mandat d’amener. De sources judiciaires et sécuritaires, plusieurs d’entre eux ont avoué avoir participé aux exécutions et ont donné aux enquêteurs les indications qui leur ont permis de localiser le charnier.
Cette découverte pourrait faire rapidement évoluer la procédure qui vise Amadou Haya Sanogo, qui n’est à ce jour inculpé que pour « complicité d’enlèvement ».
Soumaila T. Diarra