Le «Tout Puissant» Général Sanogo aux arrêts ! Allahou Akbar ! Pis, il a été arrêté et menotté comme «un vulgaire bandit» avant d’être mis à la disposition de la justice. Maintenant, il doit répondre des accusations de «meurtres et assassinats, complicité de meurtres et assassinats» ! Hé sikey ! Comme l’aimait à le dire ma regrettée grand-mère maternelle, dounia yé sôgôma tchaman-yé (la vie est la somme de plusieurs matinées).
Qui l’aurai cru dans les mois qui ont suivi le coup d’Etat du 22 Mars 2012 que cette aventure allait connaître si rapidement un tel dénouement. Le Capitaine, tiré au poker des ténèbres de l’armée malienne avait pris de la confiance, de l’allure au point de se donner droit de vie et de mort sur ces compatriotes.
Kati, la ville garnison, était devenue une réincarnation du bagne de Taoudéni à cause de la terreur que les putschistes faisaient régner sur leurs frères d’armes, sur les cadres de l’Etat ou de simples citoyens. Combiens de cadres et gradés ont été torturés et humiliés à Kati ? Le soldat a vite oublié les notions d’humilité et d’humanisme pour se comporter en vrai seigneur d’une jungle inhospitalière aux démocrates.
Se sentant craint, Haya ne se connaissait plus de limite dans la répression et l’humiliation au point de décréter la «Tolérance Zéro» contre ceux qui ne partageaient pas ses méthodes ou qui osaient critiquer ou contester ses décisions autoritaires et arbitraires. Il a oublié que le pouvoir est une planche à savon, donc glissante.
C’est dommage que personne, dans son entourage et parmi ses courtisans, n’ait eu le courage de lui rappeler que l’autorité doit s’appuyer sur la loi et non sur l’arbitraire, les exactions et la terreur. Un chef qui règne par la terreur est craint, mais pas forcément respecter. Et on l’attend toujours au tournant en priant pour que sa chute soit la plus rapide possible et surtout la plus douloureuse et humiliante.
Après avoir bravé la justice malienne pendant près d’un mois, le Général fabriqué de toute pièce est aujourd’hui aux arrêts pour répondre des crimes perpétrés pendant son «commandement». Nous ne doutons pas que beaucoup de ces crimes aient été commis à son insu. Mais, en acceptant de prendre la direction de la junte putschiste, il a aussi accepté d’assumer ses dérives autoritaires, ses abus de pouvoir et de biens publics, ses violations des droits humains.
Mais, comme le disent les sages du Mandé, seul le temps a raison. Et il s’est chargé de rappeler au très arrogant Capitaine Sanogo qu’aucun pouvoir n’est éternel ici bas. Faut-il pour autant se réjouir de cette arrestation ?
Certes, qu’on est heureux pour ces familles, ces mères et épouses, ces enfants privés de la présence de leurs fils, époux ou pères sans savoir ce qu’ils sont devenus. Il est très important que justice leur soit rendue, que la lumière soit faite sur leur sort afin que les familles sachent afin quel a été leur sort, sans doute triste. Cela est très important dans une République, dans une démocratie.
Mais, au-delà de cette quête de justice à l’égard d’innocentes victimes torturés (des vidéos ont fait le tour du monde à travers les portables et les réseaux sociaux), il faudra se battre aussi pour que notre justice ne soit plus cette balance de «deux poids, deux mesures». Le pauvre Sanogo ne doit pas être le seul à payer la note alors qu’ils sont nombreux ceux qui ont trinqué avec lui dans sa période de gloire. Que ceux qui l’ont soutenu et encouragé dans ses exactions passent aussi à la barre pour que le voile se lève sur leur vrai rôle dans cette triste période que le Mali a connue.
Comme s’interroge si pertinemment le très courageux professeur Aboubacrine Assadek, Sanogo est aujourd’hui en prison, mais où est la COPAM et ses leaders, le MP22 et ses pyromanes, la COPA, la mal nommée association YEREWOLOTON… qui avait du naïf jeune officier leur monture dans une guerre de vengeance ou de revanche. Il s’agit de ceux-là mêmes qui, il y a peu, faisaient l’apologie de ses attentes à la démocratie et de ses présumés «crimes» !
Tout crime est intolérable et exige justice au profit de la victime ou de ses ayant-droits. Mais, c’est évident aussi que Sanogo a fait moins que d’autres qui savourent en toute tranquillité l’air frais de la liberté au nom d’un accord auquel les Maliens n’ont jamais adhéré car signé sur leur dos. Il passe par exemple pour un «Saint» aux côtés de ceux qui ont la barbarie d’Aguel hoc sur la conscience par exemple, ceux dont les mains ne pourront jamais être débarrassées du sang de nos soldats dont le seul crime était de défendre la patrie.
Mais, tout porte à croire qu’ils sont aujourd’hui soulagés de ces crimes parce que la France le souhaitait. Et si réellement personne ne sera plus au-dessus de la justice, que ceux-ci lui soient livrés pour leurs crimes contre la race humaine. Maintenant au tour de ceux-là pour qu’il ait une justice pour tous comme l’espèrent les Maliens.
Comme ma sœur KKS, je dirais qu’il faut «décrotter et décrasser tout ça» pour que chacun sache aussi que nul ne peut prendre impunément les armes contre sa patrie et commettre des actes abominables.
En tout cas «l’ennemi public» est écroué. On s’attend donc à «une vague de fraîcheur sur le Mali». On espère que «la paix va s’installer, que les meurtres et crimes ne seront que des vagues souvenirs, et surtout que la corruption, la gabegie, le népotisme, le favoritisme ne soient plus que des illusions…» !
Enfin, pour partager l’optimisme de la très engagée Tetou (KKS), «une lueur d’espoir ! A moins que le Général, ex-Capitaine, ex-Chef d’Etat, ne se taise…» ! Il nous appartient tous de faire de sorte que cette lueur d’espoir devienne une flamme de la paix, de la réconciliation et d’une justice impartiale au service d’une vraie démocratie qui garantie toutes les libertés !
Hamady Tamba